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La pornographie sévit même chez les “âmes consacrées”

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I.Media - publié le 26/10/22
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Le pape François a mis en garde contre la pornographie accessible dans le monde numérique, qui sévit même chez les "âmes consacrées", lors d’une audience aux séminaristes et aux prêtres étudiant à Rome, le 24 octobre 2022.

Dans une longue conversation informelle et spontanée dont le Bureau de presse du Saint-Siège a publié la transcription le 26 octobre, le Pape a évoqué de nombreux sujets, demandant par exemple aux Ukrainiens de prier pour leurs agresseurs russes, qui sont aussi "des victimes". 

Le pontife de 85 ans a commencé par s’excuser de son retard au terme d’une "dure journée" où il avait eu la visite de deux présidents de la République – en l’occurrence les chefs d’État chypriote et français. Il a ensuite répondu à une dizaine de questions posées par ses hôtes – qui en avaient formulé plus de 200 au préalable. 

Encourageant les prêtres et futurs prêtres à "savoir bien utiliser" les instruments numériques actuels, il a prévenu contre les "dangers" qui leur sont corrélés, à commencer par les distractions que présente le téléphone portable "à portée de main". Le Pape a mentionné les informations "en boucle toute la journée" ou encore "cette musique qui m’intéresse et qui m’empêche de travailler". 

Puis l’évêque de Rome s’est arrêté sur un autre danger du numérique : la pornographie. "Je ne dirai pas : “Que lèvent la main ceux qui en ont eu au moins une expérience”… Mais que chacun de vous se demande s’il a eu l’expérience et la tentation de la pornographie numérique."

C’est une "réalité" et un "vice" qui touche "tant de laïcs" mais aussi "les prêtres, les séminaristes, les sœurs, les âmes consacrées", a-t-il déploré.

La distinguant de "la pornographie criminelle comme celle des abus sur des enfants", qui est "une dégénérescence", le Pape s’est préoccupé de cette "pornographie un peu “normale”". C’est une "réalité" et un "vice" qui touche "tant de laïcs" mais aussi "les prêtres, les séminaristes, les sœurs, les âmes consacrées", a-t-il déploré. Et de prévenir : "Un cœur pur, celui qui reçoit Jésus tous les jours, ne peut recevoir ces informations pornographiques". Cela "affaiblit l’âme" et "le diable entre par-là". 

Le "monsieur l’abbé" des cours françaises

Au fil de ce dialogue au ton libre, le 266e pape a recommandé aux pasteurs, en particulier ceux qui travaillent au service de la Curie, d’avoir toujours une mission pastorale "au moins hebdomadaire". Un engagement "obligatoire", selon lui, pour ne pas devenir "un théoricien, (…) un très bon curial" déconnecté du peuple. 

Auprès des malades, le Pape a prêché pour une attitude de présence et pour des "caresses". "Quelqu’un peut t’accuser d’être pédophile, mais non, non", a-t-il alors argué avant de plaisanter : "il est sûrement plus agréable de caresser une belle fille qu’une vieille femme – faites attention ! – mais la tendresse grandit et s’exprime mieux dans les opposés, aussi bien avec les enfants (…) qu’avec les personnes âgées, cela s’apprend". 

Le Pape leur a demandé de ne pas être "le prêtre confortable", le "“monsieur l’abbé” des cours françaises", qui se transforme en "vieux garçon avec beaucoup d’habitudes maniaques". Et d’insister : "Si tu ne le sens pas, parle avec ton évêque, peut-être seras-tu un bon père de famille, mais s’il vous plaît ne soyez pas des fonctionnaires." 

Avoir la foi ce n’est pas avoir la réponse à tout 

Dans la relation entre science et foi, le chef de l’Église catholique a invité à ne pas se contenter de réponses "en l’air", ou "purement théoriques", ni à se situer dans une "théologie défensive". Il s’agit de donner "une réponse à la hauteur, digne de l’homme", avec "des horizons larges". "Ne fermez jamais la porte", a-t-il martelé, y compris face à des questions "qui ne sont pas cohérentes avec la morale". 

"Si tu peux répondre, réponds ; si tu ne peux pas répondre, cherche quelqu’un qui peut le faire", a-t-il conseillé, soulignant qu’"avoir la foi ce n’est pas avoir la réponse à tout", c’est "être en chemin". Pour le pontife argentin, la vie "n’est pas un équilibre", c’est "un déséquilibre continu" qui consiste à "marcher, tomber et se relever". 

Sur la vie de séminaire, le Pape a souhaité des communautés de 25 ou 30 personnes – cinq n’étant pas un séminaire mais "un mouvement paroissial", a-t-il taclé – et il a exhorté les séminaristes à ne pas tomber dans des "critiques" et des "partis". Il leur a défendu aussi de devenir des "maîtres des idées". Enfin, il les a encouragés à vivre un accompagnement spirituel qui n’est pas "un charisme clérical" mais "baptismal" et qui peut donc être prodigué par "une brave religieuse", "un sage laïc".

Priez pour les agresseurs, des victimes comme vous

Répondant en conclusion à un prêtre ukrainien, le successeur de Pierre a souligné que l’Église catholique était "la mère de tous les peuples". "Une mère souffre quand ses enfants se disputent", a-t-il ajouté, et "la mère Église doit être proche de tous, toutes les victimes". 

Dans les pas de l’Église, il a encouragé les baptisés ukrainiens à "faire la paix". "Vous les chrétiens, a-t-il exhorté, ne prenez pas parti. Il est vrai qu’il y a la patrie… nous devons la défendre. Mais allez au-delà de cela, un amour plus universel".

Le pontife a engagé les Ukrainiens à prier "pour le péché des agresseurs, pour celui qui vient ici détruire ma patrie, tuer les miens". "Vous souffrez tant, ton peuple, je le sais, je suis proche de vous, a-t-il confié. Mais priez pour les agresseurs, parce que ce sont des victimes comme vous. Les blessures qu’ils ont dans l’âme ne se voient pas, mais priez, priez pour que le Seigneur les convertisse et que veuille venir la paix". 

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