Sœur Lucero Espitia Márquez, aujourd’hui âgée de 29 ans, est née dans la ville mexicaine d'Aguascalientes. Elle a connu une enfance marquée par des événements douloureux et particulièrement violents. "Je crois que si je devais définir ma vie, je pourrais la décrire comme un passé brisé, plein de blessures, de solitude, de carences, surtout émotionnelles, et de beaucoup de violence", raconte-t-elle à Aleteia.
C'est pourquoi je le dis : une vie peut être transformée, parce que l'Esprit saint est à l'œuvre.
De la séparation de ses parents à l’abus sexuel qu’elle a subi alors qu’elle était petite fille, les souffrances n’ont eu de cesse de s’accumuler et ont contribué à durcir le cœur de la jeune femme pendant plusieurs années, la rendant insolente, agressive et virulente avec autrui. Pourtant, elle décide de surmonter sa propre souffrance, et par-dessus tout, de ne pas la subir, devenant un véritable exemple de résilience et une force d’âme hors du commun. La "recette" de guérison de sœur Lucero ? "Beaucoup de travail, ce qui veut dire un travail intégral, allant de la thérapie psychologique à l’accompagnement spirituel", résume la jeune femme. Si nous sommes brisés, c’est parce que "nous ne permettons pas à Dieu de guérir nos blessures". Pour elle, "une vie peut être transformée parce que l'Esprit saint est à l'œuvre".
Le premier appel à la vocation religieuse de sœur Lucero a lieu lorsqu’elle atteint 15 ans, lors d’une retraite diocésaine. La jeune fille d’alors connaît des hésitations, d’autant qu’elle est profondément amoureuse et pense plutôt au mariage… Mais elle perd de vue le jeune homme concerné. Elle décide, en 2012, après une nouvelle retraite, de prendre l’habit : "L'appel de Dieu, la vocation, étaient pour moi un feu ardent que j'essayais d'ignorer, d'éteindre, de faire taire. Mais je ne pouvais pas."
Nous sommes brisés parce que nous ne permettons pas à Dieu d'agir sur nos blessures.
Aujourd’hui, sœur Lucero fait partie de la congrégation des Disciples de Jésus, présente surtout en Amérique Latine. Elle a pardonné à son agresseur, qui s’est suicidé, et pour lequel elle prie quotidiennement : "Je demande miséricorde pour lui, car il ne savait pas ce qu'il faisait". À tous ceux qui ont été abusés, de quelque façon que ce soit, sœur Lucero adresse ces mots : "Si quelqu'un a été abusé avant nous, c'est bien Jésus, et puisqu'il a été abusé, nous ne devons pas perdre confiance en Dieu qui saura nous ramener à la vie". Puis, s’adressant aux abuseurs : "Je ne suis personne pour vous juger ou vous condamner, mais il est clair que Jésus, avec son infinie miséricorde, vous attend. Convertissez-vous".