En faïence ou en porcelaine blanche émaillée, peints à la main ou sculptés, vintage ou tout simplement révisités de façon arty ? Les bénitiers font leur retour en grâce. Ils sont partout : dans les brocantes, chez les antiquaires, dans les boutiques de déco ou encore sur les plateformes de vente en ligne comme Etsy. Des objets de dévotion qui reprennent leur place à la maison, accrochés au mur dans l’entrée ou près du lit dans la chambre. Leur beauté et leur puissante symbolique spirituelle semblent attirer autant les croyants que les non croyants.
"Il est incontestable que les objets qui sont porteurs de sens et qui illuminent par leur symbolique spirituelle ont la cote. Je n’ai jamais eu autant de demandes de la part de mes clients de dénicher un joli ex-voto ancien ou un bénitier de chevet d’époque", explique à Aleteia Natascha Morgenthaler, une entrepreneuse lyonnaise de 32 ans passionnée de déco et d’objets anciens. Elle reconnaît elle-même sa surprise, en constatant l’engouement croissant pour ces derniers sur le site de sa boutique en ligne This is vintage : En 2021 les ventes des objets de dévotion comme les bénitiers ont augmenté de 30% par rapport à l’année précédente. La demande très forte continue d’accroître depuis deux ans. Avec les difficultés commerciales liées aux deux années de Covid-19, il est évident que c’est "le spirituel" qui m’a sauvé !", souligne-elle.
En dehors du côté esthétique de l’objet, c’est probablement le besoin du retour aux sources, un désir profond d’être protégé chez soi par Dieu.
Mais d’où vient cet intérêt pour les objets qui soignent l’âme ? Pourquoi le bénitier, objet à signification si particulière, fait son retour en grâce même chez les personnes qui sont loin de la foi chrétienne ? "En dehors du côté esthétique et même poétique de l’objet, c’est probablement le besoin du retour aux sources, un désir profond d’être protégé chez soi par Dieu", poursuit Natascha Morgenthaler.
C’est le même constat du côté de Catho rétro, le e-concept store chrétien de référence, avec une sélection d’objets catho must have pour proclamer sa foi avec style. Armelle Pecqueriaux, sa fondatrice, propose désormais six bénitiers de fabrication française. Parmi les plus populaires, celui en faïence blanche craquelée qui représente un petit enfant et un agneau, un cadeau idéal à mettre dans son coin prière ou au-dessus de son lit.
Si les non croyants les achètent à la fois pour la beauté de l’objet lui-même qui inspire, pour les catholiques, les bénitiers sont associés à la prière de bénédiction. D’où, l’appellation de "bénitier de chevet", car traditionnellement, il prend place à côté du lit. L'objectif ? S’abandonner à Dieu et Lui confier sa maison et tous les membres du foyer.
Les bénitiers des premiers chrétiens
Comme l’indique Henri Chaperon dans son ouvrage "Les bénitiers domestiques et la dévotion dans l’art populaire", dès les premiers temps du christianisme, les fidèles ont été autorisés à emporter de l’eau bénite dans leur maison. L’eau bénite devait être "disponible en cas d’urgence, intempéries, incendies ou maladies." Si certains de ses bienfaits peuvent faire sourire aujourd’hui, il ne faut pas oublier qu’autrefois, chaque membre du foyer se signait avec de l’eau bénite, le matin au lever comme le soir, au coucher. D'où l’infinie variété de motifs qui ornent les bénitiers : Christ en croix, trigramme IHS, figures de divers saints, des scènes religieuses comme de très nombreuses représentations de la Vierge à l’enfant... Transmise de génération en génération, leur utilisation s’est raréfiée en France après la Première Guerre Mondiale. En effet, les bénitiers passent de mode après 1918. Mais d'où vient alors leur retour en grâce ? Une tendance passagère ?
Mettre de l’éternel dans sa maison
Pour Carrie Gress, fondatrice de la web revue américaine Theology of home, (Théologie de la maison), le besoin de relever l’âme de son chez soi semble aujourd’hui "beaucoup plus important qu’avant". "Les gens veulent s’entourer de choses qui ont du sens : nous sommes faits pour chercher du sens, pas seulement du matériel. C’est pourquoi nous assistons au retour de ces valeurs, car à mesure que notre culture évolue vers l’absence d’âme, la faim naturelle du spirituel doit être satisfaite quelque part. Nos âmes ont faim si elles ne sont pas nourries par le Dieu éternel et infini", analyse Carrie Gress. D’où un vrai intérêt pour des objets qui illuminent l’âme. Mettre un bénitier à la maison, c’est rejoindre ce désir profond de rendre l’âme heureuse, de prendre soin d’elle.
Si la pandémie Covid-19 a visiblement poussé de nombreux catholiques en manque de pratique régulière à enrichir leur maison d'objets spirituels, les autres, en les posant un peu partout chez eux, semblent avoir trouvé le beau moyen de capter l’essentiel, parfois sans le nommer. L’arrivée de la pandémie a cristallisé encore plus cette quête. Ce phénomène du "retour au foyer", lieu de ressourcement y compris spirituel, démontre une aspiration essentielle : celle de faire de sa maison une petite église à part entière. Jean Paul II l’a appelée dans sa Lettre aux familles une "église domestique". Un lieu où tous ces signes de foi ont un effet de ricochet qui peuvent changer le monde.
Vintage, peints à la main, sculptés ou encore révisités, découvrez notre sélection de bénitiers doméstiques :