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[HOMÉLIE] Mène le bon combat, choisis d’aimer !

L'homme riche et le pauvre Lazare (1625), Hendrick ter Brugghen,

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Erwan de Kermenguy - publié le 24/09/22
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Le père Erwan de Kermenguy, curé de la paroisse Notre-Dame de Tout-Remède en Pays de Landerneau, commente les lectures du 26e dimanche ordinaire (Am 6, 1-7 ; 1Tm 6, 11-16 ; Ps 145 ; Lc 16, 19-31). Le bon combat dans sa vie n’est pas de posséder plus, mais d’aimer plus !

"Est-ce à dire que Dieu n’aime pas les riches ?" On pourrait se poser la question en entendant l’évangile de ce dimanche. Ou alors est-ce simplement un retour de balancier ? "Tu as reçu le bonheur sur terre et maintenant, tu vas souffrir." Ce n’est évidemment pas la logique de l’évangile. Jésus ne condamne ni les riches ni les pauvres. On peut être chrétien et gagner de l’argent. C’est le cas de la plupart d’entre nous : il faut bien de l’argent pour vivre. La question que Jésus nous pose, c’est : que fais-tu de cet argent ? Appartiens-tu à la bande des vautrés, dont parle le prophète Amos dans la première lecture (Am 6, 4) ? Est-ce que ton argent te détourne de Dieu et de tes frères ? Le problème du riche de la parabole ce n’est pas d’avoir été riche, c’est de n’avoir pas pris soin de Lazare. Et ce que Dieu reproche, par la bouche du prophète Amos, à la bande des vautrés, c’est de ne pas se soucier du désastre d’Israël. En effet, le plus grand commandement, nous dit Jésus, c’est l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Et donc, la question qui se pose est : comment est-ce que je mets mon argent au service de Dieu et de mes frères ? Et pas seulement mon argent, mais tout ce que j’ai. Comment ma maison, mon ordinateur, ma voiture, mon téléphone, mes vêtements, ma nourriture… comment tout cela me sert à aimer Dieu et mon prochain ? 

Le bon combat

Toutes ces choses (et on pourrait reprendre la liste du prophète Amos : les agneaux, les amphores de vin, les instruments de musique, les parfums, etc.) toutes ces choses sont bonnes… à condition d’en faire un bon usage. Le danger c’est que l’homme s’y attache trop facilement. Ce n’est pas pour rien que saint François d’Assise choisit la pauvreté, lui qui connaissait si bien la richesse. C’est qu’il sait que, dans la richesse, il est tenté de se couper de Dieu et de ses frères. 

Et moi ? Quels sont ces lieux, ces objets, ce confort, qui me font oublier la souffrance de mes frères ?

"Mène le bon combat", écrit saint Paul à Timothée (1Tm 6, 12). Ce combat passe par le fait d’être libre à l’égard, non seulement de l’argent, mais de tous les conforts que le monde peut nous offrir. Les "lits d’ivoire, divans, harpe, instruments de musique, vin" et autres « parfums de luxe » dont parle Amos, ne sont pas de mauvaises choses en soi… mais il est facile d’en faire un mauvais usage. Il est facile de s’appuyer sur eux pour me détourner de la souffrance de mes frères. "Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion" (Am 6, 1). Et moi ? Quels sont ces lieux, ces objets, ce confort, qui me font oublier la souffrance de mes frères ? Mène le bon combat, écrit Paul, celui de la foi. Ne te trompe pas de combat dans ta vie. Ne te bats pas pour posséder plus, mais pour aimer plus ! Car seul l’amour est éternel. Le riche de la parabole nous est donné comme l’exemple de celui qui est passé à côté de sa vie. Il aurait pu aimer… et le voilà enfermé pour l’éternité dans cette absence d’amour qu’il a lui-même choisie. Mène le bon combat, choisis d’aimer !

Dieu prend soin de nous

Ces lectures sont évidemment pour nous une invitation à la conversion. En même temps, elles sont une affirmation d’espérance et de consolation. Consolation pour le pauvre Lazare. Consolation pour les opprimés, les affamés, les enchaînés, les aveugles, les accablés… la liste est longue. Ce fameux riche de la parabole fait partie des aveugles à qui Dieu veut ouvrir les yeux. Car ne l’oublions pas : si Jésus raconte cette histoire, c’est pour provoquer la conversion de son auditoire. Dieu veut nous libérer de nos addictions, de ce péché qui nous enchaîne. Ces lectures sont pour nous pleines d’espérance !

Dans l’histoire de ce pauvre Lazare, je suis frappé par la présence des chiens qui viennent lécher ses plaies. Il y a quelques mois, Thibault, un de mes amis SDF était au désespoir à cause de la mort de son chien. Je l’ai revu dernièrement, il en a un nouveau. Ce chien est pour lui non seulement une protection contre ceux qui pourraient lui vouloir du mal, mais c’est surtout une présence affectueuse à ses côtés. Il n’y a pas de raison que les SDF du temps de Jésus soient très différents des SDF d’aujourd’hui. Lazare reçoit des chiens l’affection, la tendresse que les hommes lui refusent. Et lorsqu’il meurt, ce sont les anges qui prennent soin de lui. Le riche, lui, a des domestiques pour cela. Dans ce détail très concret, qui nous montre combien Jésus est fin observateur du monde qui l’entoure, il y a un enseignement pour nous. Dieu prend soin de nous, toujours. Dieu prend soin de nous parce qu’il nous aime. Et si les hommes refusent d’être les messagers de son amour, alors c’est le monde visible et invisible qui en porte le message.

Dix minutes pour se laisser aimer de Dieu

Cela doit ouvrir chez nous une deuxième série de questions. Après vous être demandé comment vous faisiez usage de vos richesses pour aimer Dieu et les autres, comment Dieu se manifeste dans vos vies ? Peut-être est-ce par des chiens comme pour Lazare ? Franchement, qui imaginerait qu’un cabot soit l’envoyé de Dieu ? Dans ma vie, c’est peut-être par des choses très triviales que je peux découvrir la délicatesse de Dieu pour moi. Ce sont parfois au contraire par des choses très spirituelles, comme ces anges qui vont venir chercher Lazare. Quels sont les signes de l’amour de Dieu pour moi ? 

Et cela me conduit à adorer l’immense bonté de Dieu. Dieu prend soin de nous. Il n’y a personne sur terre dont Dieu se détourne. Je vous invite à lever les yeux vers le Seigneur Jésus-Christ. Il est le souverain unique et bienheureux, écrit saint Paul. C’est la rencontre avec le Christ qui a bouleversé sa vie, comme celle de saint François d’Assise. Lui, Jésus, s’est fait pauvre, pour que vous deveniez riche par sa pauvreté, dit le verset qui précède l’évangile. Nous avons là la clé de la manière chrétienne de vivre richesse et pauvreté. Notre trésor, c’est le Christ. C’est lui qu’il nous faut chercher et contempler. Je vous encourage à prendre dix minutes, chaque jour, pour la rencontre avec le Christ. En venant à l’église pour le rencontrer, ou simplement en faisant silence à la maison. Dix minutes pour prendre le temps de regarder vers Dieu. C’est à la fois très court et très long, dix minutes. Dix minutes pour adorer Dieu, pour l’aimer, pour vous laisser aimer par lui. Faire cela, tous les jours, cela nous rend beaucoup plus libre à l’égard de toutes les richesses matérielles. Cela nous aide à remettre l’amour au centre de notre vie. À lui, honneur et puissance éternelle. 

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