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L’OMS déclare que “le sexe ne se limite pas à l’homme ou à la femme”

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René Écochard - publié le 11/09/22
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La mise à jour du « Manuel sur l'intégration du genre » de l'OMS rompt avec la définition biologique du sexe des individus. Pour le Pr René Écochard, auteur de « Homme, femme, ce que nous disent les neurosciences » (Artège), cette approche n’a rien de scientifique. Elle est dangereuse et préjudiciable aux jeunes qu’elle prétend aider.

Aleteia : Dans la mise à jour de son manuel sur "l'intégration de la dimension de genre" qui vient de paraître, l’OMS affirme que le sexe "ne se limite pas à l’homme ou à la femme". Comment interprétez-vous ces déclarations ?
Pr René Écochard :
Comme un étonnement et un sujet d’inquiétude. Étonnement tout d’abord. Dans la précédente version du document de l’OMS, Gender mainstreaming for health managers: a practical approach, deux genres, masculin et féminin étaient décrits, ce qui correspond à la réalité. Dans ses News du 6 juillet 2022, il est fait état de "nouvelles preuves scientifiques" qui rendraient nécessaire de développer "les concepts selon lesquels l'identité de genre existe sur un continuum" et qu’en effet, "le sexe ne se limite pas à l'homme ou à la femme". Je ne trouve rien de tel dans la littérature scientifique. Il y a confusion entre science biologique et sociologie. La sociologie décrit les modes de vie, incluant aussi bien ceux qui sont bénéfiques que ceux qui ne le sont pas. La philosophie et la science biologique, notamment les neurosciences, disent qui est l’être humain, la sociologie dit seulement comment il se comporte.

C’est un sujet d’inquiétude, car l’OMS fait office de référence dans le domaine de la santé : bien des personnes seront induites en erreur, et diffuseront de bonne foi des notions erronées sur le sexe.

Ces nouvelles de l’OMS sont aussi un sujet d’inquiétude, car l’OMS fait office de référence dans le domaine de la santé : bien des personnes seront induites en erreur, et diffuseront de bonne foi des notions erronées sur le sexe. Pourtant, chacun naît homme ou femme. Ce n’est que dans de rares cas, bien connus du monde médical, qu’une ambiguïté sexuelle ou une autre maladie à ce niveau survient, conséquence d’une anomalie de développement.

Ces maladies nécessitent une prise en charge de l’enfant et un accompagnement de sa famille. Le genre quant à lui, que l’OMS définissait encore récemment comme "les rôles qui, selon la représentation que s’en fait la société, déterminent les comportements, les activités, les attentes et les chances adéquats pour tout un chacun", parle de l’attitude de la société et du comportement des personnes. Il ne définit pas l’individu et ne constitue donc pas une identité. Le genre de l’homme est masculin, celui de la femme est féminin.

Au regard de vos recherches, pourquoi ces affirmations sont-elles erronées ?

Les analyses des travaux scientifiques que j’ai effectuées pour le livre Homme, femme, ce que nous disent les neurosciences (Artège, 2022), conduisent à quelques conclusions majeures. Citons-en quatre : premièrement, de même que le reste du corps est sexué, le cerveau est sexué. Un enfant porteur de la paire de chromosome XY dans ses cellules a, dès avant la naissance, un cerveau masculin, qui convient pour son être d’homme ; l’enfant qui a une paire de chromosome XX a, dès avant la naissance, un cerveau féminin, qui convient pour son être de femme. Deuxièmement, sous l’effet des hormones, ainsi que de l’éducation et des choix de la personne, le psychisme se développe à partir de l’inné : nous sommes déjà homme ou femme en naissant et nous le devenons plus encore en développant nos aptitudes innées spécifiques ; le sexe est "une tâche à accomplir". 

De même qu’il est nécessaire de prendre en charge un trouble du langage ou de la marche, il est nécessaire d’accompagner jusqu’à l’âge adulte un jeune en difficulté dans le développement de son identité sexuelle.

Troisièmement, la croissance de l’identité sexuelle se développe de la vie intra-utérine à l’âge adulte ; l’identité sexuelle atteint sa maturité vers 22 ans chez la femme et 24 ans chez l’homme : l’OMS devrait encourager les familles et l’école à accompagner le jeune dans sa croissance pour qu’il développe son potentiel d’homme ou de femme. De même qu’il est nécessaire de prendre en charge un trouble du langage ou de la marche, il est nécessaire d’accompagner jusqu’à l’âge adulte un jeune en difficulté dans le développement de son identité sexuelle (la fameuse dysphorie de genre).

Enfin, à l’âge adulte, les hormones sont une aide pour vivre notre vie d’homme ou de femme : il est nécessaire de les respecter ; on a trop longtemps considéré que les hormones ne servaient qu’à la fertilité ;  les pilules anticonceptionnelles interrompent la fertilité, elle perturbent aussi le psychisme ; il est nécessaire selon moi de mettre un terme à la promotion des contraceptions hormonales afin de préserver le cycle féminin, bienfaisant pour la femme ; que l’on soit homme ou femme, l’état hormonal est nécessaire à la préservation du psychisme.

Quel est le danger de ces théories qualifiées de « politiques » par leurs opposants ?

Ces théories et les politiques qui les diffusent constituent tout à la fois un danger et une perte de chance. Un danger, car les parents et les enseignants, trompés par ces politiques, risquent de porter un regard non adapté face à un jeune qui peine à trouver sa place d’homme ou de femme. Le jeune sera non seulement privé d’un accompagnement nécessaire mais aussi éventuellement orienté vers un changement de sexe, dont on sait aujourd’hui qu’il aboutit à un échec, à de grandes souffrances, voire à des délabrements non réversibles.

C’est aussi une perte de chance, car c’est une occasion ratée : nous entrons dans une ère où la complémentarité de l’homme et de la femme peut acquérir de nouveaux développements grâce à une meilleure connaissance des aptitudes et les inclinations propres à chacun. Connaître et valoriser les aptitudes de son conjoint serait une chance pour la vie conjugale. De même, il serait bon d’élever les enfants en les encourageant à développer leurs aptitudes spécifiques de garçon ou de fille ; homme et femme apportent des choses différentes et complémentaires dans l’exercice professionnel et dans la vie familiale. La famille et la société ont besoin de ces ressources pour faire face aux défis actuels.

Quelle serait la ligne la plus raisonnable à tenir pour l'OMS sur ces questions liées au genre ?


Il serait bon que l’OMS se saisisse de la question de l’écologie humaine. Les travaux en écologie environnementale ont mis l’accent sur la vulnérabilité du vivant : tout ce qui vit est vulnérable. Des règles de vie ont été édictées et sont enseignées à tous en vue de la préservation de la nature. Ces règles découlent d’une analyse du vivant. Les hommes et les femmes sont vulnérables eux aussi. L’écologie humaine recherche les règles à suivre pour préserver les êtres humains. L’importance de la structure familiale pour l’écologie humaine est majeure.

La famille a pour mission d’accompagner chacun à tous les âges de la vie. Elle est l’union stable d’un homme et d’une femme dans laquelle les enfants peuvent trouver une filiation stable et bienveillante et les personnes âgées protection et affection. L’écologie humaine repose sur la complémentarité et la solidarité entre homme et femme et entre les générations. Elle repose aussi sur la fidélité. Promouvoir ces règles de vie ce serait, de la part de l’OMS, remplir une de ses missions essentielles.

En effet, l’OMS est en charge de la promotion des "soins de santé primaire" qui sont "des soins aux personnes dans leur globalité, en fonction des besoins de santé tout au long de leur vie, et non pas simplement de traiter certaines maladies données" (A vision for primary health care in the 21st century, OMS-Unicef). Il est donc urgent que l’OMS, comme toute la société d’ailleurs, promeuve une écologie intégrale : environnementale et humaine.

Pratique

René Écochard, Homme, femme, ce que nous disent les neurosciences (Artège, 2022, 240 p.)
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