Chaque jour, Aleteia vous propose une sélection d'articles de la presse internationale concernant l'Église et les grands débats qui préoccupent les catholiques à travers le monde. Les opinions et les points de vue exprimés dans ces articles ne sont pas ceux de la rédaction.
Jeudi 8 septembre 2022
1 - L’Église est en guerre civile, analyse un vaticaniste
2 - Le Vatican doit saisir l'occasion avec la Chine
3 - L’Académie pontificale pour la vie remet-t-elle en question les enseignements de Paul VI et Jean Paul II ?
4 - "La visite du Pape contribuera à la fin de la guerre en Ukraine”, affirme le primat du Kazakhstan
5 - Plus de papes canonisés à l’époque contemporaine ?
1L’Église est en guerre civile, analyse un vaticaniste
Le journaliste Marco Politi, expert des questions vaticanes, analyse les tensions dans l'Église entre "réformateurs" et "ralentisseurs" à la veille de la quatrième assemblée synodale en Allemagne. Si le pape François est favorable aux discussions libres, il craint toutefois les divisions au sein de l’Église universelle. C’est ainsi que "François va parfois en zigzag", décrit-il : "D'une part, il dit que les catholiques allemands devraient ouvrir la voie. Puis il dit de faire attention". À Rome, bon nombre restent très méfiants vis-à-vis des orientations de l’Église allemande. Pour le journaliste, à la Curie, "20% sont ouverts au Pape, 10% sont contre et 70% attendent le prochain pape. Le fait est que nous savons que nous sommes au soir de ce pontificat, et ils n'ont pas une idée claire de qui devrait être le prochain pape et de ce que devrait être sa politique". Au final, il y a selon lui une "guerre civile souterraine qui couve dans l’Église catholique depuis des années maintenant".
2Le Vatican doit saisir l'occasion avec la Chine
Le 31 août, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme, Michelle Bachelet, a publié son rapport sur la région du Xinjiang en Chine et la situation des musulmans ouïghours. Selon Benedict Rogers, écrivain et militant des droits de l'homme, le rapport reconnaît que de "graves violations des droits de l'homme" ont été commises dans la région du Xinjiang, qui pourraient constituer des "crimes internationaux", mais il ne reconnaît pas "le génocide des Ouïghours". Benedict Rogers souligne qu'il est crucial que le Pape et le Vatican lisent ce rapport et en tiennent compte au moment d'évaluer le renouvellement de leur accord avec la Chine sur la nomination des évêques. L'activiste estime qu'il existe trois options : le Vatican renouvelle tranquillement l'accord tel quel ; il le renouvelle mais avec certains changements pour "retrouver l'autorité morale perdue du pape" ; ou il "déclare que cet accord est une terrible erreur". Benedict Rogers préférerait cette dernière option, mais comprend qu'elle n'est peut-être pas réalisable et qu'elle pourrait mettre les catholiques de Chine en plus grand danger. "Aucune des options pour le Vatican n'est attrayante. Mais - surtout à la lumière du rapport de l'ONU - je supplie de tout mon cœur le Saint-Père et le Saint-Siège de ne pas envisager la première option. [...] À tout le moins, le silence moral de Rome sur les atrocités commises en Chine, que même l'ONU dénonce maintenant, est assurément inacceptable", conclut Benedict Rogers.
3L’Académie pontificale pour la vie remet-t-elle en question les enseignements de Paul VI et Jean Paul II ?
Le site conservateur First Things publie une tribune commune de l’ancien préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal allemand Gerhard Müller, et du philosophe Stephan Kampowski, professeur d’anthropologie à l’Institut Jean Paul II pour le mariage et les sciences de la famille. Ils expriment leur inquiétude face à un récent ouvrage édité par l’Académie pontificale pour la Vie, "Éthique théologique de la vie”, qui leur semble remettre en cause les enseignements de l’Église catholique contre la contraception depuis l’encyclique de Paul VI Humanae Vitae, dont les thèmes ont été repris dans Donum Vitae, un document publié en 1987 par la Congrégation pour la doctrine de la foi alors dirigée par le cardinal Ratzinger, et dans l’encyclique de Jean Paul II Evangelium Vitae, en 1995. Relevant l’approche "subtile" des experts consultés par l’Académie, qui relativisent le magistère des pontificats précédents sans pour autant assumer une opposition frontale, le cardinal allemand et le philosophe livrent une analyse détaillée des thèmes qui leur semblent remettre en cause le critère de "l’ouverture à la vie". Ils estiment que ce livre issu d’un colloque organisé en 2021 relance la "dispute théologique" autour de points que les papes précédents avaient tranché, notamment la non-licéité de la pilule contraceptive. En mettant en avant le "discernement" au cas par cas, dans la ligne du pape François, l’Académie pour la Vie leur semble ouvrir la voie à une subjectivité en fonction du style de vie de chaque couple et à un abaissement des exigences que la vie conjugale catholique devrait impliquer. Ils rappellent notamment que, plutôt que de recourir à des méthodes de contraception, le fait d’assumer des périodes d’abstinence sexuelle et de "maîtrise de soi" peut constituer des chemins de croissance dans le respect mutuel entre époux.
4"La visite du Pape contribuera à la fin de la guerre en Ukraine”, affirme le primat du Kazakhstan
"Nous pensons que la visite du Saint-Père François contribuera fortement à la fin de la guerre en Ukraine et à la réalisation de la paix tant attendue", affirme Mgr Tomasz Bernard Peta, archevêque de Sainte Marie à Astana, quelques jours avant l’arrivée du pape François au Kazakhstan (13-15 septembre). Dans un entretien à Vatican News, le prélat envisage cette visite comme "une grande bénédiction" pour son pays. Il évoque le Congrès interreligieux auquel participera le Pape, qui "n’est pas une plate-forme pour les discussions théologiques" mais "un signe indiquant que Dieu est la source de la paix". Dans une société où les catholiques sont moins de 1%, être catholique n’est pas simple, souligne par ailleurs Mgr Peta, qui explique que l’Église locale y est très internationale.
5Plus de papes canonisés à l’époque contemporaine ?
Alors que le pape François a béatifié Jean Paul Ier, le "pape au sourire" qui n’eut que 33 jours de pontificat en 1978, The Pillar mène une enquête rétrospective sur les saints papes de l’Histoire ? Y a-t-il eu plus de canonisations à l’époque contemporaine, qui a vu déjà trois papes élevés à la gloire des autels (saint Jean XXIII, saint Paul VI et saint Jean Paul II). Au total depuis 2000 ans, 81 papes ont été proclamés saints – et dix sont bienheureux. Sur les 81 saints, 49 ont vécu leur pontificat au cours des 500 premières années de l'histoire de l'Église. Avant Libère, dont le pontificat de 352 à 366 a été troublé par l'hérésie arienne, un nombre record de 35 papes consécutifs avaient été reconnus comme saints, en remontant jusqu'à saint Pierre lui-même. Depuis 530 en revanche, il n'y en a jamais eu plus de trois à la suite. Et même, jusqu'à récemment, le deuxième millénaire du christianisme était nettement moins "saint" pour les papes : seuls trois de l'an 1000 à 1500 sont devenus saints (Léon IX, Grégoire VII et Eugène III). Dans les canonisations des papes du XIXe siècle, The Pillar voit "une époque où l'Église s'efforçait de définir la croyance chrétienne et de pratiquer la foi au milieu des divisions politiques, du schisme et d'une culture païenne décadente". Ou encore, pour certaines, "un accent institutionnel excessif, une politisation de la canonisation".