Que signifie "être au ciel" ? C'est être sauvé. Personnellement et pleinement. Dieu nous sauve dans notre humanité. Il veut amener tout ce qui compose cette humanité vers le pur bonheur. Si l'on tient compte du fait que la vie éternelle est la promesse fondamentale de Dieu, révélée et réalisée en Christ, force est de constater que nous ne passons pas beaucoup de temps à y penser et à imaginer comment sera cette vie éternelle. Le plus souvent, nous la définissons avec l'expression malléable, mais peu significative : "être au ciel". Et nous nous arrêtons là, écartant les bras de manière impuissante.
La théologie, puis la catéchèse, sont en effet peu disertes à propos de la condition de l'homme "au ciel", c'est-à-dire de celui qui est sauvé et qui jouit pleinement des effets de ce salut. Pourquoi ? La raison n'en est pas seulement la rareté des "données" qui pourraient être fournies par ceux qui sont déjà dans cet état, mais la prise de conscience des limites de notre expérience, de notre perception et de notre langage avec lequel nous exprimons nos conclusions et nos suppositions. Pratiquement tout ce que nous pouvons dire sur la vie éternelle devrait être accompagné de l'adverbe "comme si".
Si, en effet, le mystère demeure, il y a cinq choses que nous pouvons dire avec certitude :
1Une qualité de vie parfaite
Que peut-on dire avec certitude sur la "vie éternelle" ? Si nous ne pouvons rien dire sur sa durée (puisqu’elle est infinie), nous pouvons évoquer sa qualité. Cette vie que nous attendons sera "éternelle", c'est-à-dire comme l'est la vie de Dieu lui-même car lui vit éternellement. Dieu nous donne et nous donnera finalement la pleine participation à sa propre vie. En Jésus incarné, Dieu a uni notre nature humaine à sa nature divine. En ce sens, le salut a déjà eu lieu.
2Un voyage en accéléré
Si certains pensent que cette perspective est finalement assez "ennuyeuse", parce que nous atteindrons notre destination, que nous serons heureux d'être au paradis et que nous nous demanderons "et après ?", qu'ils ne s'inquiètent pas. Si Dieu est le Bien, le Vrai et le Beau lui-même, et qu'il est infini, alors participer à sa vie signifiera un voyage sans fin, à un rythme accéléré, dans les profondeurs de ce qui est bon, vrai et beau.
Mais alors que signifie cette image théologique des sauvés qui louent la gloire éternelle de Dieu ? Non, il ne s'agit pas de se tenir en rangs et de chanter sans cesse des "Alléluia", mais plutôt de pousser un cri infini d'admiration de Dieu. Et ce ne sera certainement pas ennuyeux ou fastidieux, car nous ne serons plus accablés par les limites de notre nature humaine qui inclut entre autres la lassitude.
3Un corps libéré
Certaines personnes sont troublées par le doute concernant notre identité au ciel. Aurons-nous un corps au paradis ? Et le genre ? Qu'en est-il des sentiments, des émotions, de la mémoire ? Nous reconnaîtrons-nous ? Qu'en est-il de nos relations ? Nos proches seront-ils toujours nos proches ? Ce dont nous pouvons être sûrs, c'est que Dieu veut donner une pleine participation à sa vie éternelle à chaque être humain. Il le sauvera au sein de son humanité. Dieu ne fera pas de nous tous une foule anonyme de clones satisfaits, mais sauvera chacun personnellement. Et comme l'homme est une créature de chair par nature, il aura un corps au ciel. Sauf que ce dernier sera libéré de ses limites, de ses faiblesses et de ses tâches, donc de tous ses tourments. Nous aurons notre genre, car Dieu a créé l'homme comme "homme et femme". À cet égard aussi, tout ce qui était pourtant blessé et imparfait sera non seulement guéri, mais amené à une pleine perfection.
4Des sentiments purifiés
Qu'en sera-t-il de nos sentiments et de nos émotions ? Ils demeureront, mais d'une manière tout à fait saine, c’est-à-dire non déréglée, ni trompeuse ni mensongère, comme c'est le cas dans la mortalité. Les sentiments tels que la colère, la peur, l'anxiété, le chagrin ou la tristesse n’existeront pas. En outre, notre mémoire sera purifiée, mais, rassurez-vous, non pas effacée !
5Des relations sublimées
Nous partagerons également la connaissance de Dieu - y compris de nos destinées individuelles : ainsi, non seulement nous "saurons" mais nous "comprendrons". Nos liens et nos relations ne disparaîtront pas. Nous nous reconnaîtrons et nous serons proches les uns des autres. Ces relations, limitées et peu fiables sur terre, malgré nos intentions les plus sincères, atteindront également une toute nouvelle qualité. Nous ne perdrons rien de ce que nous avons, mais une profondeur et des possibilités entièrement nouvelles s'ouvriront devant nous.
La vie éternelle, la grande inconnue ? Pas vraiment, tant de choses peuvent être dites avec certitude sur la condition de l'homme "au ciel" !