Tristement célèbre pour ses scandales de dopage, aujourd’hui encore, tout le monde se souvient du Tour de France 98. Le public découvrait médusé comment la plupart des coureurs étaient bons… parce que dopés. Encouragés, bien souvent, par leurs coachs. Le Britannique Kieron J. Walsh revient sur cette édition du Tour de France, à l’époque délocalisée en Irlande, pour nous faire revivre, de manière romancée et avec entrain, l’histoire de l’intérieur…
Le surhomme face à l’homme
Dominique Chabol, corps affûté et musclé, sue à grosses gouttes, pédalant à tout rompre sur son vélo de course. À bientôt 40 ans, il est l’un des meilleurs de l’équipe d’Austrange. Mais le nom de ‘Dom Chabol’, autrefois connu, commence de ne plus faire beaucoup d’échos dans le monde du cyclisme, où l’âge du corps compte beaucoup. Au sein de l’équipe, il est chargé de prendre soin des autres et d’ouvrir la voie, en fin de course, au plus prometteur de l’équipe, afin que celui-ci n’ait aucun obstacle pour franchir la ligne d’arrivée. Un rôle au service des autres, donc, mais aussi plein de sacrifices et, disons-le, quelque peu frustrant.
Quand le Belge se fait remercier, à cause de son âge, il ne sait pas quel avenir l’attend, sinon aucun, à moins de devenir chauffeur de taxi ou barman, comme d’autres anciens coureurs avant lui. Son masseur et vieil ami, Sonny, croit toujours en lui. Et en la dope, aussi. Son corps est taillé pour gagner, malgré les conséquences du dopage. Évidemment, il parvient à garder sa place, le remplaçant n’a pas pu venir. Retour au dévouement… et à l’ambition. Le surhomme, dopé, ne doit pas succomber à l’homme, à ses faiblesses, ses limites, ses deuils. Malgré les contrôles médicaux anti-dopage. Entre leurs chambres d’hôtel et les circuits d’entraînement, les coureurs se concentrent sur la victoire. Le stress ronge les uns, le dopage divise les autres. L’équipe brigue en tout cas le maillot jaune.
Ce film aux scènes parfois très drôles se vit avec la même intensité qu’un Tour de France, entre suspens et tension, solidarité et esprit d’équipe. Parfois filmé au plus près des corps, et des vélos, qui ne font qu’un, il nous embarque dans l’effort du cycliste. On en oublierait presque le problème du dopage dans le sport, tant l’on découvre à quel point leurs corps d’athlète sont surtout sacrifiés, leur vie d’homme également. Mais c’est l’équipe qui compte ici, et non seulement sa propre vie. Même si celle-ci s’amenuise autant que le cœur fatigué de Dom…
Pratique :