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Laïcité : à Lourdes, un concert sème la discorde

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Valdemar de Vaux - publié le 21/06/22
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La laïcité n’a pas fini de susciter des débats. Dernier en date : dans les Hautes-Pyrénées, deux syndicats de professeurs de l’Education nationale s’émeuvent d’un concert durant lequel leurs élèves chanteront l’Ave verum corpus de Mozart dans le sanctuaire de Lourdes.

“L’Offrande musicale”. Derrière ce beau nom, un prestigieux festival de musique, qui a la particularité de s’engager en faveur des personnes handicapées. A chaque concert, 20% des places leur sont réservées. Ce sera donc le cas le 11 juillet, lors d’un concert dirigé par un célèbre chef d’orchestre italien, Riccardo Muti, primé de nombreuses fois et officier de la légion d’honneur. Un concert qui aura lieu, pour honorer les personnes handicapées, sur l’esplanade du sanctuaire de Lourdes.

Lourdes, voilà une première pomme de discorde. Les responsables locaux de la Fédération syndicale unitaire (FSU) et du Syndicat National Unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et professeurs d’enseignement général de collège (SNUipp) estiment en effet que chanter dans un sanctuaire est une “atteinte à la laïcité”, laquelle assure depuis 1905 la neutralité de l’Etat quant aux cultes. 

Sans compter la deuxième pomme de discorde : au milieu du plus grand lieu de pèlerinage français, le chœur interprétera une pièce de Mozart : l’Ave verum corpus. Une pièce très connue, composée pour la fête du Saint-Sacrement. “Je te salue, vrai corps né de la Vierge Marie, qui a vraiment souffert et a été immolé sur la croix pour l’homme…” dit le texte latin, objet de l’incompréhension des syndicats. On ne peut pas, disent-ils, proposer à des élèves, dans le cadre de l'Éducation nationale, de chanter de telles paroles - catholiques par définition - dans un sanctuaire marial. 

C’est un cadeau fait aux enfants

Comme l’a rappelé le directeur du festival, le pianiste David Fray : “l’Église a, pendant des siècles, été l’un des principaux commanditaires d’œuvres artistiques”, lesquelles ont deux aspects : “l’un, cultuel, qui s’adresse aux croyants ; l’autre, patrimonial, qui s’adresse à tous, sans aucune limite”. Pour lui, comme pour le directeur académique des Hautes-Pyrénées, il n’est donc pas contraire à la neutralité de l’Education nationale de proposer aux élèves de CM1, CM2 et sixième de Lourdes et Tarbes de chanter ce morceau, d’autant que cela s’est fait sur la base du volontariat. Par ailleurs, le fait religieux est enseigné à l’école, privée ou publique. 

Certes, le concert a lieu le 11 juillet, après le début des vacances, alors que la préparation s’est tenue durant le temps scolaire. Un autre motif de mécontentement pour les enseignants du FSU et du SNUipp. Comme le dit Denis Fray, au-delà des polémiques, “c’est un cadeau fait aux enfants que de leur permettre de chanter une courte pièce de Mozart – trois minutes à peine – sous la direction d’un des plus grands chefs d’orchestre, dans un but humaniste.” Et assurément un cadeau pour ceux qui les écouteront, catholiques ou non !

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