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Inviter chez soi malgré le désordre, on ose ou pas ?

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Michael Rennier - publié le 14/06/22
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Peut-on décemment inviter ses amis pour l’apéro quand la maison est en désordre? Le Père Michael Rennier, prêtre catholique américain et père de cinq enfants, invite à ne pas laisser des questions d’ordre matériel gâcher la joie d’être ensemble.

De peur de ne pas savoir endosser le rôle de l’hôte raffiné, il arrive de ne plus accueillir personne chez soi. L’angoisse de voir ses invités passer au peigne fin l'appartement vient vite enrayer l'élan du cœur. Mais gardons en tête que personne ne nous juge. Nos amis ont peut-être aussi de jeunes enfants et peuvent comprendre que la maison soit en désordre. Les invités, loin de s’offusquer parce qu’il n’y a pas de sucre pour le café - le petit dernier ayant tout renversé sur le tapis -, sont d’abord reconnaissants pour l’invitation et la peine que se donne leur hôte. Qui se soucie des détails lorsque l’on passe du temps avec ses amis ?  Tout ce dont on se rappelle, c’est la qualité de l’instant fraternel.

Accueillir en toute simplicité 

Ce stress réside souvent dans le désir d’impressionner ses amis. Or, lorsque l’on se lance dans une organisation ambitieuse, on est parfois moins disponible pour ses amis. L’idée tenace selon laquelle une soirée est réussie dans la mesure où les invités sont éblouis par la décoration et la qualité du buffet passe sous silence ce qui fait la sève de l’hospitalité. "Je me demande, analyse le Père Rennier, si l’hospitalité, à l’ère du fait-maison, n’est pas altérée précisément parce que l’enjeu n’est plus de passer un bon moment avec ses amis mais d’impressionner ses invités." Ainsi, ne pouvant nous départir du regard des autres, organiser un apéritif nous met automatiquement sous tension et, finalement, nous ne faisons plus rien du tout.

A l’école de saint Philippe Néri

Au contraire, Michael Rennier nous invite à nous inspirer de saint Philippe Néri (1515-1595). Ce prêtre italien surnommé le "saint de la joie" invitait infatigablement toutes sortes de personnes à discuter ensemble autour d’un verre, dans une humble pièce au deuxième étage de sa paroisse. Il entraînait aussi ses amis à marcher à la rencontre d’autres paroisses, s’arrêtant en chemin pour des déjeuners sur le pouce. Rien n’était particulièrement raffiné avec lui mais les gens aimaient être en sa présence. Son don de l’hospitalité a permis de fonder une communauté pleine de vie.

S’il ne savait pas plier des serviettes en forme de cygne, il posait un cadre propice à la rencontre.

Si sa version de l’hospitalité était quelque peu désordonnée, s’il ne savait pas plier des serviettes en forme de cygne, il posait un cadre apaisé, propice à la rencontre de l’autre. Son objectif était simplement de passer du temps avec les personnes qu’il aimait, de partager un repas et prier ensemble, parler, rire, et regarder les enfants jouer. N’est-ce pas le cœur de l’hospitalité ?

L’hospitalité, c’est s’arrêter un moment pour demeurer avec ses amis et tisser un bout de vie ensemble. Si vous êtes Nadine de Rothschild, tant mieux. Mais si vous ne pouvez pas faire autrement que de commander des pizzas, c’est bien aussi. Restez vous-mêmes et vous serez étonné de voir que les gens aiment venir passer du temps chez vous.  

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