Un cadre idyllique, des bougies, une discussion intense et passionnée… Si dans les films les rendez-vous amoureux semblent parfaits, la réalité d’un dîner ou d’une soirée à deux peut sembler imparfaite voire décevante. Comment gérer et surmonter ce sentiment ? Bénédicte de Dinechin, conseillère conjugale, propose quelques pistes pour dépasser cette déception.
1Mieux identifier et partager ses propres attentes
"Notre week-end pour nos cinq ans de mariage m’a laissé un sentiment amer, raconte Sofia, mariée et mère de deux jeunes enfants. Je n’ai pas à me plaindre, il m’a fait la surprise d’une initiation à la plongée et offert un magnifique restaurant le samedi soir… Je me sens très gâtée et capricieuse d’oser parler de déception mais finalement on n’a pas parlé en vérité comme je l’aurais aimé. On est resté en surface, à parler des enfants, de nos amis, de nos vies mais finalement pas de nous. Pourtant, on en avait besoin…" Bénédicte de Dinechin, conseillère conjugale, se veut rassurante : "Il est très fréquent d’appréhender de se retrouver en amoureux ou d’être déçu après". Cette déception n’est pas forcément partagée : l’autre peut avoir apprécié le bon repas et la discussion car cela faisait partie de ses attentes personnelles. Il s’agit donc de ne pas calquer ses propres besoins et envies sur celles de son conjoint.
Est-ce légitime d’en vouloir à l’autre de ne pas avoir répondu à mes attentes ?
La conseillère invite à se poser la question : "Est-ce légitime d’en vouloir à l’autre de ne pas avoir répondu à mes attentes ? Au fond, ne suis-je pas responsable de mes attentes ? Lui avais-je exprimé ce dont j’avais envie ou bien ai-je idéalisé mon conjoint en imaginant la soirée parfaite ?".
2Pardonner
Pour surmonter la déception, Bénédicte de Dinechin évoque Jean Monbourquette et ce qu'il appelle les "deuils du quotidien" : "Il s’agit de faire le deuil de la soirée que j’aurais aimé avoir. On passe par les différentes étapes du deuil : le déni (comment a-t-on pu rater ce dîner !), la culpabilité (j’aurais du choisir un autre restaurant), la colère, etc". Ensuite, Jean Monbourquette recommande de pardonner : à soi-même et à l’autre, chacun ayant fait de son mieux et le moment parfait n’existant pas. Une seconde étape est l’héritage : qu’est-ce que je vais tirer de ce que je viens de vivre pour une prochaine fois ? Une remise en question qui permet de surmonter le stade émotif de la déception.
3Relativiser
Marie-Alix, amusée, raconte avec beaucoup d’humour un des premiers rendez-vous amoureux qu’elle a eu avec son mari, il y a plus de vingt ans. Une succession de maladresses et d’imprévus : "A la fin de la soirée, je suis rentrée chez moi en larmes, en me disant qu’il ne voudrait plus jamais me revoir après une telle soirée. Cela fait maintenant 18 années que nous sommes mariés et très heureux. L’espoir est permis !".
Cette prise de recul et cet humour devant une situation compliquée, Bénédicte de Dinechin l’encourage également en évoquant cette dédramatisation qui permet de surmonter l’émotion. C’est une solution que propose le père Pascal Ide dans son livre Puissance de la gratitude : rire d’un événement qui nous a été pénible peut largement contribuer à le sublimer et à le surmonter.
4Ré-évaluer ses propres attentes
"Il peut être bon de se demander : est-ce que ce que je m’imaginais était un objectif atteignable, réaliste ?", propose la conseillère conjugale. "Sans être fataliste ni résigné, comment est-ce que je pourrais ré-évaluer mes attentes et ne pas idéaliser le prochain rendez-vous ? En se donnant des objectifs réalisables, il sera plus facile d’y arriver et donc de s’en réjouir."
Cette remise en perspective incite également à ne pas idéaliser les rendez-vous amoureux et les dîners aux chandelles des autres, ni même leur vie conjugale de manière générale ! Si l’herbe semble toujours plus verte ailleurs, il peut être bon de penser à arroser sa propre pelouse plutôt que de lorgner sur celle de nos voisins. Nul ne connaît la réalité de leur quotidien. Un couple peut sembler très fusionnel à un dîner et se déchirer le lendemain matin à la table du petit-déjeuner. Dieu seul connaît l’intimité des cœurs et la réalité des vies amoureuses et conjugales de chacun. Stopper ce processus d’idéalisation peut permettre une plus grande reconnaissance du moment vécu, avec toutes ses imperfections et ses travers.
5consentir
Enfin, consentir à ce qui s’est passé permet de dépasser la déception. "La Vierge Marie a consenti à beaucoup d’événements qui lui sont arrivés. Consentir, c’est accepter la réalité sans l’avoir choisie, tout en acceptant de vivre en paix avec ce qui s’est passé. C’est très humanisant." Un conseil à se remémorer au prochain imprévu désagréable !