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[DOCUMENT] L’homélie de Pentecôte pour les 50 ans des SUF à Chambord

Mgr Matthieu Rougé. Rassemblement SUF à Chambord, 5 juin 2022.

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La rédaction d'Aleteia - publié le 05/06/22
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Lors du grand rassemblement des Scouts Unitaires de France à Chambord, la messe de la Pentecôte a été présidée par Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, en présence de plus de 120 prêtres. Dans son homélie, il a invité les 30.000 jeunes présents à se laisser guider par le souffle de l’Esprit, non sans faire allusion au "violent coup de vent" de la veille, "digne des Actes des Apôtres".

Chers amis, chers frères et sœurs, par le baptême et par le scoutisme. Quelle joie d’être réunis pour célébrer le jubilé d’or de votre mouvement et pour célébrer la Pentecôte ! La Pentecôte n’est pas seulement l’événement de la naissance de l’Eglise il y a plus de deux mille ans. La Pentecôte, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. Non seulement parce que vous avez fait face hier à « un violent coup de vent » digne des Actes des Apôtres mais parce que Jésus nous l’a promis : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux », par mon Esprit. Nous ne sommes pas deux ou trois mais plus de 30.000 et Jésus est bel et bien au milieu de nous par son Esprit, l’Esprit de la Pentecôte.

Mais qui donc est l’Esprit Saint ? L’Esprit Saint est celui qui nous permet de dire, comme nous l’avons fait le jour de notre promesse : « Sur mon honneur et avec la grâce de Dieu… », c’est-à-dire avec la force de Dieu, avec l’amour de Dieu, avec l’Esprit de Dieu. Repensez au jour de votre promesse. La mienne, c’était à la fin de mon premier camp de Pâques en 1978, au milieu des volcans d’Auvergne. Il avait tellement neigé la veille qu’il avait fallu différer les promesses au lendemain matin. Et c’est encore sous quelques flocons que j’ai prononcé avec émotion ces paroles qui nous réunissent : « sur mon honneur et avec la grâce de Dieu ». La grâce de Dieu, l’Esprit de Dieu, nous permet de dépasser nos peurs et nos découragements, nous donne la force et le goût de l’engagement et du service. Voilà à quoi nous sommes appelés : vivre, comme dit saint Paul, « sous l’emprise de l’Esprit », avec la force de l’Esprit.

L’Esprit Saint, nous dit aussi Jésus dans l’évangile, nous fait « nous souvenir de toutes ses paroles », nous rappeler ce qu’il a fait pour nous. Aujourd’hui, c’est l’Esprit qui nous fait nous rappeler les bienfaits vécus dans le scoutisme pour en rendre grâce à Dieu. Comme vous tous, j’ai de grands et beaux souvenirs d’orages et de levers de soleil, de fatigue de la marche et de joie des sommets, de concours de cuisine gagné et de grand jeu perdu… Mais ce que l’Esprit me donne de percevoir comme essentiel, c’est la joie et le goût de l’engagement et de la responsabilité, de ma première intendance d’aide-cuisinier, à l’émotion de devenir CP, jusqu’à ma vie d’évêque aujourd’hui ; c’est aussi le prix de la fraternité et d’amitiés indestructibles après plus de quarante cinq ans, si précieuses pour traverser les choix et les épreuves de la vie ; c’est peut-être surtout l’expérience de Dieu par la beauté des Messes au camp, la disponibilité fraternelle d’un aumônier, la veille nocturne solitaire près du feu de veillée finissant et sous les étoiles pendant que tous dorment, avec le sentiment d’être comme seul avec Dieu.

Le scoutisme, dans la force de l’Esprit, est une école de l’engagement et du service, une école de la consécration de nos vies à Dieu et aux autres.

Mes amis, vous le savez, sur notre honneur et avec la force de Dieu, avec son Esprit Saint, nous ne sommes pas engagés seulement ni d’abord dans le cadre scout mais pour la vie : « sur mon honneur et avec la grâce de Dieu, je m’engage à servir de mon mieux Dieu, l’Eglise et la patrie… ». Le scoutisme, dans la force de l’Esprit, est une école de l’engagement et du service, une école de la consécration de nos vies à Dieu et aux autres. Je vous invite tous à vous demander aujourd’hui, dans les circonstances exceptionnelles de ce jubilé : comment servir « de mon mieux » ? Non pas de manière seulement convenable mais « de mon mieux ». Dans la vie, contrairement à l’adage bien connu, le mieux n’est pas l’ennemi bien, il en est la condition. Le mieux est la condition du vrai bonheur. Comment servir « de mon mieux » Dieu, par la foi et l’espérance persévérante, l’Eglise, par telle ou telle forme d’engagement, mariage, sacerdoce, vie religieuse, la patrie, par le service courageux des autres et de la cité. Posez-vous ces deux questions. Laissez l’Esprit vous aider à y répondre.

Chers amis, chers frères et sœurs, nous voici réunis face à un des plus beaux châteaux qui soit. Grâce au don de l’Esprit, que nos vies soient à son image : belles de notre foi et de notre disponibilité aux appels de Dieu, belles de notre fidélité à la prière et à l’eucharistie, belles de notre désir et de notre goût de servir, belles de notre fraternité. N’ayons peur ni du présent ni de l’avenir : vivons de la force de l’Evangile et de l’Esprit !

+ Matthieu Rougé
Evêque de Nanterre

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