Cette semaine, le jeudi de l’Ascension, nous avions les yeux fixés vers le ciel, là où est Jésus est entré, est retourné, à la fin de Sa mission ici-bas. Et, contrairement à l’exhortation des anges qui invitent les apôtres à détacher leur regard du ciel et à retourner au cénacle, nous, nous regardons résolument vers le haut ; nous rendons grâce pour cette descente du Saint-Esprit que nous fêterons le dimanche de la Pentecôte mais qui est à l’œuvre dans nos vies. Reconnaissons-le, pour nous, c’est facile : nous connaissons la fin de l’histoire, l’accomplissement de la promesse du Seigneur à Ses apôtres, le dénouement de cette grande aventure. D’ailleurs, l’Église nous y invite à travers les beaux textes de ce dimanche : avec saint Étienne, nous regardons vers le Ciel, et nous avons le désir, nous aussi, de contempler la gloire de Dieu (Ac 7, 55-60). Avec le psalmiste, nous voulons exulter de joie devant la toute-puissance, la grandeur, l’immensité de Dieu (Ps 96). Avec saint Jean, nous supplions : "Viens – reviens – Seigneur Jésus !" (Ap 22, 12-20). C’est notre désir le plus cher : que le Seigneur revienne en notre bas-monde, comme Il l’a promis, qu’Il nous attire à Lui, qu’Il règne sur nous et sur l’univers.
Dix jours d’attente
L’Évangile de ce dimanche situé entre l’Ascension et la Pentecôte nous présente la grande prière d’unité de Jésus (Jn 17, 20-26). Il est intéressant de constater que ce passage met en valeur différents éléments des trois textes précédents. Arrêtons-nous un instant sur ces aspects communs. D’abord, quelle est l’attitude de Jésus ? Il est en train de prier nous dit saint Jean, "les yeux levés au ciel" (v. 20). C’est aussi l’attitude de saint Étienne quand il se tourne vers Dieu. Et nous, mes frères ? Quand nous prions, sommes-nous tournés vers le ciel, qui est le lieu de résidence du Dieu très-haut, ou bien notre prière est-elle monologue, ressassement de nos petits soucis, de nos petits problèmes ? Prier, c’est véritablement se tourner vers Dieu, Lui donner une place dans notre vie — et la première place ! Durant ces dix jours d’attente, les apôtres ont fait cette expérience de la prière : n’ont-ils pas demandé à Jésus de leur envoyer le Paraclet, le Saint-Esprit ? Dix jours ! Dix jours, frères et sœur bien-aimés ! Dix jours à demander, à supplier, sans se décourager, sans abandonner, sans baisser les bras. Bel exemple, non ?
Dieu n’est pas un simple distributeur de grâces, au claquement de doigts.
Il est vrai que nous recourons parfois à la prière de neuvaine pour porter devant Dieu notre supplication : c’est une belle façon de nous unir à la confiance des apôtres. Nous ancrons notre demande dans le temps, dans la longueur. Dieu n’est pas un simple distributeur de grâces, au claquement de doigts. La prière répétée, réitérée chaque jour, confiante, permet sa purification ; au-delà de sa légitimité, de son bien-fondé, elle nous permet de nous souvenir que ce qui est primordial, c’est avant tout notre regard tourné vers le ciel. Dieu veille sur nous, Il veut notre bien, notre sainteté. C’est vers Lui — qui est à l’origine de toute chose — que je me tourne pour Lui présenter mes besoins, mes supplications, ma vie. Ah ! si tous se tournaient avec la même confiance vers Dieu. Si tous acceptaient de recevoir de la part de Dieu inspiration, discernement, soutien, force, grâces !
L’unité avec Dieu
C’est la prière de Jésus qui remet entre les mains de Son Père la toute petite communauté de Ses disciples mais aussi ceux qui viendront derrière. Une prière qui voit loin ! Une prière qui ne se concentre pas sur l’immédiateté, sur le "tout de suite, maintenant" mais qui se projette dans l’avenir. Nous, nous demandons la guérison d’un proche, la conversion d’un ami, une réussite à un examen. Nous sommes là dans l’immédiateté. Et — je le redis — c’est parfois légitime. Mais notre but ultime, c’est la sainteté, l’unité avec Dieu, tout comme le Père et le Fils ne font qu’un dans l’amour. C’est cela que je veux dans l’absolu : être saint, vivre en intimité avec Dieu, me plonger en Son amour. C’est cela que va vivre saint Étienne dans son martyre, le don de tout lui-même, l’abandon de sa vie terrestre pour rejoindre Dieu à travers la mort.
La prière du Seigneur continue : que cet amour, qui est le propre de la Trinité, se diffuse en le cœur des croyants. C’est en cela que nous appelons le Saint-Esprit dans nos vies. Il est venu en plénitude à la Pentecôte sur les apôtres qui sont partis dans la foulée annoncer à toutes les nations la Bonne Nouvelle ; aujourd’hui, Il ne demande qu’à Se donner, qu’à Se répandre encore. Encore faut-il Lui demander de descendre sur nous, sur nos communautés, nos paroisses, nos mouvements pour que cet amour de Dieu s’y fortifie. Mais aussi dans celui des hommes des hommes de bonne volonté. Plus qu’une semaine, mes frères pour demander l’Esprit saint à profusion et vivre la solennité de Pentecôte à plein. Une semaine, puis toute notre vie ! Car c’est tous les jours, jusqu’au moment de la grande Rencontre que le Saint-Esprit veut se donner à nous pour être des saints. Alors, résolument, gardons les yeux tournés vers le ciel, remplissons-nous de cet Amour qui ne demande qu’à Se donner et être transmis.