1Le président de Sant’Egidio réagit à l’interview du Pape
Marco Impagliazzo, le président de la Communauté de Sant'Egidio, s’est dit "très impressionné" par la demande de rencontre que le pape François a adressée à Poutine à travers une interview au Corriere della Sera. Il salué un acte "d'un grand courage, d'une grande générosité et aussi d'un grand réalisme". Le journal italien Avvenire lui a posé quelques questions pour lui permettre d'approfondir ses propos. "Proposer de s'adresser directement à Vladimir Poutine est aussi un moyen de ‘sauver’ l'Église orthodoxe russe d'une dépendance excessive à la logique politique du Kremlin", a-t-il notamment expliqué quand on lui a demandé si la rencontre serait possible. Le professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Pérouse a aussi rappelé le rôle de tout chef religieux : "prier pour la paix et non pour la victoire". Mais il n’a pas oublié de remettre les choses à leur place et de souligner le paradoxe actuel : "Au lieu de cela, aujourd'hui, les chrétiens d'Ukraine et de Russie sont dans un certain sens obligés de prier pour la victoire. Le Pape veut inverser ce schéma."
2Le chantage de l'Occident sur l'évêque de Rome
Le vaticaniste Gianni Valente critique le "siège politico-ecclésiastique lancinant" entrepris par certains auprès du pape François pour lui "extorquer une excommunication explicite" de Vladimir Poutine et du patriarche Kirill. Rien de ce qu’a fait le Pape pour mettre fin au conflit, explique le journaliste italien, ne semble suffisant pour ceux – notamment aux États-Unis – qui considèrent qu’il doit "s’aligner" et soutenir clairement l’Occident contre la Russie. Le Pape, insiste-t-il, n’est pas "le gourou d’un lobby politico-religieux de fabrication occidentale". C’est en tant qu’évêque de Rome qu’il communique avec le patriarche Kirill, et donc en se plaçant très loin des "fantasmes des chrétiens idéologues occidentaux" qui hier envisageaient un rapprochement avec Moscou, insiste Valente. En cela, il est l’héritier de Benoît XV, Pie XII, Jean XXIII, Paul VI et Benoît XVI, souligne-t-il, ajoutant aussi Jean Paul II à la liste en rappelant que le Polonais, bien qu’apprécié par les atlantistes, avait critiqué sans ambiguïté la première guerre du Golfe. "La tâche de l'évêque de Rome n'est pas de donner des leçons de modernisation occidentale à ses frères orthodoxes", conclut-il, considérant le pontife plus utile que jamais aujourd’hui dans sa "pauvreté désarmée".
3Trouver un consensus sur la question de l'avortement aux États-Unis
La fuite d'un document indiquant que la majorité de la Cour suprême des États-Unis pourrait être favorable à l'annulation de la décision de 1973 qui a légalisé l'avortement dans le pays, a enflammé les deux camps sur cette question controversée. Charles Camosy, professeur de théologie et d'éthique sociale, avance que "la fuite peut être une histoire aussi importante" que les débats sur l'avortement, car si quelqu'un est prêt à "ouvrir une brèche dans la boîte noire habituelle des décisions de la Cour suprême", cela montre à quel point cette question est devenue polarisante et critique pour la population. "Le divulgateur semble croire que les enjeux sont si élevés qu'il est prêt à détruire la capacité de la cour à fonctionner", déclare Charles Camosy, soulignant qu'il s'agit d'une menace pour la démocratie. Ayant écrit un livre sur les divisions concernant l'avortement, il affirme qu'il existe beaucoup plus de terrains d'entente sur cette question qu'on ne le pense. En ce moment de tension aux États-Unis, il suggère qu'une "force modératrice" soit trouvée dans les "institutions religieuses" pour aider à montrer aux partisans et aux opposants de l'avortement qu'ils "peuvent coopérer pour soutenir les femmes dans leur désir de garder leurs enfants". "Travaillons autant que nous le pouvons pour faire baisser la température et nous concentrer plutôt sur le terrain d'entente détenu par une majorité épuisée", conclut Charles Camosy.
4Philippines : plus de 1.200 évêques et prêtres soutiennent la candidate Leni Robredo
Ces membres du mouvement catholique Clergy for Moral Choice sont sortis de la réserve à laquelle ils sont théoriquement soumis en appelant à élire, à l’occasion de l’élection présidentielle du 9 mai prochain, des dirigeants "dont le cœur cherche vraiment le cœur du Bon Pasteur". Ils affichent leur soutien à la candidature de Leni Robredo, vice-présidente sortante, connue pour son engagement en faveur des droits humains et pour ses mauvaises relations avec le président populiste Rodrigo Duterte, qui ne peut pas se représenter et pourrait paradoxalement la soutenir. L’enjeu est de contrer Ferdinand Marcos Jr, fils et héritier politique de l’ancien dictateur renversé en 1986 lors d’un mouvement de contestation soutenu par l’Église catholique. Favori des sondages, il bénéficie du soutien de l’Iglesia Ni Cristo, une secte locale très puissante, qui compte deux millions de membres et leur impose une obéissance absolue aux consignes de vote formulées par ses dirigeants.
5Dans une église de Rome, des dessins muraux rappellent les refuges des juifs et des anti-fascistes
À Rome, l’église de San Gioacchino regorge de fresques, de mosaïques et de vitraux complexes. Pour autant, peut-être que ses véritables chefs-d'œuvre ne se trouvent pas dans l'abside ou aux fenêtres, mais bien au grenier, cachés. En effet, sous les toits, plusieurs dessins muraux réalisés au fusain couvrent les parois froides de l’église. Trois d’entre eux, plus grands que nature, montrent Jésus avec une couronne d'épines, une Vierge et son enfant et un homme des temps modernes assis sur une simple chaise, la tête entre les mains. Ces dessins ont été découverts par le père Ezio Marcelli, un prêtre de 90 ans qui gravit encore sans difficultés les escaliers menant au grenier. Ces dessins ont été réalisés par les juifs et les antifascistes cachés là durant la Seconde Guerre mondiale. "Le sens de ce qui s'est passé ici, de personnes persécutées, traquées pour être condamnées à mort, a encore une réelle signification aujourd'hui", a-t-il expliqué. Parmi les découvertes faites sur le lieu : des paquets de cigarettes, des jeux de cartes ainsi qu’un article de journal antisémite.