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L’évêque de Kharkiv (Ukraine) : “Tant qu’il y aura des fidèles dans la ville, je serai avec eux”

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Maria Lozano - publié le 01/05/22
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Alors que les attaques de l’armée russe se concentrent de plus en plus sur l’est et le sud de l’Ukraine, la vie à Kharkiv devient de plus en plus dangereuse. Mgr Pavlo Honcharuk, son évêque, résume la situation en deux mots : "choc et douleur".

Deux mois après le début de la guerre, les attaques des troupes russes se concentrent de plus en plus sur l’est et le sud de l’Ukraine. La vie à Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine et située dans l’est du pays, devient de plus en plus dangereuse. Ces dernières semaines, la zone industrielle de la ville a été la cible de bombardements, faisant au moins dix morts et 35 blessés. Plusieurs bâtiments résidentiels à la périphérie ont également été endommagés ou détruits. Mgr Pavlo Honcharuk, évêque de Kharkiv, qui est toujours sur place pour s’occuper de la population, résume la situation en deux mots : "choc et douleur".

Dans une interview accordée à la fondation Aide à l’Eglise en détresse (AED), il raconte à quel point il est terrible de "voir des gens, des personnes âgées, des handicapés, se cacher dans des sous-sols". Pour le prélat catholique qui vit chaque jour des situations terribles, certaines scènes de guerre sont traumatisantes : "Je me souviens d’une fille de cinq ans, pétrifiée devant le cadavre d’un être cher dans la rue, incapable de bouger. Le sentiment de terreur, de peur et d’impuissance totale pèse sur tout le monde", explique-t-il. 

"Nous demandons à Dieu de nous protéger, et que tout ça se termine. Nous subissons des tirs et entendons sans cesse des explosions. C’est ça, la situation actuelle."

Après le bombardement d’un quartier résidentiel de la ville, portant un casque et un gilet pare-balles sur sa soutane, Mgr Honcharuk est allé voir les dégâts : "Ce quartier, était l’un des plus peuplés de Kharkiv. Maintenant, tout n’est que silence et destruction". Sur un bruit de fond d’explosions, il poursuit : "Nous demandons à Dieu de nous protéger, et que tout ça se termine. Nous subissons des tirs et entendons sans cesse des explosions. C’est ça, la situation actuelle."

Dans un message vidéo transmis à l'AED, le prélat décrit la situation dans laquelle se trouvent les maisons détruites par les attaques : "Ici, c’est un appartement. Ou plutôt, c’en était un. Maintenant, il n’y a plus rien, tout est brûlé. Là, c’était une salle de bain, une cuisine, et là-bas, il y a ce qu’il reste d’un réfrigérateur. Et voici le balcon. Tous les arbustes sont détruits." C’est avec tristesse et ironie qu’il conclut : "Comme ils disent... ils ne ciblent que les infrastructures militaires"...

"Notre église est endommagée. Nous prions dans une petite chapelle. Mais grâce à Dieu, nous pouvons encore enterrer tous nos morts. Plus Rien n’est sacré.

Depuis le début de la guerre, ce jeune évêque catholique de rite latin, qui est à la tête du diocèse de Kharkiv-Zaporijia depuis deux ans, se consacre à aider la population. "En plus de la prière et de la messe quotidienne, la plupart du temps, nous essayons d’apporter une aide humanitaire aux personnes cachées dans les bunkers. Nous chargeons des véhicules, nous parcourons la ville apparemment déserte et parlons aux gens pour les réconforter."

Au cours de ces journées épuisantes, il effectue de neuf heures du matin à quatre heures de l’après-midi un travail "incroyablement épuisant, non seulement physiquement mais surtout mentalement, en raison de la tension permanente. Notre église est endommagée – toutes les fenêtres ont explosé sous la pression d’une frappe aérienne. Nous l’utilisons désormais comme entrepôt pour les fournitures humanitaires. Nous prions dans une petite chapelle. Mais grâce à Dieu, nous pouvons encore enterrer tous nos morts", explique-t-il.

Les églises ne sont pas un refuge sûr pendant les frappes aériennes, à moins qu’elles n’aient un sous-sol sécurisé, dit l’évêque, car les bâtiments sacrés ne sont pas plus respectés que les autres cibles civiles. "Plus Rien n’est sacré", dit-il. Parlant de la défense de la ville, le prélat explique que les mères d’enfants en bas âge sont emmenées dans un endroit sûr, et que les pères et les fils plus âgés restent pour défendre leurs maisons et leur patrie. Malgré les bombardements, Mgr Honcharuk n’a pas pensé partir : "Tant qu’il y aura des fidèles dans la ville, je serai avec eux. Dieu et ma foi me donneront de la force pour cela. Nous, les prêtres, ne sommes pas armés. Nous sommes des gens d’Église. Nos armes sont la Parole de Dieu et la prière".

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