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La royauté paradoxale de Jésus

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Jean-Michel Castaing - publié le 09/04/22
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Les Rameaux sont l’une des célébrations religieuses les plus populaires de l’année. Mais pourquoi célébrer cette fausse joie du triomphe de Jésus à Jérusalem, juste avant la lecture de sa Passion ? Le dimanche des Rameaux, nous fêtons la royauté paradoxale du Christ et de la Croix.

Avec la messe de minuit à Noël, les Rameaux sont la célébration la plus populaire de l’année. Branches à la main, nous acclamons le roi humble monté sur un ânon. Cependant, l’entrée de Jésus à Jérusalem n’a rien d’un événement improvisé. Conscient d’être le Messie, le fils de Marie n’ignorait pas la prophétie de Zacharie : « Crie à pleine voix, fille de Jérusalem : voici que ton roi vient à toi. Il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, un petit d’ânesse » (Za 9, 9-10). 

Si Jésus a scénarisé de la sorte son entrée à Jérusalem, ce n’est pas pour se poser en vedette hollywoodienne, mais afin d’accomplir les Écritures.

Saint Luc souligne la solennité de cette entrée en établissant un parallèle entre elle et la préparation du repas pascal quelques jours plus tard. En effet, dans les deux cas, deux disciples sont chargés de faire les préparatifs, et chaque fois Jésus leur indique qui et quoi ils trouveront : un ânon pour les Rameaux, un homme portant une cruche d’eau et une salle toute prête pour le repas pascal (Lc 22, 8-13) de la Cène.

Jésus, expert en événementiel

Si Jésus a scénarisé de la sorte son entrée à Jérusalem, ce n’est pas pour se poser en vedette hollywoodienne, mais afin d’accomplir les Écritures : il ne convenait pas qu’un prophète meure en dehors de Jérusalem. Toutefois, Jésus est plus qu’un prophète et qu’un roi : il est le Fils éternel, l’Époux qui vient se donner à son épouse, l’humanité, sur la Croix dans la ville sainte.

La foule ne lésina pas pour honorer sa dignité royale : manteaux jetés sur le chemin, feuillages coupés dans les champs (qui deviendront nos rameaux), exclamations « Hosanna ! » que l’on peut traduire par : « Donne le salut, s’il te plaît ! » À la lecture de l’évangile qui introduit la messe (Lc 19, 28-40), un néophyte pourrait croire que c’est gagné, que l’affaire est entendue. Cependant, la lecture de la Passion qui sera faite ultérieurement (Lc 22, 14 à 23, 56) ne tardera pas de le détromper. Quelques jours après son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus quittera la ville non plus sur un ânon mais avec une croix sur le dos cette fois-ci. Versatilité des hommes ! 

Pourquoi nous donner cette fausse joie avec la cérémonie des Rameaux ? Peut-être afin que nous nous identifiions aux habitants de Jérusalem. Comme eux, nous acclamons Jésus. Cependant, le récit de sa mort-résurrection nous pousse à approfondir continuellement notre regard sur sa royauté. Certes, Jésus sera couronné dans quelques jours, mais ce sera une couronne d'épines qui le consacrera Roi d’amour. N’était-ce pas ce que prophétisait l’humilité de l’ânon ? Jésus vient « au nom du Seigneur ». Or, comme le Seigneur est amour et miséricorde, son trône sera la Croix. En l’acclamant à l’entrée de Jérusalem, les disciples ne se trompaient qu’à moitié. Le dimanche des Rameaux nous invite à creuser la signification paradoxale de la royauté de la Croix.  

De la mort à la vie

Aujourd’hui encore, beaucoup de tombes israélites s’alignent sur la pente du mont des Oliviers. En effet, d’après une tradition, le Messie entrera aux derniers temps à Jérusalem par l’Est, après avoir descendu cette colline. Les hommes pieux qui se font enterrer à cet endroit désirent participer parmi les premiers au cortège messianique qui pénétrera dans la ville de David lors de la résurrection finale. Pareillement, pour les chrétiens, suivre Jésus jusqu’au Calvaire, communier à ses souffrances, c’est déjà croire à sa résurrection. En effet, aimer nos frères comme les aima Jésus dans la ville sainte durant sa Pâque, c’est-à-dire « jusqu’à l’extrême » (Jn 13,1), cela équivaut pour nous aussi à passer de la mort à la vie (1 Jn 3,14). 

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