Avoir une famille nombreuse, c’est ce que Yann et Laurence ont toujours voulu, même s’ils n’étaient pas d’accord sur le nombre d’enfants. Yann en voulait cinq, tandis que Laurence trouvait que trois était le nombre idéal. Le Seigneur en a décidé autrement. Leurs aînés n’ont pas eu le temps de souffler leur troisième et cinquième bougies respectives que Castille et Inès se sont annoncées, en troisième et quatrième positions dans la fratrie. "Même si je m’y attendais un peu, du fait de ma fatigue, la nouvelle m’a un peu secouée", confie cette cadre en ressources humaines de 36 ans. Une annonce qui a également surpris Guenola, 34 ans. Son troisième enfant n’avait que deux ans quand elle a appris qu’elle attendait des jumeaux.
Passer de deux enfants à quatre en neuf mois n’est pas une mince affaire. Mais quand des jumeaux viennent grossir les rangs d’une famille ayant déjà des jumeaux, voilà une nouvelle qui fait sursauter. "Trois ans après avoir adopté nos jumelles, Anoushka et Amaya, nous avons appris que notre famille allait compter non pas trois mais quatre enfants !", se souvient Isabelle, 52 ans. Si elle a toujours voulu une famille nombreuse, son mari, lui, avait du mal à passer ce cap.
Les bons plans et l’aide précieuse de l’entourage
Isabelle avait déjà tout en double ! Une chance que n’ont pas tous les parents de jumeaux. "Heureusement, aujourd’hui, il y a de nombreux sites de revente de produits d’occasion, comme Leboncoin ou Vinted, car les objets de puériculture coûtent cher", glisse Laurence. Préparer la chambre de leurs fils, voilà le luxe que n’ont pas eu Élisabeth et Nicolas. Dimitri et Édouard sont nés prématurément à sept mois et demi de grossesse. "Nous n’avons pas eu le temps d’acheter quoi que ce soit, pas même les couches !", confie cette professeur des écoles de 38 ans. Elle a eu de la chance, ses proches lui ont donné beaucoup de vêtements et une amie de sa paroisse lui a prêté une poussette double. Si la question de la logistique occupe beaucoup l’esprit des parents de jumeaux, celle qui concerne l’organisation familiale les accapare également.
Rythme infernal, fatigue, décalage entre ses projections et la réalité... Avec du recul, Laurence comprend qu’elle aurait dû demander de l’aide plus vite et ne pas être "trop orgueilleuse" : "C’était une certaine fierté de se dire "j’assure cette fratrie de quatre enfants". Aujourd’hui, je réalise que je me suis fatiguée à vouloir tout faire toute seule". Au bout de quelques mois, elle a fini par prendre une baby-sitter. "Grâce à elle, j’ai pu faire parfois la sortie des classes de mes aînées. C’était notre moment de qualité", se souvient la jeune femme qui a également pu compter sur l’aide précieuse de son mari. "Il gérait souvent les réveils nocturnes, même s’il travaillait le lendemain". N’ayant pas de famille en Touraine, le couple était aidé par des amis qui cuisinaient de temps à autre et lui apportaient des plats à la maison.
Isabelle, elle, a eu recours aux services d’une nurse le jour comme la nuit. Son mari était également très présent pour les aînées. "Sans cela, je ne pense pas que je aurais pu allaiter nos cadettes, Ilyssa et Auxanne, jusqu’à leurs cinq mois", glisse cette ancienne correspondante en Inde pour le Figaro. Guenola n’est pas non plus restée seule avec ses cinq enfants après la naissance de Pierre et Pacôme. Durant plusieurs mois, elle a été aidée par sa mère. Et Élisabeth, ses amies lui ont parlé de la Fédération Jumeaux et Plus qui propose une entraide morale et matérielle aux parents de jumeaux, triplés et plus.
Trouver le juste milieu entre le travail et les enfants
Certains parents ont fait le choix de faire une pause dans leur vie professionnelle pour se ménager un peu et survivre aux premiers mois, voire premières années des jumeaux. "Pendant plusieurs années, je me suis rendue disponible à 100 % pour mes enfants", confie Isabelle. Guenola, elle, a opté pour une reconversion professionnelle. Cette ancienne infirmière est devenue secrétaire à mi-temps dans l’entreprise de son époux. Un choix qui s’avère bénéfique pour son couple : "Nous avons de la chance de nous voir la journée, en dehors des enfants. Alors le soir, si nous n’avons pas de moment privilégié ensemble ce n’est pas bien grave".
On fête les anniversaires mais aussi les saints patrons pour que chaque enfant ait ses journées bien à lui.
Élisabeth n’a pas vraiment eu le temps de reprendre son travail à l’école car, très rapidement, elle a donné naissance à son troisième enfant. "Donatien a aujourd’hui six mois. Les aînés n’ont pas encore trois ans, c’est sportif !", souffle-t-elle. De son côté, Laurence avoue que le travail l’a "un peu sauvée" : "J’avais besoin de prendre l’air. J’ai toujours travaillé et ne plus le faire était inenvisageable". Après 16 mois de congé parental, elle a réussi à obtenir une place en crèche et a trouvé du travail à temps partiel. Aujourd’hui, ses quatre enfants sont âgés de 9, 7 et 4 ans et demi. "Ce sont surtout les trois premières années qui furent difficiles", avoue cette mère de famille nombreuse.
Certes, mais comme dit le proverbe : "Petits enfants, petits soucis, grands enfants, grands soucis". Isabelle, dont les jumelles ont 16 et 13 ans, prévient en effet que le travail ne manque pas par la suite : "Avec l’école, on vit tout en double : les devoirs, le soutien scolaire, les examens…". Si comme Élisabeth, Laurence et Guenola, elle conseille aux parents de jumeaux de ne pas avoir peur et de demander de l’aide, Isabelle préconise également des moments de qualité avec chaque jumeau. Et elle a une astuce bien à elle pour donner de l’importance à chacune de ses jumelles : "Chez nous, on fête les anniversaires mais aussi les saints patrons pour que chaque enfant ait ses journées bien à lui".