Chaque jour, Aleteia vous propose une sélection d'articles de la presse internationale concernant l'Église et les grands débats qui préoccupent les catholiques à travers le monde. Les opinions et les points de vue exprimés dans ces articles ne sont pas ceux de la rédaction.
Lundi 21 mars 2022
1 - Le pape François, un traditionaliste à sa façon ?
2 - L’unité de l’Église orthodoxe russe se fissure
3 - Vu d’Allemagne : les catholiques français balancent vers la droite
4 - La recette anglo-saxonne adoptée par le Vatican pour combattre les scandales financiers
5 - La Constitution apostolique transforme-t-elle la Curie en la Compagnie de Jésus ?
1Le pape François, un traditionaliste à sa façon ?
Le vaticaniste John Allen soutient dans Crux que malgré le fait que le pape François a été considéré comme un révolutionnaire dans l'Église, sa décision de consacrer la Russie et l'Ukraine au Cœur Immaculé de Marie rappelle qu’il est très traditionnel - à sa façon - dans certains domaines. John Allen affirme que le "traditionalisme caché" de François est particulièrement visible dans son approche de la Vierge Marie. Il dit que les "inconditionnels de Fatima" n'ont pas grand-chose à redire à cette consécration. Mais il explique aussi, et surtout, que l'Église orthodoxe russe comprendra "l’importance du fait que le Pape dépoussière la dévotion la plus va-t-en-guerre et anti-russe de la guerre froide, dans le contexte de la ‘politique de la terre brûlée’ menée par Vladimir Poutine en Ukraine". Il conclut qu'en dépit des stéréotypes entourant le "traditionalisme" et les "traditionalistes", "la ‘tradition’ [...] possède toujours de multiples facettes". Il conclut en expliquant que "du moins à ses propres yeux, le pape François se révèle lui-même remarquablement traditionnel".
2L’unité de l’Église orthodoxe russe se fissure
Avec plus de 500 signatures de nombreux intellectuels et théologiens – dont certains issus de l’orthodoxie russe – la déclaration publiée par le Centre d’études chrétiennes orthodoxes de l’université Fordham de New York s’en prend de manière frontale au positionnement de Kirill depuis le début de la guerre en Ukraine. Comme le rapporte l’hebdomadaire La Vie, ce dernier est accusé de "justifier" l’invasion et les horreurs commises en Ukraine au nom d’une "hérésie", le "monde russe". Ce concept unit une russité spirituelle à la Russie politique, donnant les armes à Vladimir pour justifier sa croisade en Ukraine. "Tout comme la Russie a envahi l’Ukraine, le patriarcat de Moscou du patriarche Kirill a envahi l’Église orthodoxe", s’indignent les intellectuels, lui reprochant de créer des divisions mais aussi de mettre "en danger le salut des fidèles". Un des signataires, Sergueï Chapnin, ancien rédacteur en chef adjoint du Journal du patriarcat de Moscou, considère que le patriarche Kirill a "perdu son autorité" et évoque une scission au sein de l’orthodoxie russe entre une Église officielle "prête à oublier l’Évangile et à justifier les crimes de guerre" et une Église "qui cherche à vivre selon les commandements du Christ". Avant de conclure : "ces deux Églises ne peuvent continuer à exister sous le même toit".
3Vu d’Allemagne : les catholiques français balancent vers la droite
En France, à seulement trois semaines du premier tour des élections qui doivent désigner le prochain président de la République, les catholiques français ont la possibilité de faire pencher la balance dans l’un ou l’autre camp. Le journal allemand Die Tagespost propose son analyse de la situation politique française. Dans une bataille politique où l’actuel président, Emmanuel Macron, est à peu près certain de se retrouver au deuxième tour, ses trois opposants principaux - Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour - bataillent ferme pour obtenir le vote des catholiques. Selon un politologue cité par l’article, Éric Zemmour “profite du fait que les électorats de droite ne sont plus strictement délimités”. Il a aussi largement bénéficié du ralliement à son parti de Marion Maréchal Le Pen, nièce de Marine le Pen, qui a constaté les incompatibilités du Rassemblement National avec le vote des catholiques. Finalement, bien qu’il soit qualifié de "clivant", c’est tout de même "quelqu'un comme Éric Zemmour qui s'est engagé à reconnaître les racines chrétiennes de la civilisation française", ce qui "attire évidemment les croyants".
4La recette anglo-saxonne adoptée par le Vatican pour combattre les scandales financiers
Dans une tribune publiée dans Le Monde, un juriste explique que le Vatican a adopté "la “compliance” du monde des affaires anglo-saxo" pour résoudre les différents scandales qui affectent la réputation de l’Eglise. Ce concept de "compliance" prône des méthodes organisationnelles d’anticipation où la gestion du risque repose a priori sur l’opérateur plutôt qu’a posteriori sur son contrôleur. Si le Vatican, souligne-t-il, "est toujours apparu aux antipodes de cette culture", notamment à cause de sa philosophie de la peine issue du droit canon "qui se veut plus pénitentielle que pénale", toutes les mesures législatives et judiciaires en matière de finance prises par Benoît XVI et François ces dernières années vont en ce sens. Il s’agit d’opérer "une refonte totale du Vatican et de l’Église", trop entachés par les scandales, analyse l’auteur. Pour l’enseignant en droit des Affaires, le rapport Sauvé est d’ailleurs issu du même paradigme. En identifiant une "responsabilité structurelle", le rapport sur la pédocriminalité épouse toute la philosophie de la compliance, considère le juriste.
5La Constitution apostolique transforme-t-elle la Curie en la Compagnie de Jésus ?
La vaticaniste Maria Antonietta Calabro commente la nouvelle Constitution apostolique du pape François, Praedicate Evangelium, qui réforme la structure de la Curie romaine, en établissant des comparaisons avec l’organisation de la Compagnie de Jésus. Elle explique comment la restructuration de François, qui est centrée sur le fait de "servir" le Pape, se reflète dans la façon dont tous les bureaux des Jésuites sont au service du prévôt général. Calabrò cite ensuite la réduction de l'importance de la Secrétairerie d'État, qui devient un "Secrétariat papal", ainsi que l'accent mis sur l'évangélisation, avec le nouveau Dicastère qui lui est dédié, et qui se trouve en tête de liste des nouveaux départements. Elle souligne l'accent mis sur la charité et le fait que des laïcs et des femmes pourront diriger les organes du Vatican. "Ce sera l'Église de l'avenir, l'Église du troisième millénaire. Une Église qui sort", commente la journaliste italienne.