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“La vraie famille”, duo saisissant entre un enfant placé et sa mère provisoire

La vraie famille de Fabien Gorgeat (2022)

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Louise Alméras - publié le 15/02/22
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"La vraie famille", deuxième long-métrage du réalisateur Fabien Gorgeart est une véritable éclaircie dans le ciel du cinéma social français. Il aborde de manière juste, drôle et bouleversante le lien qui unit une famille d’accueil avec le petit garçon placé chez eux. En salles le 16 février.

"Le cœur d’une mère est un abîme au fond duquel se trouve toujours un pardon", écrivait Balzac. C’est ce que nous inspire la fabuleuse Mélanie Thierry dans le rôle d’Anna, qui a accueilli Simon à 18 mois, placé par l’Assistance Sociale, avec son mari et ses deux fils. Dans ce film, pourtant, elle n’a rien à pardonner sinon le fait de subir le déchirement de se séparer de l’enfant qu’elle a élevé. Entre le père biologique qui veut récupérer la garde de son fils, alors âgé de 6 ans, et les assistantes sociales qui œuvrent pour le détachement de l’enfant vis-à-vis de sa famille d’accueil, Anna n’entend que son cœur de mère, avec douleur. Et si ce film dépeint avec beaucoup d’humour et d’amour le rôle d’une famille d’accueil, il questionne ce qu’est la véritable famille, il évoque aussi la vocation d’être mère.

Des racines et des ailes

Cette fresque familiale débute en plein cœur de l’été, en vacances, où le couple formé par Mélanie Thierry et Lyes Salem, entouré de ses trois garçons, nous donne d’emblée envie de voir la suite. La vie déborde, et l’affection aussi. Le petit Simon évolue entre cette famille où il s’épanouit, et quelques heures par mois avec son père, dans les locaux de l’Assistance sociale. Entre Anna et lui, le lien est très fort. Et pas seulement parce que c’est son métier d’accueillir des enfants. En ce sens, Mélanie Thierry donne toute son envergure d’actrice au personnage. Elle l’emmène, par exemple, tous les dimanches à la messe et veille à ce qu’il fasse sa prière le soir, comme son père biologique le lui a demandé. 

L’enfant se construit ainsi avec l’éducation de sa famille d’origine, ses racines, et l’amour de sa famille d’accueil, qui lui permet d’avoir des ailes, en somme, d’être heureux. Une anecdote du film est assez amusante quand toute la famille, partie skier avec des amis, se retrouve à la messe de Noël avec Simon pour sortir de l’aspect consumériste de Noël. Globalement, les scènes sont bien construites pour illustrer la complicité de la fratrie, la joie et la vie mises au cœur de la famille, même si les coups d’éclat peuvent surgir. Le jeu des enfants apporte beaucoup de fraîcheur, ce sont eux, aussi, qui donnent le sens de ce qui est vraiment essentiel.

La complexité de vie d’un enfant placé, si jeune, est mise en exergue par le désir du père de récupérer son enfant et l’amour d’une famille, fût-elle provisoire. Une situation d’autant plus bouleversante quand Anna apprend qu’il va progressivement partir, définitivement. Les propos de l’assistante sociale résonnent en creux quand on lui annonce la nouvelle. Elle qui lui dit des mots de mère, qui l’aime d’un amour inconditionnel. Si la manière de filmer, trop mouvante, peut déranger au début, les plans plus serrés de la suite permettent de vivre l’émotion du film au plus près, souvent à hauteur d’enfant. Évidemment, le réalisateur ne tranche pas sur ce qu’est « la vraie famille ». Mais il nous donne à voir la beauté de l’enfance, de la parentalité, quand elle est ajustée, et celle de la famille. Avec, au milieu, un enfant à construire, qui n’appartient qu’à l’avenir.

Pratique :

 La vraie famille, de Fabien Gorgeart, avec Mélanie Thierry, Lyes Salem et Felix Moati, 1h42, en salles le 16 février.
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