Bien des parents se sentent démunis devant les choix de leurs adolescents, partagés entre le désir de les guider et de les protéger, tout en les laissant poser leurs choix et devenir adulte. Et si l’Esprit Saint était là pour tenir le gouvernail ? Il arrive aux parents d’être blessés par les égratignures faites par leurs adolescents dans le contrat de confiance familial, par la non-observance de certaines règles fixées d’un commun accord, ou même par le manque de respect envers eux, parents. Confrontés à ces souffrances, ils apprennent à corriger avec amour et à pardonner.
Parfois la blessure est plus discrète, et non moins difficile à accepter : leur adolescent n’a pas mal agi, mais ses idées, ses positions, ses choix deviennent opaques au regard des parents. Ils ne comprennent plus le jeune qui grandit devant eux. Cet être qui, il n’y a pas si longtemps était encore un enfant, devient maintenant un adulte à part entière et si différent d’eux-mêmes. Cette acceptation permet un détachement salutaire pour que l’enfant puisse évoluer vers l’adulte responsable et autonome qu’il doit devenir. Cette acceptation peut se faire en douceur quand le chemin pris par l’adolescent semble compréhensible aux parents. Cette acceptation peut parfois être bien douloureuse, quand elle est teintée de l’incompréhension des parents. Cette incompréhension peut être source de désarroi pour les parents.
Les parents ne voient pas toujours clairement la mission de leur enfant sur cette terre.
Revenons alors à Marie et Joseph passant trois jours à chercher Jésus sur le chemin qui quitte Jérusalem. Ils sont dans l’angoisse de ne savoir où se trouve leur enfant, eux qui croyaient savoir qu’Il était resté sur leur chemin. Ils sont dans l’incompréhension : pourquoi n’est-Il pas resté avec eux ? Ou pourquoi ne les a-t-Il pas prévenus de son choix de rester davantage au temple ? Ils ont peur, Marie et Joseph craignent probablement de ne pas retrouver Jésus sain et sauf. Les parents peuvent se retrouver dans ces attitudes : pourquoi tel choix ? Pourquoi ne pas m’expliquer ? Pourquoi ne pas partager davantage aux eux, parents ?
La réponse de Jésus est claire : "Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ?" (Luc 2,49) Effectivement Marie et Joseph n’ont pas compris, n’ont pas spontanément pensé à foncer vers le temple pour retrouver leur Fils. Les parents ne voient pas toujours clairement la mission de leur enfant sur cette terre. Où les trouver ? Où les chercher ? Où les rejoindre ?
La confirmation, instant de grâce où l’enfant prend son envol
Cette scène ouvre à une grande confiance et un abandon serein des parents. Ils ont fait leur part, ils ont appris à leur enfant à suivre la voie du Seigneur (notamment grâce à la prière fidèle et le service des autres). Le temps vient où l’enfant doit être "aux affaires de son Père". Le sacrement de Confirmation est cet instant où la grâce de l’Esprit emplit leur enfant pour qu’il parte en mission dans le monde. Les parents peuvent se reposer sur cet Esprit, leur enfant n’est pas seul.
Le catéchisme de l’Eglise catholique indique l’effet du sacrement de Confirmation : "L’effet est l’effusion particulière de l’Esprit Saint (…). Cette effusion imprime dans l’âme un caractère indélébile et elle augmente la grâce baptismale. Elle enracine plus profondément la filiation divine…" (abrégé n°268)
En ce temps où leur enfant prend son envol, les parents aussi peuvent se reposer sur la grâce qui vit en eux.
Eux aussi, parents, ont reçu cet Esprit de la mission et répondu à l’appel du Seigneur : ils ont fondé une famille, fait de leur mieux pour élever leur enfant dans le bien, fait des erreurs, tenter de guider et d’apprendre à leur enfant à discerner. Le Notre Père a pu être une prière utile pour laisser la grâce agir et suivre la volonté du Seigneur. En ce temps où leur enfant prend son envol, les parents aussi peuvent se reposer sur la grâce qui vit en eux : cet Esprit qu’ils ont reçu pour leur mission de parents est encore là pour les soutenir dans cette étape, chercher leur enfant même sans comprendre ses choix, le retrouver et le voir se mettre en mouvement pour le service du Père, accepter de ne pas maîtriser la vie de leur enfant mais avoir confiance que le Père est à l’œuvre en chacun. La mission n’est pas finie, elle commence encore aujourd’hui !