Aller voir un psychologue est un acte humble et courageux. C'est encore plus délicat lorsque la démarche concerne un couple désireux d'entamer une thérapie avant que la crise ne s'installe pour de bon. Seulement, quand on est croyant, une question importante surgit : faut-il consulter un psychologue qui partage la même foi pour se sentir en sécurité et écouté ? Consulter un psychologue catholique va-t-il de soi ?
Un bon psychologue comprendra qu’un patient accorde une importance particulière à la question de la foi et s’adaptera à sa hiérarchie des valeurs. Et en premier sa relation avec Dieu.
Pour Étienne de Richemont, psychologue et psychothérapeute spécialisé notamment dans l’accompagnement des couples, il n’y pas de réponse par oui ou par non : "Ce qui est essentiel, c’est déjà de se poser la question au moment du choix du psychologue : quelles doivent être les valeurs importantes partagées avec le psy en question pour que je me sente suffisamment en sécurité et en confiance ? Est-ce que le psy en question montre une attitude d’ouverture envers les valeurs essentielles pour moi ?". Catholique ou non, l'attachement du thérapeute à la préservation du lien des époux est également essentielle : un couple qui se décide à aller mieux cherche un spécialise qui l'aide à se fortifier, pas à se séparer.
Plus qu'un psychologue catholique, chercher un bon psychologue
Selon lui, plutôt que de chercher un psychologue catholique, il faut chercher surtout un bon psychologue : "Je pense que tous les psychologues qui ont reçu une formation suffisamment sérieuse, c’est-à-dire une formation avec un diplôme d’État, sont capables d’entendre le besoin de spiritualité et de transcendance du patient", explique-t-il à Aleteia. Un bon psychologue comprendra donc qu’un patient accorde une importance particulière à la question de la foi et s’adaptera à sa "hiérarchie des valeurs : sa relation avec elle-même, avec son conjoint, avec ses enfants, avec ses amis. Et en premier sa relation avec Dieu", précise-il. Ce qui compte, c’est avant tout la qualité de la thérapie, ajoute de son côté Laurence de Saint Vincent, thérapeute conjugale et familiale, membre du cabinet Mots croisés : "Le côté catho peut rassurer, mais ce n'est pas un gage absolu de compétence".
Dans une relation thérapeutique réussie, l’essentiel se trouve dans le lien qui se tisse entre le psychologue et le patient. "Il peut très bien passer avec un psy qui ne partage pas la même foi et ne pas passer du tout avec un psy qui a les mêmes valeurs". Comment le savoir ? "Il faut deux ou trois séances pour se rendre compte si on est vraiment à l’aise, si on se sent vraiment libre de tout dire. Si, au contraire, il y a un blocage, une gêne ou un manque de confort intérieur, alors il faut chercher quelqu’un d’autre", conseille Etienne de Richemont. Pour chaque patient, les premières séances sont nécessaires pour observer ses propres émotions et réactions. "Tout se joue dans les freins intérieurs et personnels (conscients et inconscients) que la personne mettra, pour nommer librement ou pas tout ce qui fait souffrance", analyse de son côté Laurence de Saint Vincent.
Prendre le temps pour discerner
À la question : faut-il consulter un psy catho ou pas, la seule réponse est de bien discerner. Ce qui, pour le couple qui a foi en Dieu revient à "essayer de savoir quelles sont les peurs ou les blocages qui pourront se manifester en face d’un psychologue non croyant", ajoute Etienne de Richemont. "Car tout dépend de la perception propre du couple et de la capacité du thérapeute à l’accompagner dans les difficultés qui résonnent avec des réalités de foi", complète Laurence de Saint Vincent.
Mais très concrètement, quelles questions faut-il se poser pour bien choisir son thérapeute ? Quand on est croyant et qu’on pense consulter un psy non croyant, il faut se poser cette question clé : est-ce que nous aurons l'énergie suffisante pour expliquer en quoi consistent nos valeurs ? "Pour certains, les valeurs liées à la foi ne sont pas vraiment au centre de leur vie, mais plutôt en périphérie", précise Étienne de Richemont. Pour lui, les exposer au psy peut être même bénéfique : "Cela peut apporter un angle de vue différent de la part d’un psy qui ne ressemble pas au patient. Et permettre également d’exposer ses doutes ou ses questionnements sans avoir peur d’être jugé. S’il y a bien un endroit où on peut parler avec quelqu’un qui n’a pas la même foi, c’est bien dans le cabinet d’un psy !", souligne-t-il.
Favoriser un cadre de confiance
En revanche, pour d'autres, il sera essentiel de se sentir pleinement compris dans leur foi, parce qu'elle occupe une place centrale dans leur vie. Dans ce cas-là, il vaut mieux consulter un psy qui a les mêmes valeurs. "Lorsqu'un couple croyant cherche à être accompagné, il s’interroge parfois à savoir si leur foi, leurs valeurs, leurs convictions et donc leurs choix de vie pourront être entendus à leur juste place, sans remettre en cause leur propre vie spirituelle", explique Laurence de Saint Vincent. Favoriser un cadre où le couple est en confiance est alors essentiel. "Les conjoints pourront nommer librement ce qu'ils vivent sans s'auto-freiner dans la peur que le thérapeute remette en cause leur foi. Cela peut concerner l’infidélité du conjoint ou l’addiction à la pornographie du fiancé qui dit vouloir vivre la chasteté avant le mariage…", conclut Laurence de Saint Vincent.