Quelques jours après sa visite au Liban, Mgr Paul Richard Gallagher, cheville ouvrière de la diplomatie vaticane, a réuni le 9 février les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège pour leur faire un compte-rendu rendu de son voyage. « Une procédure pas inhabituelle mais pas systématique non plus », relève un diplomate qui a participé à la rencontre. Une réunion qui montre une nouvelle fois l'activisme avec lequel le Saint-Siège œuvre pour apporter des solutions à un pays empêtré depuis des mois dans une grave crise économique, sociale et politique.
« C'était une expérience très significative, tant pour le rythme du programme que pour l'intensité des rencontres : cela m'a permis de toucher du doigt la réalité du Liban », a témoigné le diplomate du Saint-Siège aux ambassadeurs, rapporte un communiqué du Vatican. Le prélat britannique s'est également confié sur le projet d'un voyage du pape dans le pays. Celui-ci aura lieu dès que les « les conditions le permettront ».
Des « réflexions sérieuses sur les préparatifs » ont été avancées lors de la réunion, souffle une source diplomatique. Le calendrier évoqué envisage un déplacement du pontife « après les élections législatives de mai et avant la fin de l’année ». Mais aucune date précise n'a été prononcée. Dans la Vieille salle du Synode du Vatican, Mgr Gallagher a qualifié les élections législatives qui approchent d'« étape indispensable » pour restaurer la stabilité du pays. Il a aussi eu une pensée particulière pour les jeunes libanais dont il a pu entendre les témoignages « pleins d'angoisse ».
Le risque d’une instrumentalisation
Souvent évoquée, la perspective d'un voyage du pape François au Liban se rapproche. Mais au pays du Cèdre, si l'on se réjouit de la mobilisation diplomatique du Saint-Siège sur ce dossier, certains n'hésitent pas à prévenir du risque d'une instrumentalisation d'un déplacement du pontife. Ainsi, Mgr Mounir Khairallah, évêque maronite de Batroun, confie que la perspective d’une visite du pape François demeurera « une illusion » tant que la classe politique ne changera pas de comportement.
Dans un pays laminé par la crise, le prélat remarque la lassitude de la population face à une classe politique « inconsciente, irresponsable et corrompue ». « Notre vie quotidienne relève du miracle », n'hésite-t-il plus à dire. Celui qui a rencontré Mgr Gallagher lors de son récent voyage met en garde contre une possible « récupération » par les autorités des bénéfices qu'une visite du pape apporteraient. Et d'affirmer : ces autorités doivent absolument « prendre conscience de leur faute, de leur corruption », avant de pouvoir recevoir dignement le pape.