Le mythe du prince charmant ou de la femme parfaite n’est pas encore complètement révolu. Beaucoup ne s’engagent pas en pensant trouver mieux. Quels sont les risques d’avoir trop d’attentes ? Hélène Chavanne est conseillère conjugale et familiale depuis 17 ans au Cabinet Raphaël en région parisienne. Elle accompagne notamment des jeunes adultes dans leur vie affective.
Aleteia : Certains sont à la recherche de l’homme ou de la femme idéal(e), n’est-ce pas là un frein pour se laisser la chance de la rencontre réelle ?
Hélène Chavanne : C’est exact. Parfois on voudrait que la personne rencontrée coche toutes les cases, et si elle les coche pas, alors on se dit que le prochain sera peut-être mieux, et par conséquent on n’ose pas s’engager. On passe donc à côté d’une rencontre simple et sincère, sous prétexte que la personne ne répond pas aux critères que j’ai moi-même définis. Mais d’où viennent ces critères? Que racontent-ils de mon histoire et surtout comment peuvent-ils m’enfermer ?
L’autre n’est pas responsable de mon bonheur, même s’il y participe!
Par définition, l’autre est toujours différent, il y a donc une véritable richesse à la rencontre, cela apporte de la complémentarité, peut être aussi des frustrations, mais c’est une relation réelle et non pas rêvée. Et puis il y a un moment où il faut faire un choix, ne pas rester à la périphérie de sa vie, mais oser se lancer. Il y aura toujours des choses à découvrir chez l’autre, même les plus vieux couples en témoignent, il vaut mieux faire preuve de curiosité que de méfiance, se faire confiance puis avoir confiance en l’autre.
Le manque de confiance en soi est-il un frein ?
Quand on a d’avance des critères bien précis, qui sont souvent le fruit de son histoire familiale, il faut se demander si ceux-ci sont réellement importants pour soi, ou s’ils ne sont que des injonctions subies et qui peuvent nous bloquer. Parfois ce sont ces freins familiaux qui ôtent toute estime de soi. Je repense à cette femme qui a reçu une éducation : "tu dois être forte, tu as beaucoup reçu, tu dois beaucoup donner" et dont la famille estime que son fiancé ne la mérite pas. Elle doit apprendre à se détacher de ces injonctions familiales, car cela représente un frein qui l’empêche d’avancer sur son chemin à elle, et donc sur leur chemin à deux. En travaillant sur son estime de soi, elle va pouvoir découvrir ce qui lui correspond, et non ce qui ferait plaisir à sa famille. Et ce qu’elle a trouvé chez son fiancé, c’est peut-être justement un autre regard.
Quels sont les risques d’avoir trop d’attentes ?
En espérant tout de l’autre, on veut trouver quelqu’un qui va me combler, mais on risque vite d’être déçu ! Car il faut toujours garder à l’esprit que l’autre n’est pas responsable de mon bonheur, même s’il y participe ! Il y a donc un travail à faire sur l’estime de soi, pour ne pas tout attendre de l’autre. Sinon, le risque, c’est de se dire que l’autre saura mieux que moi, qu’il décidera pour moi, qu’il m’apportera la sécurité affective et financière… Et en tant que professionnels, nous le savons, nous le constatons, un couple construit ainsi aura besoin de grandir en maturité pour fonctionner sur le long terme.