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Le cercle des prophètes n’a pas disparu

PROPHÈTES

Les prophètes Isaïe, Jérémie, Ezechiel et Daniel sur un vitrail de l'église Saint-Honoré d'Eylau.

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Michel Cool - publié le 29/01/22
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Pour l’éditeur et essayiste Michel Cool, le temps des prophètes n’est pas celui du passé. De grandes voix sont toujours bien présentes pour lire les signes des temps dans l’obscurité de nos doutes ou de nos habitudes et en faire jaillir la lumière.

La situation politique et religieuse que nous traversons dans le monde, et singulièrement dans notre France en campagne électorale, se caractérise par une extrême confusion : confusion des idées et des hiérarchies de valeurs ; confusion entre analyse et commentaire ; confusion entre information et manipulation ; confusion des priorités et des urgences. Et on pourrait continuer la liste… Quel quêteur de rationalité, quel adepte du bon sens ne chercherait-il pas à sortir du tunnel, en suivant l’once de lumière, le rai d’intelligence qui le sauverait de cet ahurissant foutoir ! 

Les signes des temps

Ce salutaire éclairage est dans la tradition biblique le privilège des prophètes. Leur génie est moins de lire l’avenir dans le marc de café, comme on le prétend communément, que d’interpréter la parole divine et de discerner ses effets chez les humains. C’est ainsi qu’ils décryptent les « signes des temps ». En scrutant les étoiles, peut-être. Mais en pointant surtout leurs regards sur leurs semblables : en se penchant avec sérieux sur leurs détresses, leurs aspirations, leurs folies même. Tout cela, les prophètes le passent au tamis des Écritures pour en faire jaillir de la lumière, celle qu’on peut entrevoir tout au bout du tunnel.

Grâce à Dieu et si on regarde bien autour de soi, on est rassuré : le cercle des prophètes n’a pas disparu ! En tout cas, on peut trouver de la graine prophétique dans trois interventions publiques récentes d’hommes d’Église. Leur point commun est d’apporter des réponses signifiantes à ceux qui broient du noir en entretenant et en propageant l’idée que la tradition catholique en Europe serait en fin de vie. 

Une nouvelle liberté évangélique

Ainsi le cardinal archevêque de Bruxelles, Joseph De Kesel, estime-t-il qu’une stratégie contre-culturelle, se berçant de la nostalgie d’un passé qui ne passe plus dans la société, n’a aucune chance de stopper le processus de sécularisation en cours. Pis ! elle risquerait de réduire l’Église à une secte. Le prélat belge préfère miser sur une nouvelle vitalité chrétienne puisant son attractivité dans une liberté évangélique assumée, à l’exemple des moines de Tibhirine et des minorités chrétiennes dans le monde.

Un autre cardinal, le jésuite Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et futur rapporteur du prochain synode romain sur la synodalité, prend acte pour sa part que le discours catholique sur les questions sociétales n’est plus écouté parce qu’incompréhensible. Pour retrouver un échange opérationnel et fructueux avec la société, les chrétiens doivent, selon lui, nécessairement réapprendre à communiquer avec leurs contemporains. En parlant la même langue qu’eux et en leur manifestant aussi un surcroît de sympathie et même d’empathie. 

Enfin, le prêtre, théologien et sociologue tchèque Tomas Halik invite les catholiques européens à avoir le courage de regarder en face les réalités : à savoir de reconnaître la mort historique d’une forme de vie ecclésiale qui comme on dit, a fait son temps, comme d’autres auparavant. Le courage consiste également pour eux à investir leur imagination et leur foi dans l’invention de moments et d’espaces nouveaux capables d’accueillir les chercheurs spirituels qui peuplent l'Europe. 

Ces trois interventions pourront paraître audacieuses et même déplaisantes aux yeux de certains. Qui pourrait s’en étonner ? « Nul n’est prophète en son pays » lit-on dans l’Évangile. Reconnaissons toutefois à leurs auteurs le mérite d’exposer publiquement le fruit de leurs réflexions et d’augmenter ainsi la lumière de nos lanternes pour traverser le tunnel dans lequel nous sommes.

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