En 1963, le pape Jean XXIII, canonisé en 2014, publiait une encyclique qui a fait date, Pacem in terris. Premier texte de la papauté moderne adressé à « tous les hommes de bonne volonté », l’encyclique veut traiter de la paix entre les nations dans le contexte nouveau des armes atomiques. Nous sommes quelques mois après la crise de Cuba qui aurait pu être le début d’un conflit sans précédent entre les États-Unis et l’URSS. Dans la droite ligne des autres textes de Rome qui constituent la Doctrine sociale de l’Église, Jean XXIII consacre un chapitre entier à l’autorité publique avant d’évoquer plus tard les relations internationales. Ce sont ces articles-là qui nous intéressent ici.
Le paragraphe 48 dit ainsi : « si le pouvoir s’appuie exclusivement ou principalement sur la menace et la crainte des sanctions pénales ou sur la promesse des récompenses, son action ne réussit aucunement à susciter la recherche du bien commun ». Le Saint-Père vient d’expliquer comment l’autorité publique se doit d’agir en vue du bien commun, c’est-à-dire de garantir les conditions qui permettront à chacun d’atteindre sa perfection. Mais, comme le dit l’adage, « la fin ne justifie pas les moyens ». Aussi légitime et bon soit-il, l’objectif d’un gouvernement ne permet pas que soient utilisées pour y parvenir des dispositions moralement mauvaises.
La conscience des citoyens
En fait, Jean XXIII estime que gouverner par la contrainte est contraire à « la dignité de l’homme, être libre et raisonnable ». Si donc l’autorité publique veut agir pour que chacun puisse parvenir à la perfection, il se doit de le faire en faisant appel à la conscience de ses citoyens. C’est le sens de cette assertion : les détenteurs de l’autorité doivent « faire appel en premier lieu à la conscience, au devoir qui incombe à tous de servir avec empressement les intérêts communs » (§48). Ainsi conçue, une décision politique répond à la fois à la dignité de chacun et à la recherche du bien commun, puisqu’une conscience éclairée recherche le Bien, qui n’est jamais éloigné de la charité.
Si l’on revient au pass vaccinal, on devine la complexité de l’action politique dans ce domaine, qui doit aussi tenir compte de l’inconstance sanitaire. En suivant saint Jean XXIII, il faut d’abord examiner la légitimité d’une telle loi à l’aune de notre conscience, qui demeure toujours libre. Cependant, il revient à chacun de l’éclairer… et de vouloir le Bien !