Isabelle, 38 ans, maman de deux garçons en bas âge, a toujours été une femme dynamique. C’est ce que Paul, son mari, a remarqué en la rencontrant pour la première fois chez des amis communs à Lille, ville où ils habitent aujourd’hui. Une vraie boute-en-train, toujours en mouvement, créative et tonique. Depuis la naissance de leur premier enfant, Isabelle a décidé de travailler comme rédactrice indépendante pour différentes maisons d’édition. Perfectionniste, elle avait l’impression que marier la vie familiale et professionnelle était chose possible, à condition seulement de bien s’organiser.
À l’époque, elle s’étonnait sincèrement que ses autres amies se plaignaient de ne pas y arriver. Mais un an et demi après la naissance de son deuxième fils, tout a changé. Un matin, alors qu’elle devait partir à Paris pour une formation d’une journée, Isabelle s’écroule sur son lit, incapable de se lever. "J’ai eu le choc. J’avais le sentiment d’étouffer, d’être complètement paralysée par une sorte d’impossibilité d’agir et de faire face à n’importe quel obstacle", confie-t-elle à Aleteia.
Ce sentiment d’impuissance qu’Isabelle a connu où faire le geste le plus banal paraît au-dessus de nos forces, est bien connu des psychologues. Ses sources peuvent être anodines (fatigue due aux tâches quotidiennes), comme elles peuvent être dramatiques (quand, par exemple, elles sont liées à la maladie d’un proche ou à une injustice vécue au travail). Cette expérience est douloureuse car la personne qui la vit se rend compte soudainement qu’elle n’est pas toute-puissante. Et si elle parvient à surmonter les premiers obstacles, elle se heurte, sans comprendre pourquoi, à des barrières insoupçonnées.
Trouver la paix du cœur
Pour le père Césaire Falletti, auteur de La garde du temps (Salvator), moine cistercien et l’ancien prieur du monastère Dominus Tecum de Pra’d Mill, dans le Piémont, en Italie, cette découverte trouble et fait très mal. Elle peut être dangereuse, en incitant au découragement et même à la résignation face à tous les obstacles de la vie petits et grands. Car avec le sentiment d’impuissance, le pire ennemi agit de l'intérieur : "Nous devenons pour nous-même des juges implacables qui condamnent sans appel, nous mettent en rage et nous blessent. A qui nous en prendre ? Il doit bien y avoir un coupable ! Mais même si nous l’identifions, le juge en nous ne se laisse pas duper par de faux alibis, et nous ne trouvons pas la paix du cœur", écrit-il dans son ouvrage.
Alors, comment sortir de ce piège ? Commencer par regarder la réalité en se disant : "Tu ne pouvais probablement faire mieux". Cette phrase qui, de prime abord, peut mettre en colère, est le premier pas vers la paix intérieure. Ensuite, le père cistercien propose la méthode de l’arc-en-ciel pour finir avec le sentiment d’impuissance et retrouver à nouveau la joie de vivre.
1La première couleur : sortir de sa cachette
Cette première couleur fait sortir la personne qui souffre de sa cachette. Elle accepte de ne plus se dissimuler à ses propres yeux, et de se laisser voir par les autres, dans son imperfection. "C’est peut-être la seule manière de découvrir que les autres nous aiment vraiment", explique le religieux.
2La deuxième couleur : accepter ses limites
C’est l’étape de l’acceptation de soi, de ses limites, de ses blessures, la condition pour commencer à s’aimer (de nouveau) un peu.
3La troisième couleur : accepter l’autre
Il s’agit d’accueillir l’autre dans une "relation qui s’établit au grand jour et refuse tout soupçon", souligne le père Césaire Falletti. Il conseille de répéter intérieurement cette phrase : "Je vis avec un a priori favorable, tout en gardant la vertu de la prudence."
4 La quatrième couleur : se libérer du "qu’en dira-t-on"
Cette attitude est fondamentale : ne plus avoir peur du regard de l’autre. Comment ? En apprenant à purifier son regard et en apprenant à dépasser les apparences pour rejoindre la réalité profonde de celui qui est en face.
5La cinquième couleur : être libre de "devoir être"
Pour le moine cistercien, il s’agit ici de trouver la liberté du devoir être, en découvrant en soi le désir de vivre et d’entrer en relation avec les autres, "libres de tout préjugé".
6La sixième couleur : faire la paix avec soi
Cette attitude consiste à faire la paix avec soi et avec les autres. "Se contenter de ce que l’on a, savoir que ce qui nous manque, peut nous être donné par les autres, mais sans nous inquiéter s’ils ne peuvent pas le faire ; aimer le prochain comme soi-même", explique le religieux. Voilà ce qui exige d’avoir un cœur serein, simple et content.
7La septième couleur : fixer l'horizon
Pour le religieux, la clé de la septième couleur de cet arc-en-ciel de la paix, c’est "savoir que nous sommes en chemin, que nous ne sommes pas encore arrivés et que le but est beau, devant nous". Il faut alors lever les yeux et apercevoir l’horizon. C’est à l’horizon que la lumière, la joie et la paix se rencontrent. "Si aujourd’hui nous sommes quelque part sur la route et nous ne sommes pas encore arrivés au but, ce n’est donc pas le moment de nous décourager ni d’abandonner le chemin", conclut-il.
Avec cet arc-en-ciel à visualiser et à méditer, il est plus facile d’avancer sans trop regarder en arrière. Et si le sentiment d’impuissance refait surface, l’espérance retrouvée permettra alors de le regarder en face sans peur en sachant que même s’il a rendu fragiles, il fait désormais partie du passé.