Pas de délégation de fidèles à l’aéroport, ni chant ni applaudissements à l’arrivée du pape François sur le tarmac. Pas non plus de signes de la visite du pape dans les rues, hormis les routes bloquées sur le passage de la Fiat 500 du chef de l’Église catholique. La Grèce orthodoxe a réservé un accueil digne mais relativement froid au pape François, qui a atterri à Athènes ce 4 décembre, en provenance de Chypre.
Un incident a d’ailleurs perturbé la rencontre du pontife avec l’archevêque orthodoxe d’Athènes Hiéronymus II dans l’après-midi. Le pape a été accueilli par son hôte à sa descente de voiture, devant les grilles de la villa, mais tandis qu'il gravissait les marches du perron, un prêtre orthodoxe âgé, au milieu des journalistes, s’est mis brusquement à hurler en grec “Pape, tu es hérétique !”. Le moment d’embarras n’a cependant duré que quelques secondes car le contestataire a été rapidement maîtrisé par les forces de l’ordre.
Dans la Salle du Trône richement décorée d’icônes, le pape François a ensuite demandé pardon à l’Église orthodoxe « pour les erreurs commises par beaucoup de catholiques ». La démarche de repentance du pape argentin, 20 ans après celle de Jean Paul II, a semblé faire écho au discours de Hiéronymus II qui, quelques minutes plus tôt, lui avait demandé d’avoir le courage et l’honnêteté de considérer les signes manquants et les omissions de ses prédécesseurs. Les Grecs reprochent notamment à Rome de n’avoir pas soutenu leur mouvement de résistance civile et civique sous l’emprise ottomane en 1821.
Bénissez la petitesse et accueillez-la
Le pape François a enchaîné avec un autre rendez-vous, cette fois dans la cathédrale catholique Saint-Denys l’Areopagite, où l’attendait une délégation plus chaleureuse. Des dizaines d’enfants clamait joyeusement “Viva il Papa !” et quelque 200 représentants de la petite communauté catholique, prêtres, religieux, catéchistes, ont applaudi avec ferveur son entrée dans la nef. Là, le pape a donné ses conseils aux catholiques minoritaires : « Bénissez la petitesse et accueillez-la. Elle vous dispose à faire confiance à Dieu et à Dieu seul. Être minoritaires […] ne veut pas dire être insignifiants, mais parcourir la voie ouverte par le Seigneur, qui est celle de la petitesse. »
Au début de sa journée en terre hellénique, l’évêque de Rome avait commencé par défendre la démocratie contre le « scepticisme » dont elle est aujourd’hui l’objet, notamment en Europe, continent déchiré par les « égoïsmes nationalistes ».
Devant les dirigeants du pays, au palais présidentiel, il a donné des indications pour une « bonne politique », dont l’attention prioritaire doit aller « aux membres les plus faibles de la société ». Et, défendant le serment d'Hippocrate, le pontife a plaidé pour « le droit aux soins et aux traitements pour tous », rappelant que la vie était « un droit » et que la mort devait être « accueillie et non administrée ».
Demain matin, le pape François quittera Athènes pour rejoindre l’île grecque de Lesbos. Cinq ans après, il y rencontrera de nouveau des réfugiés, avant de retourner dans la capitale grecque.