Après de graves accusations formulées dans une enquête du Point, Mgr Michel Aupetit a remis sa charge d’archevêque de Paris au pape François vendredi 26 novembre. La décision est donc, désormais, entre les mains du Saint-Père. Selon le Code de droit canon, "l’évêque diocésain qui, pour une raison de santé ou pour toute autre cause grave, ne pourrait plus remplir convenablement son office, est instamment prié de présenter la renonciation à cet office" (article 401). Mais qui dit présenter sa renonciation ne dit pas acceptation de ladite renonciation par le Pape.
Une décision qui revient au chef de l’Église catholique
Nommés par le souverain pontife, successeur du premier des Apôtres, les évêques ne sont responsables que devant lui. Ainsi, seul un pape peut accepter la démission d’un évêque. Dans la très grande majorité des cas, cela se fait par courrier, au moment du 75e anniversaire du prélat. Il s’agit en effet de l’âge de retraite canonique, auquel les évêques sont tenus de présenter leur démission. Le chef de l’Église catholique est alors libre de l’accepter ou non.
Dans la pratique, l’évêque adresse sa lettre au nonce apostolique de son pays, lequel la transmet à la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège qui à son tour fait suivre le courrier à la Congrégation pour les évêques. Le plus souvent, c’est cette dernière qui statue sur la suite à donner à la démission. Dans un premier temps elle se rapproche du nonce présent dans le pays afin de vérifier la crédibilité des informations, l’impact de ces dernières sur les fidèles du pays, le contexte etc. Il arrive dans certains cas « graves » que le Pape ordonne une visite apostolique, comme cela a été le cas en juin 2021 dans le diocèse de Cologne éprouvé par de nombreux scandales d’abus sexuels dont la gestion a été reproché à l'évêque. Une fois ce travail effectué, la Congrégation des évêques rend un avis qui est transmis au Pape. Quand un évêque est mis en cause, c’est systématique au Pape que revient la décision finale. Une décision qui peut suivre les recommandations formulées mais qui peut aussi ne pas les suivre.
Le pape François a par exemple refusé une première fois la démission présentée par le cardinal Barbarin, alors archevêque de Lyon, en mars 2019 en invoquant la présomption d’innocence mais qu'il a accepté la deuxième fois, en juin 2020. Plus récemment le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising (Allemagne), avait présenté quant à lui sa démission au pape François fin mai 2021 pour endosser la responsabilité de la crise des abus en Allemagne. Le pape François, dont il est proche, l’a refusée quelques jours après. Reconnaissant que "toute l’Église est en crise", il avait ainsi insisté sur la nécessité pour "chaque évêque" d’assumer ce moment critique en se demandant ce qu’il peut faire face à cette "catastrophe". Il lui avait également rappelé que l’apôtre Pierre avait lui aussi présenté sa "démission" au Christ, mais s’était quand même vu confier la mission de mener le Peuple de Dieu.
S’il juge que l’affaire en question suscite un "scandale public" qui risquerait d’ébranler ou d’entacher la foi des fidèles du diocèse le pape François pourrait accepter rapidement la renonciation de Mgr Michel Aupetit. A contrario, comme il l’a déjà montré par le passé pour Mgr Barbarin ou Mgr Marx, le pape François n’agit pas sous la pression médiatique et respecte la présomption d’innocence.
Une dernière hypothèse est celle de la "pause spirituelle". Fin septembre 2021, le pape François a ainsi accordé une" pause spirituelle" au cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, pour sa gestion des abus sexuels. "Afin d’initier un processus de réconciliation et de renouveau dans le diocèse de Cologne, le pape François accorde à l’archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, une pause spirituelle de la mi-octobre jusqu’au début du Carême de l’année prochaine", avait ainsi annoncé la conférence des évêques allemands lors d’une conférence de presse.