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COP26 : la projection occidentale du pape François

Cop26
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Louis Daufresne - publié le 04/11/21
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Notre chroniqueur Louis Daufresne, rédacteur en chef de Radio Notre-Dame, constate que le pape François assume son rôle de conscience de l’humanité de manière très occidentale : son discours aux participants à la COP26 de Glasgow est une projection dans l’action.

Si on écoute les oracles onusiens réunis à la COP26, la vraie bombe — à retardement — est celle de la dégradation de l’écosystème. Or n’est-ce pas le "modèle" productiviste occidental qui en est la cause ? Curieusement, les pays réputés anti-occidentaux sont silencieux. Les pays islamiques auraient beau jeu de faire converger leur culture et leur foi en promouvant une vision altermondialiste. Les populations vivant du Maroc à l’Indonésie souffrent de maux importés par l’Occident : l’exode rural provoqué par la centralisation des "ateliers" économiques (comme au Caire ou à Dacca), la dictature et la corruption engendrés par la rente pétrolière et gazière (comme en Algérie). On pourrait attendre que des jeunes voix musulmanes fournissent des bataillons de Greta Thunberg, que du haut de tous les minarets médiatiques, les imams appellent à prier et à se mobiliser pour la planète en péril, que les pays gavés de pétrodollars se démènent pour offrir des solutions innovantes aux générations de demain, bref que l’islam repeignent le monde en vert, du vert que le monde attend. Mais cette religion, ou ceux qui s’en réclament ou la représentent, semble refuser son rôle de grande conscience de l’humanité.

Le message du pape François

Du coup, c’est le Pape qui s’y colle, qui met la pression sur les décideurs. C’est lui qui parle de "maison commune", de "succession de crises" environnementales, économiques, humanitaires et sanitaires qui frappent en ce moment la planète et constituent peut-être aussi un moment avec des "occasions" à saisir, "que nous ne devons pas gaspiller". C’est lui qui parle de "notre besoin de construire ensemble, afin qu'il n'y ait plus de frontières, de barrières ou de murs politiques derrière lesquels nous pourrions nous cacher". C’est encore lui qui fustige le repli sur "l'isolationnisme, le protectionnisme et l'exploitation". "Nous ne sortons jamais d'une crise seuls, sans les autres", conclut François.   

Les Cop font une narration anxiogène du compte à rebours climatique.

Nul ne se demande ce que vient faire le successeur de Pierre dans cette galère climatique. Les apôtres étaient des va-nu-pieds, des pécheurs errants, venus parler d’un autre monde où la vie continue. Pourquoi s’attacher autant à l’ici-bas ? C’est le propre des religions séculières et païennes d’avoir peur du volcan. Normalement, l’Église prépare les âmes à la Jérusalem céleste. Depuis les années soixante, elle s’efforce en plus d’effacer son image inquisitoriale de toute-puissance terrestre, et là voilà les mains dans le carburateur d’une sorte de gouvernance mondiale. Espère-t-elle l’influencer ? Certainement. Veut-elle être dans le coup pour ne pas se voir reprocher son conservatisme ? Sans doute. Y voit-elle un moyen d’exercer un pouvoir qu’on lui dénie partout ailleurs en Occident ? On ne peut l’exclure. L’écologique (et le sanitaire) offrent de nouveaux terrains d’expérimentation du pouvoir. Les Cop font une narration anxiogène du compte à rebours climatique. L’Église se sent chez elle quand on lui parle d’apocalypse ; alors pourquoi ne pas prendre la main sur ce discours ? L’opinion est sommée de vivre suspendue aux décisions des quelques 200 pays réunis pendant deux semaines à Glasgow. Vont-ils contenir le réchauffement en dessous de 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle ? Pour beaucoup, nous dit-on, ce sommet de l'ONU constitue "la dernière chance d'y parvenir".

La solution est dans l’audace

On dit que le Pape actuel vient du nouveau monde, qu’il rompt les amarres avec l’Europe. Mais son discours démontre l’inverse : ses injonctions sont totalement conditionnées par une perception occidentale visant à se projeter dans l’espace (universalité), dans le temps (l’avenir prime sur le passé) et dans l’action (la solution est dans l’audace et l’innovation, pas dans la fatalité ni la répétition).

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