Au lendemain de la Toussaint, la commémoration des défunts, le 2 novembre, est l’occasion pour les chrétiens d’affirmer et de vivre l’espérance en la vie éternelle donnée par la résurrection du Christ. Ce dernier n’a-t-il pas dit : "Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour" (Jn 6, 40) ?
C’est saint Odilon, abbé de Cluny, qui institue en 998 dans tous ses monastères une journée consacrée à la commémoration de tous les fidèles décédés. Au lendemain de la Toussaint où l’Église fête tous les saints du Ciel, les moines célèbrent la messe pour les défunts. Le pape Léon IX approuve cette décision. La commémoration des fidèles défunts se répand alors dans toute la chrétienté. Au XIIIe siècle, elle entre dans la liturgie romaine et devient une fête universelle.
Commémoraison et intercession
Ce jour-là, les familles sont appelées à se souvenir de ceux qui les ont quittées, de les pleurer, de se rappeler tout le bien qu’ils ont pu faire, de leur pardonner… Don Paul Denizot, recteur du sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, invite à entreprendre cette démarche avec "la foi et l’espérance qui nous disent que ce lien qui nous lie à nos défunts, ce lien d’amour, ne connait pas d’intermittence avec la mort, et qu’au contraire selon la foi de l’Église, ce lien est renforcé par l’échange de biens spirituels" (Lumen Gentium).
Au-delà du souvenir, le 2 novembre est aussi un jour de prière. "S’ils sont au Ciel, ce lien ne fait que grandir. S’ils sont en Purgatoire, notre prière peut non seulement les aider dans ce temps de purification, mais rend efficace leur intercession pour nous", souligne encore Don Paul Denizot.
"Portons-leur secours"
Les messes célébrées ce jour-là le sont à l’intention de tous les défunts. Les personnes ayant perdu un proche durant l’année sont tout particulièrement invitées à participer à cette célébration. Une manière de confier à la communauté ses défunts, et de confesser en Église sa foi en la résurrection et en la vie éternelle. C’est aussi l’occasion de faire dire des messes pour des proches décédés. Dans une de ses homélies, saint Jean Chrysostome exhorte en ce sens : "Portons-leur secours et faisons leur commémoraison. Si les fils de Job ont été purifiés par le sacrifice de leur père (cf. Jb 1, 5), pourquoi douterions-nous que nos offrandes pour les morts leur apportent quelque consolation ? N’hésitons pas à porter secours à ceux qui sont partis et à offrir nos prières pour eux."
Dans sa magnifique lettre encyclique sur l’espérance chrétienne, Benoît XVI souligne la profonde interaction qui existe entre les vivants et les défunts. "Grâce à l’Eucharistie, à la prière et à l’aumône, "repos et fraîcheur" peuvent être donnés aux âmes des défunts", écrit Benoît XVI dans sa lettre encyclique Spe salvi (Sauvés dans l’espérance, 2007).
"Nos existences sont en profonde communion entre elles, elles sont reliées l'une à l'autre au moyen de multiples interactions. Nul ne vit seul. Nul ne pèche seul. Nul n'est sauvé seul. Continuellement la vie des autres entre dans ma vie: en ce que je pense, je dis, je fais, je réalise. Et vice-versa, ma vie entre dans celle des autres: dans le mal comme dans le bien. Ainsi mon intercession pour quelqu'un n'est pas du tout quelque chose qui lui est étranger, extérieur, pas même après la mort. Dans l'inter-relation de l'être, le remerciement que je lui adresse, ma prière pour lui peuvent signifier une petite étape de sa purification."