Comment aider un jeune plant à bien grandir si le jardinier le laisse être balloté au gré du vent et des intempéries ? Ne vaut-il pas mieux lui dédier un tuteur, qui le soutiendra le temps qu’il prenne davantage de force, qu’il ancre ses racines, et soit capable de continuer à grandir paisiblement, inexorablement, avec droiture ? Ce petit tuteur, cette petite brindille qui lui permet d’axer sa vie dans la bonne direction, ce sont en premier lieu ses parents.
L’autorité est un lieu pour corriger avec bienveillance chaque enfant selon sa nature. Une saine autorité attend de l’enfant qu’il progresse… ce qui laisse donc de l’espace à l’échec, aux ratés et aux refus. Par exemple, un adulte ne peut pas forcer l’enfant à travailler. Éventuellement il peut le contraindre de rester assis à son bureau, mais si l’enfant a décidé de ne pas apprendre sa leçon, les parents sont bien impuissants, et se retrouvent dans une impasse. L’autorité n’est donc pas un rapport de force, un bras de fer entre l’enfant qui voudrait s’affirmer et le parent qui se sentirait plus légitime de décider pour lui. L’autorité va au-delà de l’obligation, elle est d’un autre ordre. Une saine autorité apprend à l’enfant à exercer sa liberté.
Une saine autorité et une exigence bienveillante passent par l’acceptation que l’enfant choisisse son propre chemin. Antoine de Saint Exupéry écrivait dans le Petit Prince, "c’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante". Dans la petite enfance, cela demande un grand investissement de la part des parents, en temps, en énergie, en soutien, pour indiquer les possibles, les options qui permettent de vivre en bonne intelligence, de choisir le Bien. Les graines semées en ce temps donneront de beaux fruits.
Le Christ aussi a passé du temps avec ses apôtres, en les enseignant encore et encore, avec patience et en parlant "avec autorité" disent les Écritures. Il parlait avec autorité mais sans rapport de force, sans cris et sans humiliation dans ses mots. De même les parents sont invités à savoir se rendre disponibles quand il le faut pour jouer, rire, pour une discussion en profondeur, un échange sur une difficulté rencontrée, un moment de tendresse pour réconforter d’une épreuve. Un enfant qui se sent écouté et compris est plus enclin à accepter l’autorité car il sait que cette autorité est là pour le soutenir, pas pour l’étouffer.
Plus les enfants grandissent, plus ils ont besoin de constance, besoin de s’appuyer sur le socle de leur famille, besoin que les racines tiennent pour leur permettre de grandir. Ils ont besoin que les valeurs persistent pour prendre leur envol et vivre leur mission sur cette terre. Ils vont s’approprier certaines des valeurs familiales, en rejeter d’autres, créer leur propre personnalité d’adulte et devenir un être unique avec une vocation dans le monde, mais ceci est une autre histoire.