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Abus sexuels sur mineurs : comment demeurer attentif aux signes de son enfant

SAD CHILD
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Mathilde de Robien - publié le 19/10/21
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S’il s’avère difficile de détecter une situation d’abus sexuel, deux pistes sont cependant à privilégier pour favoriser la prise de parole de son enfant : l’éduquer, en amont, à la vie affective et sexuelle, et demeurer attentif aux signaux d’alerte.

« Les enfants ont une telle capacité à masquer les faits qu’il est extrêmement difficile et délicat de détecter une situation d’abus sexuel », explique à Aleteia Véronique Lemoine Cordier, psychologue et psychothérapeute. Les récentes révélations de la Ciase, ainsi que les derniers chiffres avancés par les associations de victimes, sont accablants. Le rapport Sauvé évalue à 330.000 le nombre de mineurs victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise entre 1950 et 2020. Une enquête réalisée fin 2019 pour l’association Mémoire traumatique et victimologie estime que chaque année, en France, 130.000 filles et 35.000 garçons subissent des viols et tentatives de viols. Comment protéger et mettre en garde son enfant ? Quels sont les signaux d’alerte ? Réponses avec Véronique Lemoine Cordier.

Aleteia : Il semble courant, dans des cas d’abus sexuels sur mineurs, que les enfants abusés ne parlent pas, et ce durant de nombreuses années. Pourquoi gardent-ils le silence ?
Véronique Lemoine Cordier : Les raisons sont multiples. D’abord, les abus sexuels touchent tellement l’enfant dans sa dignité que ce dernier se sent faussement coupable. Il éprouve une honte telle qu’il ne peut pas le dire. Très souvent, l’agresseur lui ordonne de garder le secret, jusqu’à parfois le menacer, donc l’enfant a peur, tout simplement. Enfin, l’enfant peut être désemparé face à cette confusion entre l’image qu’il a de son agresseur et l’image qu’en a sa famille : si l’agresseur est un ami de la famille, apprécié, voire vénéré, l’enfant se dit que sa parole n’a pas de poids face à la renommée de son agresseur. C’est pourquoi l’entourage doit demeurer attentif, réceptif à d’éventuels signes. Certains parents se croient à l’abri de ce genre d’abus, « cela n’arrive qu’aux autres ! » et sont peut-être moins réceptifs à des petits signes qui pourraient être lancés.

Quels sont justement ces petits signes ? Y a-t-il des signes qui « ne trompent pas » ?
Les situations d’abus sont extrêmement difficiles à détecter car les mêmes symptômes peuvent être imputés à des causes différentes, parfois bénignes ! Un enfant victime d’abus sexuels peut se replier sur lui-même, développer des troubles du sommeil ou de l’appétit, mais tous les enfants qui présentent ces troubles-là ne sont pas abusés sexuellement ! Il peut être sujet à l'énurésie ou à l’encoprésie, à des agitations anxieuses. On peut également observer un effondrement scolaire. Un signal plus explicite serait une réticence à aller à un endroit dans lequel il allait volontiers auparavant. On peut enfin constater, et ce sont là des signes très marqués, un langage très cru par rapport à la sexualité, qui n’est pas ajusté à son âge, ou des dessins très sexualisés, ou encore des jeux, avec d’autres petits enfants, hypersexualisés aussi. Autant d’attitudes qui doivent attirer l’attention.

Comment, en ce cas, favoriser la prise de parole ?
En amont, il est essentiel d’entreprendre l’éducation affective et sexuelle de son enfant dès le plus jeune âge, c’est-à-dire dès 3 ans. Et d’en parler régulièrement. Pas tous les trois ou cinq ans mais tous les ans ! Déjà parce qu’on ne dit pas la même chose lorsque l’enfant a 3, 5 ou 8 ans. Et parce qu’il est important de lui répéter que son corps est un bijou et que personne n’a le droit d’y toucher. La liberté de parole sur ces questions-là est essentielle. Sans lui faire peur en lui dévoilant ce qui pourrait arriver, il est bon de lui expliquer la beauté de l’amour, de l’éduquer à l’amour et de le mettre en garde contre tout ce qui pourrait porter atteinte au respect qu’il se doit et que les autres lui doivent.

Plus ce travail de prévention est présent, régulier, plus il est facile ensuite de tendre des perches pour favoriser la parole à propos de gestes qui n’ont pas lieu d’être. Cette démarche lui démontre en même temps que ses parents sont ouverts, à l’écoute, qu’ils peuvent entendre ce que l’enfant a à dire.

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