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L’abandon des réfugiés dans des camps de misère, une honte insupportable

Une famille kurde vivant dans le camp de la jungle de Calais, emballant ses affaires pendant que l'équipe de police attend d'opérer l'expulsion.

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Benoist de Sinety - publié le 17/10/21
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Tandis que les grands de ce monde s’apprêtent à renouveler de belles promesses sans lendemain à la Cop26, des malheureux sont livrés au néant dans les camps de misère de Calais ou Grande Synthe. Pour le père de Sinéty, cette hypocrisie est une honte.

La Cop26 qui débutera le jour d’Halloween est-elle condamnée à être une marche funèbre ? De la jeune Greta à la vénérable reine Élisabeth, beaucoup sont ceux qui semblent l’anticiper. En gros : beaucoup de blablas, quelques miles en plus sur les cartes de fidélités des compagnies aériennes empruntées assidûment par nos dignitaires de la question écologique, quelques repas et discussions de couloirs. Et pour finir, la main sur le cœur et des sanglots dans la voix des serments irrévocables. Et puis rien. Ou plutôt l’acceptation d’un non-contrôle des engagements signés, ce qui revient en fait à baisser les bras.

Et pendant ce temps, cela brûle de partout. Les Nations-unies seraient bien inspirées de mettre en place des instruments coercitifs et indépendants qui mesurent et rendent compte avec précision des promesses tenues et des mensonges entretenus. Et pendant ce temps-là, ils sont toujours plus nombreux à chercher un avenir hors de leurs pays natals, et à venir dans des camps de misère que la République française laisse sans vergogne s’embourber dans la vermine et le mépris. 

Il faut qu’on le dise et qu’on le répète, il y a aujourd’hui des hommes et des femmes, des enfants et des bébés, oui des bébés, qui survivent là où nous n’accepterions pas de voir un animal être abandonné. Ils dorment comme ils peuvent sous des abris de fortune, des tentes le plus souvent, battus par le froid et la pluie, les pieds dans les déjections, cachés des riverains, dans des champs qu’on a labouré aux deux tiers pour être certains qu’ils ne s’étendraient pas. Ils doivent marcher dix bonnes minutes sur des sentiers glissants et incertains pour aller chercher une nourriture que des volontaires admirables leur cuisinent chaque jour, qu’ils reçoivent chaude mais absorbent froide, ou pour se faire soigner. Car bien entendu, personne ne peut officiellement les approcher.

Il est insupportable pour la morale, pour le bon sens et pour tout ce qu’il y a de sacré dans la vie, que des êtres humains puissent être ainsi ramenés à l’état du néant.

Il est insupportable pour la morale, pour le bon sens et pour tout ce qu’il y a de sacré dans la vie, que des êtres humains puissent être ainsi ramenés à l’état du néant. Surtout lorsque ceux qui nous dirigent ou aspirent à le faire répètent inlassablement leur attachement à l’histoire d’un pays, le nôtre, qui aspire à être un modèle en matière de liberté et de droits des personnes. On pourra bien objecter ce qu’on voudra, rien ne peut justifier l’injustifiable. Ce qui se passe à Calais, à Grande Synthe et dans bien d’autres lieux doit être montré, dénoncé et ne souffrir aucune tentative de justification. Cela est indigne, point final. Nous prenons froidement en otage ces personnes dans nos guéguerres contre les Britanniques, ou dans nos petites combines politiciennes, aussi sûrement que ces malheureux furent pris en otages par les milices libyennes, les mafias italiennes et le trafic des passeurs.

Depuis quelques jours, trois personnes ont débuté une grève de la faim à Calais. Librement, ils disent ne plus supporter cette honte que notre État nous oblige à assumer de par son inaction volontaire et cynique. Les esprits forts expliqueront doctement que nous cédons au piège de l’émotion. Il me suffit de leur souhaiter de ne jamais avoir à regarder leurs bébés dans la boue, sous la pluie, avoir faim et ressentir la peur dans les yeux de ceux qui devraient le rassurer et ne peuvent le protéger.

Les discours de Glasgow resteront inaudibles et franchement insupportables tant que ceux qui s’en congratulent n’auront pas relevé leurs manches et pris le risque de crotter leurs bas de pantalon et leurs souliers vernis, en allant à la rencontre de ceux qui crient de misère, rejoignant ainsi le cri d’une Création toujours plus maltraitée par ceux qui ne veulent plus, désormais, partager.

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