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Tout augmente ! En route vers les pénuries

GAZ
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Jean-Baptiste Noé - publié le 30/09/21
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Gaz, électricité, pétrole, légumes, viande, céréales... les prix des matières premières connaissent une inflation croissante, conjuguée à des pénuries. En cause : un redémarrage de l’économie après deux années de ralentissement causé par les confinements, mais aussi des problèmes structurels dans certains secteurs.

Personne n’échappera à l’inflation qui concerne l’ensemble des matières premières et qu’elle se manifeste à l’échelle du monde. À des facteurs purement conjoncturels s’ajoutent des facteurs structurels, dont la politique monétaire de la BCE n’est pas la moindre des causes. Les confinements décrétés par presque tous les pays du globe à partir de mars 2020 ont mis les systèmes de production sous cloche et à l’arrêt. Désormais que les échanges sont de nouveau possibles, l’économie repart. 

Si cela est une bonne chose, il faut du temps pour que les usines et la logistique mondiale retrouvent leur fonctionnement habituel. La demande étant plus importante que l’offre, des pénuries se font sentir, ce qui provoque cette hausse des prix. Cette surchauffe devrait être passagère, le temps que les acteurs économiques retrouvent leur rythme de croisière, mais empêche en attendant une bonne reprise de l’économie mondiale et provoque des blocages de certaines chaînes de production. 

La presse est ainsi touchée par des pénuries de papier qui fait augmenter le coût de cette matière première et rogne donc les marges d’une industrie déjà fragile. Des tensions alimentaires commencent à se faire sentir, intensifiées par un printemps et un été pluvieux en Europe. La récolte française de céréales ne sera pas bonne, ce qui va porter préjudice à tous ceux qui achètent des grains aux agriculteurs français. 

À cette hausse conjoncturelle s’ajoute, de façon plus inquiétante, une inflation causée par des manquements structurels. C’est le cas notamment de l’énergie et en particulier de l’électricité. Le choix fait par certains pays d’Europe de réduire la part de l’électricité produite par le nucléaire engendre une baisse de la production électrique que les éoliennes sont bien incapables de compenser. L’Allemagne compte sur le gaz russe comme source d’énergie principale, complétée par une part d’éolien. Outre que cela revient à se mettre sous la dépendance de la Russie, l’abandon du nucléaire n’a pas encore été compensé par le gaz de Moscou, le gazoduc Nord Stream 2 n’étant pas encore opérationnel, même si Gazprom a annoncé l’achèvement des travaux le 10 septembre dernier. L’Italie elle aussi est confrontée à de graves pénuries. Le 1er octobre, les tarifs du gaz vont augmenter de 15% et ceux de l’électricité de 30%. Une mauvaise nouvelle pour les particuliers mais également pour toute la chaîne de production, et notamment les industries.

La conjonction d’une reprise de l’activité économique associée à une baisse de la production énergétique promet des troubles durant les semaines hivernales.

La France connaît les mêmes travers. La fermeture de la centrale de Fessenheim n’est pas encore compensée. Le pays devra acheter du gaz à l’Allemagne pour pallier cette non-production, ce qui le mettra sous la dépendance de Moscou et de Berlin. En attendant, si le black-out a été évité de peu au cours de l’hiver 2020-2021, il n’est pas certain que nous y échappions cette année. La conjonction d’une reprise de l’activité économique associée à une baisse de la production énergétique promet des troubles durant les semaines hivernales. Troubles d’autant plus certains que l’électricité issue de l’éolien et du gaz coûte plus cher que celle issue du nucléaire, en dépit des subventions importantes dont bénéficie l’éolien. Or, sans énergie, c’est toute la chaîne de production économique qui se trouve pénalisée. Agriculture, industrie, hôpitaux, services… tous sont concernés. La mise en place de groupes électrogènes ne fera qu’alourdir leur facture énergétique. 

Pour tenter de relancer l’économie, la Banque centrale européenne s’est lancée dans une politique d’inflation monétaire consistant à baisser les taux d’intérêt pour encourager les emprunts et augmenter la masse monétaire en circulation. Une masse colossale de monnaie circule actuellement, ce qui fait le bonheur à court terme des investisseurs, prêts à s’engager dans des projets dont beaucoup ne tiennent pas la route. Mais cela contribue aussi à accroître l’inflation. Les projets d’investissement futiles, mais à fort rendement immédiat, captent les investissements, quand les investissements lourds et coûteux, à rendements lointains, souffrent de difficultés. Or ces investissements industriels lourds, que ce soit dans l’énergie ou l’informatique, sont indispensables pour la production de demain. 

La faiblesse des taux d’intérêt provoque une hausse des prix de l’immobilier bien visible en France. Si cela est une bonne chose pour les personnes installées qui souhaitent vendre leur logement, la situation est beaucoup plus pénible pour ceux qui tentent d’accéder au marché immobilier. Les mégapoles mondiales étant en concurrence pour les grands investissements, ce phénomène se joue à l’échelle européenne et occidentale. Si pour l’instant les pénuries et les hausses de prix n’ont pas encore de conséquences lourdes dans la vie quotidienne et le fonctionnement économique, des difficultés sont à craindre avec l’arrivée de l’hiver d’une part et le retour à un fonctionnement économique normal d’autre part. Loin d’être dématérialisée et située quelque part dans le cloud, l’économie est bien quelque chose de matériel, qui repose sur des choses tangibles qui dépendent des événements qui peuvent se passer dans d’autres pays. Énergie, nourriture, matériaux de transformation, tous ces éléments sont indispensables au fonctionnement des sociétés.

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