Pour les personnes touchées, une addiction a le même effet qu’un caillou dans la chaussure : ça attire trop souvent l’attention et, à la longue, ça fait très mal. Mais en mettant un petit caillou dans sa poche, on introduit un grain de sable dans la mécanique addictive infernale. C’est la reconnexion.
De multiples raisons peuvent faire basculer dans une addiction comportementale, dont la pornographie, la masturbation, etc... : un manque de motivation à vivre, une estime de soi et une confiance en soi blessées, un déficit d’identité, une honte et une culpabilité inhibantes, une difficulté à gérer ses émotions, un lien d’attachement insuffisant, un traumatisme... Parmi ces causes, une revient souvent : la coupure d’avec son corps.
Or, ce n’est jamais le corps qui provoque les actes compulsifs, y compris ceux liés à la sexualité, à la chair. Le seul responsable, c’est toujours le cerveau, par le biais de pensées inadaptées, obsessionnelles dont on perd le contrôle et auxquelles on se soumet. Le corps n’est pas l’ennemi ! Il ne demande rien, sauf qu’on prenne soin de lui. Dans la dynamique de reprise de contrôle de soi, il constitue pour chacun un allié, un appui solide.
Se reconnecter à son corps, c’est nécessairement s’ancrer dans l’ici et maintenant ainsi que revenir dans le réel. Cette pratique entraîne plusieurs effets positifs : elle fait cesser l’anticipation maladive de la "récompense" addictive. Elle détourne l’attention des pensées et aide le cerveau à se mettre sur off. Enfin, elle apaise les fonctions organiques emballées par les émotions et par l’excitation (cœur, souffle, ventre, bas-ventre).
Cette reconnexion, chacun de nous peut s’y entraîner dans la vie de tous les jours, en préventif comme en curatif : penser à respirer (inspirer, expirer) de manière plus consciente, se rendre attentif à ses sensations internes (ce que "ça fait" dans le cœur ou le ventre, par exemple) et enfin, se mettre en état de réceptivité avec l’un de ses cinq sens.
C’est justement cette dernière que l’on pratique, sans en avoir l’air, en plaçant un petit caillou dans la poche : à chaque fois que nous prenons conscience de sa présence, n’importe où et quand, nous pouvons décider de porter toute notre attention sur cet objet. Avec le toucher, d’abord : quelle est sa forme, son poids, sa texture ? Mais aussi avec les autres sens.
Certes, cet exercice tout simple n’est pas suffisant. Sortir d’un addiction nécessite en effet un travail de fond dans la durée sur toutes les dimensions de la personne : mentale, émotionnelle corporelle, comportementale, spirituelle. Mais faire passer le caillou de la chaussure à la poche a quand même un grand avantage : cela soulage le pied et permet d’avancer plus léger. Alors en route, car la vie, la liberté et l’amour n’attendent plus !