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À Serre-Ponçon, le lac a tout englouti, sauf la chapelle !

chapelle saint michel de prunières
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Caroline Becker - publié le 28/09/21
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Sur le lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), une petite chapelle semble émerger des eaux. Mais pourquoi a-t-elle été construite sur un îlot si isolé ?

Posée fièrement sur son îlot, la chapelle Saint-Michel est l'emblème du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes). À tel point qu'elle fait partie des églises les plus photographiées du département. Sa position est étonnante. Comment expliquer qu'elle ait été construite dans un endroit si reculé et inaccessible ?

Son histoire commence au XIIe siècle. L'abbaye de Boscodon, située à une quinzaine de kilomètres de la chapelle, possédait un prieuré dominant la vallée de la Durance. La petite chapelle en faisait partie. Détruite au XVIe siècle par les troupes du duc de Savoie, elle est reconstruite au XVIIe siècle et devient rapidement un lieu de pèlerinage pour les paroissiens des villages voisins de Chorges et Prunières. Tous les ans, une procession était organisée le 29 septembre, jour de la saint Michel. À noter qu'à cette époque là, aucun lac n'existe autour...!

La seconde partie de son histoire commence dans les années 1950. La vallée, qui est en proie à de nombreuses crues dévastatrices, chercher à dompter La Durance, la rivière qui se jette dans le Rhône. Et la seule solution est de créer un grand barrage. La construction démarre en 1955 et prend fin en 1961. De là est né le célèbre lac artificiel de Serre-Ponçon au milieu des montagnes. Si le site s'avère idéal pour réaliser ce barrage, la mise en eau oblige les autorités publiques à sacrifier plusieurs villages et notamment la chapelle Saint-Michel... ! Alors que sa destruction est programmée, les autorités réalisent que grâce à son promontoire, la chapelle s'élève à une altitude supérieure à la côte maximal du lac fixée à 780 mètres. Une bonne nouvelle qui permet donc de l'épargner !

chapelle de prunières

Aujourd'hui, cette jolie chapelle, propriété du Conseil départemental — et non de la commune — demeure l'unique témoignage des villages et hameaux engloutis. Son cimetière, qui l'entourait, a cependant disparu sous les eaux.

Entourée d'un mur protecteur pour la protéger d'actes de vandalisme, plus aucune messe n'est célébrée à l'intérieur. Considérée pendant longtemps comme désacralisée, la chapelle est pourtant toujours affectée au culte. Interrogé par Aleteia, l'ancien curé de Prunières, le père Charles Troesch, qui a desservi la paroisse pendant dix ans, le confirme. "On a cru pendant longtemps qu'elle était désacralisée parce que plus personne ne s'y intéressait. C'est en fouillant dans les archives que j'ai découvert que la chapelle était toujours affectée au culte. J'ai donc demandé au Conseil départemental de récupérer les clés. Nous les avons reçu officiellement le 31 août dernier", confie-t-il fièrement.

chapelle de prunières

Si l'état intérieur de la chapelle, très délabrée, ne permet plus d'officier, quelques messes sont célébrées sur les bords de l'île, quand le niveau de l'eau permet d'y accéder à pieds, notamment au mois de février. "Quelques pèlerinages et des messes peuvent avoir lieu, mais cela se décide un peu à la dernière minute en fonction de la montée des eaux", précise le père Troesch. "Quand l'île est entièrement entourée d'eau, l'accès est interdit car c'est un lieu protégé où se reproduisent des oiseaux".

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