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Jésus, le Poète du monde

SANTA TERESA LISIEUX
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Michel Cool - publié le 26/09/21
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Réunis cette semaine à Lisieux, les communicants de l’Église de France ont médité sur le génie communicateur de la petite Thérèse. Pour notre chroniqueur Michel Cool, la patronne des missions avait un secret : elle était une artiste. Elle a fait de sa vie un poème de louange à Jésus, le Poète du monde.

À Lisieux, 250 communicants en Église ont participé à une rencontre sous l’égide de la Conférence épiscopale sur le thème : « Communiquer l’Espérance ». En assemblées et en ateliers, ils se sont renseignés durant trois jours sur les expériences et les stratégies déployées ici où là pour améliorer leur communication dans, ce qu’il faut bien appeler, un océan d’indifférence et de méfiance. Dit autrement, ces représentants laïcs, clercs ou religieux d’associations ou de services diocésains, ont cherché par quels moyens démentir l’avis dépité, mais pas irréaliste, exprimé il y a peu par un évêque : « Nous n’intéressons pas beaucoup nos contemporains. » 

Pour relever ce défi, le recteur du sanctuaire thérésien, le père Olivier Ruffray, a invité les participants à prendre de la graine chez sainte Thérèse, présentée en « grande communicante de l’Espérance ». Il est vrai que le palmarès de cette carmélite, dont la vie fut brève et effacée, est impressionnant ! Promue à grande vitesse aux plus hautes distinctions de l’Église, Thérèse est l’auteur d’un best-seller mondial, juste devancé par la Bible et Harry Potter, et elle est l’une des saintes du calendrier les plus connues et les plus aimées dans le monde. Par les croyants et par une multitude de mécréants et de chercheurs de sens. 

 André Malraux jurait que l’art rendait les hommes plus fraternels. Le Dieu de Thérèse lui donne raison : en faisant de la vie de cette petite Normande une œuvre d’art, il offre au monde une figure universelle de fraternité.

L’un des secrets de cette indémodable et fascinante popularité : Thérèse était une artiste. Dépourvue de tout génie théorique, elle était en revanche nantie d’une sensibilité artistique qui lui permit de partager sa spiritualité au plus grand nombre. Avec ses dessins, ses pièces de théâtre, ses poésies et ses écrits spirituels, elle a mis son âme à nu. Elle s’est dévoilée avec une simplicité, une authenticité et une empathie désarmantes. Elle s’est laissée mener par le souffle de l’Esprit, comme un enfant courant derrière son cerf-volant.

Elle s’est ainsi hissée aux cimes de l’art d’aimer. Elle a créé avec ses semblables un cœur à cœur qui dure et durera longtemps. Si elle inspire autant d’artistes de cultures et de styles différents, c’est parce qu’ils sentent intuitivement qu’elle fait partie de leur compagnie. André Malraux jurait que l’art rendait les hommes plus fraternels. Le Dieu de Thérèse lui donne raison : en faisant de la vie de cette petite Normande une œuvre d’art, il offre au monde une figure universelle de fraternité. Une fraternité qui a en prime le visage de l’enfance éternelle. 

Si ce miracle est possible, on l’oublie trop, c’est parce que Dieu est lui-même poète. La chanteuse Angélique Ionatos, récemment disparue, fut une admirable interprète et traductrice de poètes grecs antiques et modernes. Elle aimait rappeler que dans les traductions grecques de la Bible, Dieu est un démiurge, le « Poète du monde » : il est le créateur, l’animateur, le veilleur de l’humanité. Le moine bénédictin et poète Gilles Baudry aime voir aussi en Jésus le plus grand de tous les poètes : s’il n’a pas écrit de vers, il a parlé en paraboles. Mais surtout, souligne le moine-poète de Landévennec, le Christ incarne l’indicible, l’invisible et il transfigure le réel. C’est pourquoi sa vie et son message ont une portée poétique fulgurante. Leur poésie peut rejoindre la poésie de chacun quels que soient son milieu, son âge ou son rang. La poésie n’est pas la littérature d’une élite, elle est la vulgate des « cœurs simples », des « doux », des « cœurs purs », ces bien-aimés cités par le plus parfait des hommes dans le Sermon sur la montagne. 

L’art, sous toutes ses formes, est la voie royale de la communication de l’Espérance. La poésie a ce privilège d’ouvrir une voie initiée par les disciples d’Emmaüs : celle de recouvrer l’espérance en marchant avec des inconnus, en se laissant convertir par des rencontres. Sur ce chemin on peut retrouver l’enthousiasme du messager ; l’audace du disciple qui parle de l’espérance avec sincérité, mais qui surtout la communique par toute sa vie. Faire de son témoignage un poème, faire de sa vie un Alléluia, c’est rendre grâce au Poète du monde. Quand on est impuissant face au malheur de nos contemporains, découragé par les scandales qui défigurent l’Église, il faut lire sans attendre les poètes, à commencer par le premier d’entre eux : car le Christ Jésus est là pour que le désespérance n’ait jamais le dernier mot.

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