Depuis 2013, la contraception est remboursée par la Sécurité sociale pour les mineures de 15 à 18 ans, dans le but de faire baisser le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Depuis août 2020, cette gratuité a été étendue aux moins de 15 ans. Désormais, à partir du 1er janvier prochain, "il y aura une prise en charge de la contraception hormonale, du bilan biologique, de la consultation de prescription et de tous les soins liés à cette contraception" pour toutes les femmes de moins de 25 ans, a annoncé Olivier Véran ce jeudi.
Une mesure qui représente pour l'État un effort de 21 millions d'euros par an. "J’ai fait le constat, justifie le ministre, en lien avec les autorités scientifiques, d’un recul de la contraception chez un certain nombre de jeunes femmes, et le premier motif, c’est un renoncement pour raisons financières". L'âge a été fixé à 25 ans dans la mesure où il marque le début de l'indépendance financière et le détachement définitif de la complémentaire de santé des parents. Cette annonce intervient au lendemain d’une conférence de presse organisée par la députée Albane Gaillot, qui a fait de l’allongement des délais d’IVG, de 12 à 14 semaines de grossesse, son cheval de bataille, et deux semaines après que cette dernière ait déposé une nouvelle proposition de loi en ce sens. Une initiative contre laquelle s'était opposé le chef de l'Etat fin juin. L'extension de la gratuité de la contraception hormonale serait-elle donc une forme de réponse au débat sur l'allongement des délais de l'IVG ?
Une annonce que n’a pas manqué de déplorer de son côté Pascale Morinière, présidente de la Confédération nationale des AFC, soulignant le paradoxe entre le record contraceptif mondial détenu par les Françaises et le nombre de grossesses non désirées : "L'Etat Big Mother veille sur notre sexualité. Pour quelle utilité ? Les Françaises ont le record contraceptif mondial mais encore une grossesse sur trois non désirée".
En effet, 72% des avortements ont lieu chez des femmes qui utilisent une méthode de contraception, rappelait Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche d’Alliance Vita, dans une tribune publiée l’année dernière. A l’heure où les femmes aspirent à maîtriser leur fécondité de manière naturelle, dans un souci de liberté et d’écologie, "comment ne pas s’étonner de cet encouragement à prendre des contraceptifs hormonaux, sachant que la pilule, les implants mais aussi les stérilets ne sont pas dénués d’effets secondaires, non seulement sur le corps des femmes, mais aussi sur l’environnement ?".
Un encouragement réitéré aujourd'hui par le ministre de la santé, qui en vient à banaliser la "consommation" de sexualité, faisant fi de toute éducation à l’amour responsable. Pourtant, les jeunes générations méritent tant "d’être accompagnées à grandir en responsabilité, en maîtrise et en estime de soi, pour apprendre à s’aimer et à aimer en vérité. Et à découvrir pleinement la beauté de la sexualité et la profondeur du don gratuit de l’amour", estime encore Blanche Streb.