Issu d’une famille rurale très modeste, comme Jean XXIII qui l’a consacré évêque de Vittorio Veneto dès 1958, Albino Luciani a eu l’intuition spirituelle de faire du cardinal Ratzinger, le futur pape Benoît XVI, son légat pour un congrès marial en Amérique latine, le continent du futur pape François. Fin novembre 2017, après une enquête du diocèse de Buenos-Aires, la Congrégation romaine pour la cause des saints a enregistré le cas d’une guérison extraordinaire advenue en Argentine en 2011 pour une fillette atteinte d’une forme grave d’encéphalite par l’intercession du pape Luciani. Fin octobre 2019, la commission médicale du Vatican a conclu à une guérison scientifiquement inexplicable. Le vote ultime des évêques et cardinaux sur ce miracle est prévu pour le mois d’octobre prochain. Il ne restera plus alors qu’à fixer la date de la béatification.
Un pape très proche des fidèles
Fils d’un ouvrier agricole anticlérical et d’une paysanne catholique très pieuse, le futur Jean Paul Ier n’a pas toujours mangé à sa faim pendant son enfance. Comme pape, il s’est immédiatement montré très proche des fidèles et soucieux de simplicité : il a abandonné l’usage du "nous de majesté" pour s’exprimer tout de suite à la première personne du singulier. Il a refusé la tiare, préférant une simple mitre d’évêque. Et il ne s’est plié que par nécessité — pour que les fidèles puissent le voir — à l’utilisation de la sedia gestatoria aux apparences monarchiques pour venir place Saint-Pierre.
Il a pris le nom de ses deux prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI, en hommage à ces artisans du concile Vatican II.
Défenseur sans réserve de la vie à naître, Jean Paul Ier a assumé et relayé l’enseignement de l’encyclique Humanae Vitae de son prédécesseur Paul VI. Comme lui, il s’opposait à la dimension abortive de la contraception chimique artificielle, et il a réaffirmé le rejet de l’avortement par l’Église. Soucieux du sort des plus pauvres, il a soutenu l’idée d’un "salaire équitable" pour le monde du travail.
Élu à 65 ans
Comme jeune évêque, Albino Luciani avait participé au concile Vatican II au sein du Conseil sur les problèmes de la famille et sur le contrôle des naissances. En 1969, sur les traces du pape Roncalli, il est devenu patriarche de Venise : il a alors vendu la croix pectorale héritée de Jean XXIII pour financer la création d’un centre pour handicapés mentaux. Il a été élu pape à l’âge de 65 ans, l’été 1978, dès le premier jour du scrutin. Il a pris le nom de ses deux prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI, en hommage à ces artisans du concile Vatican II. Mais aussi en souvenir de la basilique des saints Jean et Paul, San Zanipolo, où reposent les doges de Venise et où travaillait sa mère.
Informé de soupçons de malversations à la Banque du Vatican, il a demandé une enquête de fond aux responsables de la Curie romaine. À la veille de sa mort prématurée, il avait préparé un discours relayant Paul VI pour un rappel des jésuites au respect de leurs engagements. Et il avait souligné le devoir de la charité, dans une audience où il citait l’encyclique Populorum progressio.
Le témoignage de Benoît XVI
Lors de l’enquête préalable au "procès de béatification" de Jean Paul Ier, on a pu recueillir le témoignage exceptionnel de Benoît XVI, "un cas unique jusqu’à présent, où pour la première fois un pape émet un témoignage direct, de visu, sur un autre pape", commente l’Avvenire, le journal de l’épiscopat italien…