Le mois d’août sera-t-il un temps propice à la quiétude ? On doit l’espérer. Que chacun ouvre grand la bouche et y aspire un oxygène salutaire afin que le souffle décongestionne nos cœurs et nos cerveaux et que s’apaisent les âmes. Voilà que, depuis quelques semaines, au nom de leur foi brandie en étendards, certain s’époumonent en dénonçant une "dictature sanitaire", rejoints depuis quelques jours par ceux qui dénoncent en la personne du souverain pontife un despote totalitaire. Les débats aux tables familiales ou entre amis prennent des airs de pugilat dès qu’on aborde le sujet du vaccin ou de la messe… Triste époque où l’on n’a jamais autant bénéficié du progrès médical tout en n’ayant jamais aussi mal compris le latin !
Sidération devant l’aspect parfois délirant des diatribes et la violence inouïe des insultes et des anathèmes (toujours justifiés par la foi de leurs auteurs !), au regard de la situation du monde. Nous, catholiques, ressemblons de plus en plus à ces enfants capricieux qui ne sont jamais contents de la musique ou des paroles dès lors qu’elles nous remettent en cause et nous obligent à nous déplacer. Et nous tapons du pied, trépignons rageusement sans nous interroger sur le spectacle que nous offrons. Ni d’ailleurs sur la mission qui est la nôtre. Est-elle, en effet, cette mission, de servir de suppléants à des philosophes de salon ou à des leaders politiques de second rang qui ne voient dans l’Église qu’une force d’appoint à leurs ambitions narcissiques ? Est-elle de manifester le pouvoir de la peur et la force de la colère ? Sommes-nous à ce point devenus incroyants que nous recherchions à tout prix à incarner le salut dans d’autres visages et d’autres discours que celui du Christ ?
Il est temps que nous nous reprenions collectivement et personnellement. Nous pouvons choisir de nous taper dessus à coups de missels devant le monde médusé et nous résoudre à n’y être plus que des Amish oublieux de l’appel reçu. Nous pouvons jouer les persécutés en oubliant ainsi ceux qui le sont vraiment. Mais alors cessons, de grâce, de nous prétendre disciples de Jésus.
Nous ne sommes pas vivants pour jouer ou pour comploter. Nous sommes envoyés dans le monde pour y témoigner de la Vérité. Non pas la nôtre, ou les nôtres, mais la Sienne. Celle qui ne cesse de faire résonner en nous ces paroles : Qui enim voluerit animam suam salvam facere perdet eam — "Celui qui veut sauver sa vie la perdra" (Mt 8, 35). Ne serait-ce que par décence devant les si nombreux pays où l’on est si pauvrement soigné et où tant d’hommes attendent en vain des remèdes ou des vaccins à leurs souffrances… ne serait-ce que par pudeur devant les communautés où le fait d’être baptisé vaut l’opprobre voire la mort, reprenons notre sang-froid et apprenons à discuter de ce qui nous préoccupe sans nous haïr et nous excommunier les uns les autres. Et dans ce calme revenu, écoutons l’Esprit qui parle à notre esprit dans le murmure d’une brise légère plus sûrement que dans le fracas et les explosions !