En regardant la vie des saints, il faut croire que Dieu aime jouer avec notre raison. En effet, qui aurait pu considérer logique de nommer Thérèse de Lisieux, petite religieuse carmélite morte à 24 ans, n’ayant jamais vécu hors de sa Normandie natale, sainte patronne… des missions ! Tout aussi paradoxal, qui aurait pu considérer logique de nommer saint patron des curés, Jean-Marie Vianney, curé d’une petite bourgade de 300 âmes, peu instruit, chétif et ayant tenté par trois fois de fuir sa paroisse ? On imaginerait plus facilement comme saint patron des curés, un homme charismatique, incroyablement érudit, parfaitement organisé, capable de fédérer des dizaines de prêtres et des centaines de fidèles pour bâtir de grands projets magnifiquement conçus et exécutés.
Et pourtant, Dieu en a voulu autrement. À la place, il a choisi un homme qui avait comme seul charisme d’aimer tellement Jésus qu’il voulait dédier sa vie à « gagner des âmes au bon Dieu ». Celui qui sert de modèle pour tous les curés du monde était un homme simple, menant une vie ascétique entièrement tournée vers l’Eucharistie et dont le seul secret était "de ne jamais rien garder et de n’avoir jamais rien". Dans un monde qui se demande si la vertu d’un homme se mesure au nombre de grands projets qu’il a accomplis, le saint curé d’Ars est donc là pour nous rappeler que la plus grandes des vertus est juste d’aimer : aimer Dieu, aimer son Prochain et « donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 13)