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En vacances, retrouver la Création pour redécouvrir le Créateur

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Pierre Vivarès - publié le 23/07/21
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Oublier que nous sommes créatures nous fait aussi oublier qu’il y a un créateur. La grâce des vacances peut être de se confronter à nouveau à la beauté de la Création et à la conscience du Créateur.

Je me trouve dans une région montagneuse d’Europe. Il est tôt le matin et je contemple un paysage auquel les premières lueurs de l’aube donnent couleur et relief. Un lac, gris bleu, miroir sans rides, s’étend à perte de vue. L’air est chaud et humide, qu’aucune brise ne trouble. Un calme impressionnant règne et un orage qui gronde très loin ne le souligne que davantage. L’habitat des hommes est écrasé en bordure de lac. Les maisons du village que je regarde sur l’autre rive sont ramassées entre la hauteur des montagnes et l’étendue d’eau, sur l’étroite rive praticable pour les pauvres et fragiles bipèdes que nous sommes. Le tintement de la cloche de l’église semble bien frêle face au roulement du lointain tonnerre. Les pierres des maisons semblent bien instables comparées aux falaises qui tombent dans le lac. Les quelques bateaux amarrés ne sont que coquilles de noix au bord de l’immense lac. 

La fragilité de notre nature humaine saute aux yeux lorsqu’ayant quitté le confort et la technologie de nos vies quotidiennes, nous nous confrontons de nouveau à la réalité de la terre. Nos grandes cités, dans lesquelles depuis un siècle se sont agglutiné la plupart des êtres humains, nous donnent l’impression d’une sécurité, d’une domination de la terre et la font presque disparaître dans son immensité, sa force et sa beauté. Nous ne pouvons plus prendre conscience de notre fragilité de créature dans ces villes façonnées pour nous, laminées, organisées, structurées pour notre confort, nos transports, notre consommation, notre travail. Désincarnés dans notre rapport à notre propre corps, nous le sommes aussi dans notre rapport à la création. Oublier que nous sommes créatures nous fait aussi oublier qu’il y a un créateur. « Depuis la création du monde, on peut voir avec l’intelligence, à travers les œuvres de Dieu, ce qui de lui est invisible : sa puissance éternelle et sa divinité » (Rm 1, 20). 

Saint Paul rappelle qu’en contemplant la création on découvre le créateur : mais si la création n’est plus contemplée, connue, si ce n’est à travers des images que nos écrans et réseaux sociaux déversent à l’envie, comment Le connaîtrons nous ?

Saint Paul rappelle qu’en contemplant la création on découvre le créateur : mais si la création n’est plus contemplée, connue, si ce n’est à travers des images (des idoles ?) que nos écrans et réseaux sociaux déversent à l’envie, comment Le connaîtrons nous ? La confrontation avec le réel de cette création est nécessaire pour sentir et prendre le poids de sa beauté, de son immensité et, ainsi, ressentir la beauté et l’immensité du créateur. Peut-être y aurait-il une étude à mener entre le taux d’athéisme et l’urbanisation : l’enfermement progressif dans des villes correspond aussi à un aveuglement spirituel. Saint Paul continue : « Ils n’ont donc pas d’excuse, puisque, malgré leur connaissance de Dieu, ils ne lui ont pas rendu la gloire et l’action de grâce que l’on doit à Dieu » (Rm 1, 21). Nos contemporains sont aujourd’hui excusables puisqu’enfermés dans des cités qui ne manifestent plus la grandeur de Dieu mais seulement le génie industrieux des hommes, ils ont cru que l’homme était Dieu et ils se rendent un culte à eux-mêmes. Nous ne nous savons plus fruits de la terre, nous qui avons été modelés de la glaise originelle à laquelle Dieu insuffla l’esprit. Bientôt certains parmi nous ne nous saurons même plus fruits de l’amour et de la rencontre choisie d’un homme et d’une femme puisqu’ils auront été fabriqués sur commande en laboratoire à partir d’un matériel génétique. Et pourtant nous sommes fruits de la terre et de l’amour de Dieu dont nos parents ont vocations à être signes. 

La grâce des vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre car un Français sur cinq ne peut pas s’offrir de congés ne serait-ce qu’une semaine — ne l’oublions pas — cette grâce donc est de pouvoir être de nouveau confrontés à la beauté de la création et à la conscience du créateur. Certains vont s’entasser sous des néons électriques, agités par des sons de synthèse, continuant à fuir le réel dans des paradis artificiels quelques jours, loin de chez eux. D’autres prennent le temps de se rappeler que le réel de notre terre n’est pas uniquement dans les villes mais dans l’immensité des mers, montagnes, campagnes et champs et que l’homme n’est pas le début et la fin de toute chose. Une balade en montagne et une nuit sous une voûte étoilée est certainement la meilleure réponse à l’athéisme et le meilleur chemin pour ramener l’homme à la connaissance de qui il est. 

Si les vacances sont nécessaires au repos du corps, à l’union et aux retrouvailles des familles et des amis, peut-être sont-elles aussi nécessaires à la respiration de notre âme afin de la remettre dans l’axe de son origine et de sa fin. C’est ma prière pour chacun de nous cet été : que Dieu nous garde et nous révèle sa face. 

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