Archevêque émérite de Kinshasa (République démocratique du Congo), le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya est décédé ce dimanche 11 juillet en région parisienne. Proche du pape François, cet ardent défenseur de la liberté dans son pays avait intégré en 2013 le conseil restreint des cardinaux censé aider l’évêque de Rome à gouverner.
Homme de détermination et de courage, il a dénoncé, sans concession, les dérives et les compromissions politiques dont il était témoin.
"J’ai la profonde douleur d’annoncer à la communauté chrétienne catholique et à toutes les personnes de bonne volonté le décès du cardinal Laurent Monsengwo, ce dimanche 11 juillet à Versailles en France", a confié le cardinal Fridolin Ambongo, sur son compte Twitter. L’actuel archevêque de Kinshasa a appelé à intensifier "les prières pour son repos éternel auprès de Dieu qu’il a servi". "Le cardinal Monsengwo était une grande figure de l’Église Congolaise", a salué Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France (CEF). "Homme de paix, il s’est inlassablement engagé pour le dialogue et la réconciliation dans son pays. Homme de détermination et de courage, il a dénoncé, sans concession, les dérives et les compromissions politiques dont il était témoin."
Avec le décès du haut prélat africain qui, du fait de son âge (81 ans), n’était plus électeur en cas de conclave, le collège cardinalice compte désormais 221 cardinaux dont 124 électeurs et 97 non électeurs.
Né le 7 octobre 1939 dans ce qui était alors le Congo belge, Laurent Monsengwo a été ordonné prêtre en décembre 1963. Premier africain à obtenir son doctorat à l’Institut biblique pontifical de Rome (Italie) en 1970, il est nommé évêque en février 1980 puis ordonné des mains mêmes de Jean Paul II (1978-2005) en visite à Kinshasa, en mai suivant.
Evêque auxiliaire d’Inongo, il est nommé en avril 1981 évêque auxiliaire du diocèse de Kisangani, dont il devient archevêque en 1988. De 1984 à 1992, Mgr Monsengwo est président de la Conférence épiscopale du Zaïre (le nom du pays de 1971 à 1997).
Homme engagé au service de la paix, il a été médiateur dans le conflit qui a secoué l’ex-Zaïre entre 1991 et 1996, durant le régime dictatorial de Mobutu. Appelé à cette fonction en vue d’apaiser une situation politique en ébullition, il était alors considéré comme une personnalité capable de mener une transition, la moins brutale possible, entre le président de l’époque et le chef des rebelles.
Nommé archevêque de Kinshasa en 2007, il a été créé cardinal le 20 octobre 2010 par Benoît XVI. Après l’élection du pape François en mars 2013, ce dernier le fait entrer dans le fameux C8, le conseil des cardinaux devant aider le pape dans sa réforme de la Curie. Le cardinal Monsengwo y est alors le seul membre africain.
En 2018, le pape François accepte sa démission qu’il lui avait présentée quatre ans plus tôt, à l’âge canonique de 75 ans. C’est Mgr Fridolin Ambongo qui lui succède – le pontife argentin élèvera ce dernier à la pourpre cardinalice un en plus tard et le fera entrer dans le conseil des cardinaux.
Dans son pays et en Afrique, le cardinal Monswengo fut une personnalité de premier plan. Homme libre, il n’a pas hésité à s’exprimer à plusieurs reprises contre les dirigeants politiques de son pays, appelant à la démocratie et à la justice. En novembre 2011, il avait par exemple contesté la crédibilité des résultats des élections présidentielles, s’attirant les foudres des partisans du régime de Joseph Kabila. Sept ans plus tard, en 2018, il avait lancé à ces mêmes responsables encore en place : "Il est temps que les médiocres dégagent".