Prendre soin de son couple… en dormant ! Le simple fait de dormir l’un contre l’autre renforcerait le lien conjugal. En effet, la proximité des corps envoie à l’hypothalamus un signal, provoquant la sécrétion d’ocytocine, l’hormone de l’amour et de l’attachement, celle-là même sécrétée lors de l’allaitement, favorisant l’attachement de la mère à son enfant. Un constat physiologique partagé par Flavie Taisne, sexothérapeute à Rambouillet, qui conseille à ses patients, quel que soit leur âge, de ne surtout pas faire chambre à part. "Le risque est de très vite y trouver un certain confort, au détriment d'un grand bénéfice pour le couple", explique-t-elle.
En effet, la tendance aujourd’hui est au "sleep divorce" (littéralement "divorce du sommeil"). Une pratique surtout ancrée aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, popularisée notamment par la reine d'Angleterre et le duc d'Édimbourg, et qui semble faire de plus en plus d’adeptes en France. "C'est une tendance à la hausse qui s'inscrit dans une évolution plus générale au sein du couple où chacun veut avoir plus d'espace et plus de temps pour soi", expliquait déjà en 2015 le sociologue Jean-Claude Kaufmann, à l’occasion de la sortie de son livre Un lit pour deux (Lattès). Si, en 2015, selon une étude Ifop, 8% des couples français faisaient chambre à part, la crise sanitaire (distanciations obligent…) ainsi que le modèle anglo-saxon semblent avoir accéléré le phénomène, non seulement chez les couples seniors mais aussi chez les jeunes.
Les arguments mis en avant sont une meilleure qualité de sommeil, une certaine indépendance et même, pour certains, un regain de vie sexuelle en raison des « invitations » que se lancent les conjoints d’une nuit à l’autre. En creux également, une libération de la femme qui serait, dans le lit conjugal, sous la pression du désir masculin : "Le lit devient aujourd'hui de plus en plus l'instrument de la lutte contre le stress de la double journée féminine", analyse Jean-Claude Kaufmann.
Si elle concerne aujourd'hui toutes les tranches d’âges, faire chambre à part intervient majoritairement entre 50 et 60 ans. Cela correspond au moment où les enfants quittent le nid et où parfois les conjoints ont du mal à se retrouver face à face. En outre, "en quittant le domicile familial, les enfants libèrent une chambre, et un lit par la même occasion, ce qui permet de franchir le pas", souligne le sociologue.
Se priver des moments de tendresse
Cependant, pour Flavie Taisne, il est important, autant que possible, de garder le lit conjugal. Outre le risque de mener des vies parallèles, faire chambre à part conduit à se priver de moments de tendresse, ô combien bénéfiques pour le couple. Saint Thomas d’Aquin parle de "communauté de lit". Selon lui, le couple doit avoir son lit et sa chambre. Saint François de Sales bénit le lit conjugal, "lieu d'un amour tout sain, tout sacré, tout divin" arguant que les rapports conjugaux, en dehors de leur visée procréatrice, permettent d’entretenir l’affection et la bonne entente du couple. Sans compter que dormir ensemble facilite la prière en couple lorsque celle-ci est faite tardivement !
A ceux qui, pour des raisons pratiques qui paraissent légitimes, souhaiteraient délaisser le lit conjugal, la sexothérapeute propose de nombreuses solutions. En cas de ronflements, le ronfleur peut peut-être envisager une opération chirurgicale, ou son conjoint les Boules Quiès. Si les conjoints se gênent mutuellement, il peut être opportun d’investir dans un lit plus grand, ou d’opter pour deux sommiers et un matelas, voire deux lits jumeaux côte-à-côte sous le même drap. Il existe sûrement une solution, en vertu de laquelle les conjoints trouveront un bénéfice certain pour leur couple.