Le pape François a déjà rencontré des soucis de santé mais c’est la première fois depuis le début de son pontificat qu’il subit une opération sous anesthésie générale. À 84 ans, le pontife doit désormais rester à l’hôpital sept jours et devra certainement se reposer durant la pause estivale.
Cette halte dans son rythme effréné — il ne prend jamais de vacances — permettra aussi de reposer sa jambe. Depuis de nombreux mois, il montre des difficultés à marcher du fait d’une sciatique douloureuse. C’est pour cette raison qu’il avait, au début de l’année, annulé sa participation à un certain nombre d’événements.
Sa sciatique ne l’avait toutefois pas empêché de s’envoler début mars pour l’Irak. L’évêque de Rome avait cependant reconnu dans l’avion du retour que ce voyage l’avait "fatigué beaucoup plus" que les précédents.
L’histoire de la santé de Jorge Mario Bergoglio est bien documentée. "Aucun pape n’a jamais parlé avec autant de franchise de sa santé que le pape François", assurait récemment un de ses biographes, Austen Ivereigh, soulignant le contraste existant avec ses prédécesseurs. Jadis, le Vatican avait, par exemple, longtemps refusé d’annoncer publiquement "ce que tout le monde pouvait voir sur le visage de Jean Paul II", à savoir, sa maladie de Parkinson, indique-t-il.
Pendant des mois, je n’ai pas su […] si j’allais mourir ou vivre.
La vie du jésuite argentin a été marquée par de très sérieuses alertes en matière de santé. Dès l’âge de 21 ans, alors qu’il est en deuxième année de séminaire, le jeune homme doit subir une opération grave consistant en l’ablation du lobe supérieur droit du poumon. "Pendant des mois, je n’ai pas su […] si j’allais mourir ou vivre. Même les médecins ne savaient pas si je m’en sortirais", écrit-il dans Un temps pour changer (Flammarion, 2020). Cette opération, qui a nécessité l’ouverture de la cage thoracique, lui laissera une grande cicatrice sur la moitié de la poitrine.
En 1980, il frôle de nouveau la mort à la suite d’une infection à l’abdomen. "Vous m’avez sauvé la vie parce que j’avais une insuffisance de la vésicule biliaire, et tout le monde sait que c’est très mortel", confie-t-il des années plus tard au chirurgien Juan Carlos Parodi qui l’avait opéré gracieusement.
En Argentine, sous la dictature (1976-1983), celui qui est alors Provincial des Jésuites du pays ressent le besoin de consulter une psychiatre. "Pendant six mois, je suis allé la consulter une fois par semaine", raconte le Pape dans l’ouvrage La santé des papes. Médecin, complot et foi. De Léon XIII à François, (Sud Amercicana, 2021, en espagnol). Il est alors pris en charge par une "femme formidable" qui l’aide à "gérer les peurs", la "tension" et l’ "anxiété" générées par son action secrète en faveur de personnes recherchées par l'armée.
Les années passent et la santé de celui qui est désormais archevêque de Buenos Aires reste précaire. "En plus du diabète et d’une vésicule biliaire fatiguée, le cardinal âgé désormais de plus de 60 ans, souffre de problèmes cardiaques", raconte Austen Ivereigh (François le réformateur, L’Emmanuel, 2017). Touché par ailleurs au dos, il décide en 2004 de commencer un traitement avec un moine taoïste qui pratique la médecine chinoise, un "tortionnaire chinois" comme il le surnomme. Durant trois ans et à raison de deux rendez-vous par semaine — puis une fois par mois —, il suit des séances d’acupuncture et de massage qui le remettent sur pied.
Lors de ces exercices, Austen Ivereigh raconte que Liu Ming, son praticien, expliqua à son patient qu’avec la médecine chinoise, il était possible de vivre cent quarante ans. "Vous croyez que je vivrai aussi longtemps ?", s’était alors interrogé le futur pontife en riant.