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Jeux olympiques et football : le sport local résiste au sport mondial

FOOTBALL
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Jean-Baptiste Noé - publié le 01/07/21
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À la télévision et dans les stades, les sports rassemblent des millions de personnes dans le monde. Nés il y a à peine 150 ans, devenus planétaires depuis les années 1950, les sports structurent une grande part de la vie locale et témoignent de l’influence de l’Occident sur le monde.

L’Europe et l’Amérique du Nord sont les deux pôles créateurs et émetteurs de sports. Rugby, cricket, vélo, football, golf, tennis, automobile pour l’Europe ; basket, volley, hockey, baseball pour les États-Unis et le Canada. Certains sont des dérivés de sports anciens modernisés et adaptés, comme le tennis et le rugby, d’autres sont nés d’innovations techniques, comme l’automobile et le vélo, un grand nombre est apparu dans les campus universitaires et les collèges, avant de s’étendre au reste de la société. 

Encore aujourd'hui, les grands clubs de football européens sont presque tous issus de villes ouvrières.

En Europe, les sports se sont dans un premier temps essentiellement développés dans le monde ouvrier, les patrons encourageant la pratique de ces activités pour des raisons à la fois hygiéniques et sociales. Encore aujourd'hui, les grands clubs de football européens sont presque tous issus de villes ouvrières. Même les courses automobiles, qui par la force des choses nécessitent des capitaux et des moyens financiers beaucoup plus importants que le football, avaient un grand engouement populaire, comme le démontre le succès des 24 heures du Mans ou de Paris/Monte-Carlo. Pas de succès des sports sans médias, journaux d’abord puis radio et enfin télévision, qui retransmettent et diffusent les compétitions loin de leurs bases. Le développement des sports accompagne l’essor de la civilisation des loisirs, qui donne le temps de jouer et de regarder. 

La carte mondiale des pratiques sportives témoigne de l’influence de l’Occident. Cricket dans les anciennes colonies anglaises, notamment Inde et Pakistan ; rugby dans les pays anglo-saxons, la France et l’Argentine étant les deux exceptions majeures. Si certaines compétitions peuvent être pratiquées dans plusieurs pays, comme les JO ou les coupes du monde, d’autres sont liées à un lieu précis, qui lui donne son attrait. C’est le cas des 500 miles d’Indianapolis, du Tour de France et des tournois du grand chelem en tennis. Les retransmissions télévisuelles donnent à ces joutes locales une dimension mondiale, ce qui accroît les marchés publicitaires et les phénomènes d’uniformisation. Le sport mondialisé est fils de la révolution de la télévision et aujourd'hui d’Internet. Le confinement a été jusqu’au bout de cette logique en provoquant l’organisation, par la contrainte des circonstances, d’événements sportifs sans spectateur et avec des stades vides. La télé et la retransmission ont primé sur le supporter local.  

La planète vit ainsi au rythme temporel des grandes compétitions : les Jeux olympiques, le mondial de foot, les dimanches de F1, les grands matchs de tennis, etc. Sept milliards d’habitants peuvent vivre les mêmes émotions au même moment. La mondialisation du sport est aussi celle de ses produits dérivés : maillots, ballons, objets ce qui implique la mondialisation de l’industrie nécessaire à la fabrication de ces produits. Une mondialisation qui a parfois des ratés : en 2018, lors de la victoire de la France au Mondial de football, l’équipementier Nike n’a pas pu produire à temps les maillots deux étoiles, ses usines de production étant trop loin. C’est finalement une entreprise alsacienne qui, plus agile et plus rapide, a pu mettre en vente un maillot étoilé non officiel avant la fin de l’été. Le local l’emporte parfois sur le global. 

À côté des sports mondialisés, demeurent des sports locaux de plus en plus ancrés. Les sports taurins en Espagne et en France, la pelote basque, les compétitions de rapaces en Arabie saoudite, le hurling et le football gaélique en Irlande, etc. Le sumo a quelque peu réussi à sortir du Japon, des sumotoris égyptiens et bulgares ont même été sacrés champions du monde, il n’en demeure pas moins très lié à la culture nippone. Ces sports affirment une culture et une identité ; ils n’ont d’existence et de justification que parce qu’ils sont locaux. Dans ces cas, le sport n’est pas tant une activité ludique ou de divertissement qu’une activité de revendication, même inavouée, qui structure les pensées et les êtres. Le même phénomène d’identité se retrouve dans les derbys : plus on se ressemble, plus on est proche et plus la compétition doit être exacerbée. 

Ces sports mondialisés sont en réalité très occidentaux, dans leurs pratiques, leurs expressions et pour le public touché

Du reste, existe-t-il des sports réellement mondialisés ? Le football est peut-être le seul, même si une grande partie de l’Asie ne pratique guère les compétitions mondiales. En F1, il y a bien des courses en Turquie et en Corée, mais l’essentiel des circuits est en Europe. De même pour le tennis, le golf et les grandes courses cyclistes. Ces sports mondialisés sont en réalité très occidentaux, dans leurs pratiques, leurs expressions et pour le public touché. Ce qui distingue l’Europe et les États-Unis, c’est la diversité des sports et des pratiques, chaque discipline se subdivisant en disciplines connexes, comme le démontre la variété des nages en natation. Au cours des cinquante dernières années, les Européens ont créé une multitude de sports et d’épreuves, dont beaucoup ont gagné en renommée et en intensité. Leurs évolutions ont suivi celles du corps social et illustrent davantage la variété de l’Europe que l’uniformisation du monde. 

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