La situation se durcit au Nicaragua. Au cours des dernières semaines, le régime de l’actuel président Daniel Ortega a arrêté une quinzaine d’opposants dont quatre potentiels candidats à la prochaine élection prévue en novembre. Et elles pourraient se multiplier dans les prochaines semaines parmi les membres du clergé. Un membre de la Commission Justice et Paix de l’archidiocèse de Managua (Nicaragua) a confié au Catholic Herald que chaque catégorie ciblée par les vagues d’arrestations (chefs d’entreprise, hommes politiques…) avait d’abord été annoncée par le journaliste pro-régime William Grigsby dans son émission de radio, Sin Fronteras. "Il a raconté que ces vagues d’arrestation n’avaient pas encore atteint ceux qui portent la soutane", a-t-il raconté sous couvert d’anonymat. "Il est en quelque sorte un porte-parole officieux du gouvernement. Nous sommes très inquiets pour nos prêtres".
Une inquiétude qui semble légitime. Dénonçant l’injustice tout en proposant des alternatives pacifiques à la crise actuelle, l’Église s’oppose ainsi plus ou moins ouvertement au régime de Daniel Ortega. Début juin la Commission Justice et Paix a publié une déclaration condamnant "l’agressivité des actes contre l’exercice citoyen des libertés publiques". "En tant que chrétiens et citoyens, nous avons le droit et l’obligation de veiller en conscience au bien-être du pays", indique le communiqué. "Personne n’a le pouvoir de priver arbitrairement une personne de ses droits, y compris les droits d’expression, de mobilisation et d’action libre", poursuit la lettre.
Ancien guérillero, Daniel Ortega avait déjà gouverné le Nicaragua de 1979 à 1990, avant d’être battu dans les urnes. Il est revenu au pouvoir en 2007 et a été ensuite réélu à deux reprises en 2011 et 2016. Âgé de 75 ans, il pourrait briguer un quatrième mandat lors du scrutin de novembre. Daniel Ortega est accusé par l’opposition et la communauté internationale de gouverner de manière autoritaire, après notamment la répression brutale de manifestations contre son gouvernement en 2018 qui aurait fait plus de 300 morts.