La détresse des chrétiens à travers le monde ne laisse indifférent malgré la crise sanitaire. En 2020, la fondation pontificale Aide à l’Église en Détresse (AED) a collecté 122,7 millions d’euros de dons en faveur des chrétiens opprimés. L’œuvre, qui dispose de 23 bureaux nationaux, a reçu 16,4 millions d’euros supplémentaires par rapport à l'année précédente, soit une hausse de 15,4% des dons.
Une progression d’autant plus remarquable que la crise sanitaire aurait pu avoir l’effet inverse et d’autant plus appréciable que les chrétiens se trouvent dans une situation plus compliquée que jamais : "la pandémie a dramatiquement aggravé les besoins des chrétiens, qui, dans de nombreuses régions, se sont littéralement retrouvés du jour au lendemain sans salaire ni nourriture, a affirmé le président exécutif de l’AED, Thomas Heine-Geldern, lors de la présentation du rapport annuel ce vendredi 18 juin. Même les prêtres et les religieux ne savaient pas comment s’en sortir eux-mêmes".
79% des fonds dépensés en 2020 ont été consacrés à des projets, à de l’information, à un soutien médiatique et à des campagnes de prière. 4.758 projets individuels ont ainsi pu être soutenus. Depuis le début de la pandémie, l’AED a financé 401 projets d’aide liés à la crise, pour un montant de plus de 6,2 millions d’euros, afin de répondre aux besoins les plus urgents. C’est grâce à cela que les religieux et les prêtres ont pu, notamment, se doter d’équipements de protection pour accomplir leur mission, poursuivre leur travail pastoral et combler les déficits financiers les plus urgents résultant de la pandémie.
Comme par le passé, c’est l’aide à la construction qui constitue la plus grande part des financements de l'AED dans le monde entier : 744 églises, presbytères, monastères, séminaires et centres paroissiaux sont sortis de terre, ont été reconstruits ou rénovés grâce à l’aide de l’AED. La cathédrale maronite Saint-Élie, à Alep, en Syrie, en est un exemple. Gravement endommagée par des tirs de roquettes entre 2012 et 2016, elle a pu à nouveau être consacrée en juillet 2020.
"Au cours de cette crise du coronavirus, les offrandes de messe ont été un signe particulier d’union de prière, et pour beaucoup de prêtres, la seule source de revenus pour survivre. Nous avons pu transmettre plus de 1,7 million d'euros d’offrandes de messe", a souligné Thomas Heine-Geldern. Un prêtre sur neuf dans le monde a reçu cette forme spirituelle et directe de soutien. Pour ce qui est des séminaristes, un sur huit dans le monde a reçu l’aide de l’AED pour ses études ou pour son hébergement au séminaire. Au total 14.000 futurs prêtres ont ainsi été soutenus par l’AED.
La crise provoquée par la pandémie a eu un impact important sur les sources de revenus des religieuses dans de nombreuses régions du monde. En 2020, l’AED a pu soutenir plus de 18.000 religieuses avec des aides à la subsistance, à la formation et à la promotion de l’apostolat. Autre poste important de l’AED, l’aide au transport qui vise à aider les responsables pastoraux et les catéchistes à se rapprocher des fidèles, y compris quand les routes sont accidentées. La liste des véhicules fournis avec l'aide de l'AED comprend 783 bicyclettes, 280 voitures, 166 motos, 11 bateaux, deux bus et un camion.
"À l’avenir, la pandémie et ses conséquences continueront encore de nous préoccuper", a insisté Thomas Heine-Geldern. "La situation terrible qui sévit sur le continent africain, où le terrorisme et la violence se répandent de plus en plus, est également une grande préoccupation pour notre œuvre. Il est tout aussi important de soulager les besoins matériels que de donner une voix et un visage aux chrétiens opprimés et persécutés. C’est ce que nous faisons à l’AED par le biais de l’information, de la prière et de la charité. Pour cela, nous sommes heureux et reconnaissants de pouvoir compter sur le soutien généreux de nos amis et bienfaiteurs dans le monde entier".
Nous sommes particulièrement préoccupés par les pays de la région du Sahel, où l’on assiste à une explosion du terrorisme.
En 2020, environ un tiers (32,6%) de l’aide totale de l’AED a été consacré à l’Afrique. "Nous sommes particulièrement préoccupés par les pays de la région du Sahel, où l’on assiste à une explosion du terrorisme. La pandémie a aggravé la situation des réfugiés et des déplacés", explique Thomas Heine-Geldern. "Il est fréquent que l’Église soit la seule institution encore présente pour soutenir les gens".
Si le Proche-Orient, en particulier la Syrie et l’Irak, est resté pendant de nombreuses années en tête de la liste des bénéficiaires de l’AED, cette région du monde a reçu moins d’aide, avec 14,2% des fonds versés. "Cela est dû en grande partie à la pandémie – de nombreux projets de reconstruction ont dû être arrêtés, tout simplement parce qu’aucun matériau de construction ne pouvait être livré", a précisé le président de l’AED. "Cependant, cette région reste très importante pour nous".
Après l’explosion du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, la capitale libanaise, l’AED a lancé un programme d’aide d’urgence pour ce pays qui compte la plus grande communauté chrétienne du Proche-Orient. Des colis alimentaires ont ainsi pu être distribués immédiatement après l’explosion. Les projets d’aide ultérieurs se sont concentrés sur la reconstruction du quartier chrétien de Beyrouth, qui a été particulièrement touché par l'explosion. L’AED y a apporté un soutien particulier à la remise en état des églises et des couvents. L’aide accordée au Liban s’est élevée à près de 4 millions d’euros en 2020.
L’Asie est un autre axe prioritaire avec 18% du total de l'aide accordée aux projets en 2020. La majeure partie de cette aide - environ 5,4 millions d'euros - est allée à l’Inde. L’ensemble du continent a été particulièrement touché par la pandémie, et dans de nombreux cas, la minorité chrétienne a été privée de l'accès à l'aide fournie par l'État. Au Pakistan, par exemple, l’AED a contribué à fournir des produits de première nécessité aux chrétiens qui avaient perdu leurs moyens de subsistance à la suite de la crise du coronavirus.