La conférence des évêques du Nigeria a lancé, vendredi 11 juin, un appel au comité en charge de la révision de la Constitution. Dans un mémorandum, les prélats énumèrent les articles de la loi fondamentale qu'ils jugent comme des obstacles pour garantir la paix et l'unité de la nation.
« Toutes les références à la charia et à toute autre loi discriminatoire ou de division devraient être supprimées des futurs amendements à la Constitution de la République fédérale du Nigeria », suggèrent-ils. En se concentrant sur la place que l'islam occupe dans les textes fondateurs, ils espèrent sensibiliser les membres du comité. Les évêques attirent notamment l'attention sur la situation de facto désavantageuse des chrétiens et des autres communautés religieuses.
La Constitution de 1999 donne une grande latitude aux gouverneurs des 36 états du pays. Ils peuvent notamment appliquer le système juridique de leur choix dans leur juridiction. Ce qui a abouti à l'entrée en vigueur de la charia dans le domaine pénal dans une dizaine de régions. Par conséquent, tout non-musulman ne peut être nommé Kadi (juge) ou Grand Kadi de la Cour d'appel de la Charia. Les évêques rappellent aussi que l'islam apparaît à de nombreuses reprises dans la Constitution tandis qu'aucune autre religion n'est mentionnée.
La Constitution en vigueur a signé le début de la IVe République en 1999. Mais elle a été élaborée par un gouvernement de transition militaire. La nouvelle version en cours de rédaction par le comité viendra modifier celle de 1999. Les rédacteurs entendront peut-être les exhortations des évêques catholiques.
Les Nigérians ont pu suivre les avancées pendant les sessions publiques du comité organisées dans douze capitales fédérales au mois de mai. Le parlement devrait voter la révision de la Constitution au cours de l'été.
Le Nigéria comptait en 2019 près de 200 millions d'habitants. Environ 50% de la population est musulmane et 40% chrétienne.