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Une Pentecôte vaccinale ?

foule avec masque
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Henri Quantin - publié le 02/06/21
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Le vaccin comme certificat de citoyenneté, "est-ce bien raisonnable ?", s’interroge cette semaine notre chroniqueur.

Hommes et femmes de 18 à 49 ans qui pratiquez des métiers sans risque, réjouissez-vous ! Vous allez enfin être traités comme les vieillards, les obèses ou les asthmatiques. Depuis lundi 31 mai, proclame-t-on partout, la piqûre qui redonne vie est accessible à tous les adultes. Tous ceux qui n’étaient pas prioritaires vont donc pouvoir réintégrer l’humanité. Ce pourrait être une bonne nouvelle, si le vaccin était présenté seulement comme ce qu’il est : une protection partielle et discutable, aux effets secondaires encore en partie incertains. Le problème est qu’il est plutôt exigé comme un certificat de bonne citoyenneté ou un signe d’adhésion à la grand’messe hygiéniste mondiale. Rarement les mots « injection » et « injonction » ont semblé si proches.

Est-ce seulement parce que la Pentecôte est toute récente que ces vaccins, dont on nous rebat les oreilles, apparaissent à nos yeux comme un douteux simulacre de l’Esprit saint ? Au moment de l’Ascension, le Christ disait à ses disciples : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine. Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors, vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Nos gouvernants semblent parfois reprendre le début des Actes des apôtres, en une étrange paraphrase qui s’ignore : « Il ne vous appartient pas de connaître les dates de la fin du port du masque, mais vous allez recevoir deux doses de vaccin. Alors vous pourrez être les témoins des bienfaits des laboratoires pharmaceutiques, en voyageant, grâce au pass sanitaire, jusqu’aux extrémités de la terre. »

Deux doses de vaccin, comme un baptême et une confirmation, pour avoir droit de cité dans la grande famille du monde d’après.

Là où les paroles du Christ était effacement trinitaire devant la majesté du Père et l’action de l’Esprit, celles de nos dirigeants rendent témoignage à la vénérée médecine et revendiquent tranquillement l’arbitraire étatique. Pour être un honnête citoyen, il suffit donc d’être docile devant l’infirmière : deux doses de vaccin, comme un baptême et une confirmation, pour avoir droit de cité dans la grande famille du monde d’après.

Qu’on nous comprenne bien. Nous n’entendons pas nier l’utilité de certains remèdes humains. Seul un fidéiste prétendrait que la grâce abolit la nature. Nous disons seulement que s’il y avait, y compris parmi les chrétiens, autant de missionnaires du Christ que d’apôtres zélés du vaccin et du masque, un souffle de Pentecôte gagnerait le monde. Car, pour pousser à la vaccination ou même pour distribuer du gel hydroalcoolique, beaucoup font preuve d’une ferveur qui nous fait cruellement défaut pour témoigner de la Vie éternelle. De la même façon, tel adolescent qui, dans le domaine de la morale sexuelle, s’indignerait du moindre jugement de valeur, vous assène sèchement que « ce n’est pas bien » de ne pas être vacciné. On nous permettra de lui objecter que l’attention à l’autre est plus nécessaire encore quand on est sans slip que quand on est sans masque.

« Le sport, écrivait un jour Gustave Thibon, est une religion qui a trop de croyants et pas assez de pratiquants. » Au regard du perpétuel décompte inquiet ou menaçant du nombre insuffisant de vaccinés, je ne sais pas si l’hygiénisme est une religion qui n’a pas assez de pratiquants, mais je suis sûr qu’elle a beaucoup trop de croyants.

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